Par Raph
Sur Lyon, nous avons de la chance car quelques jours seulement après avoir ravagé le HellFest, Exodus, Death Angel et Suicidal Angels ont la bonne idée de venir nous rendre visite. Comble de joie, ce trio déjà fort alléchant est accompagné par les vétérans de Heathen. Ces 4 formations talentueuses ont sillonné toute l’Europe en juin avec une tournée répandant la bonne parole du Thrash Metal. Cette date au Ninkasi Kao est la dernière sous cette forme, les groupes repartant chacun de leur côté après cet ultime concert.Potentiellement, cette affiche présentait tous les atouts pour passer une bonne soirée.
On ne présente plus Exodus, monument du genre qui nous avait déjà bien soufflé lors de leur prestation du HellFest il y a une semaine.
Death Angel qui jouait juste avant Exodus au HellFest, avait lui aussi tout cassé sur la Main Stage. Malheureusement, nous n’avions pu assister à l’intégralité du concert, trop occupés à relier le festival à pieds à partir du parking situé à l’autre bout du monde.
Toujours au HellFest, les grecs de Suicidal Angels avaient eux aussi secoué tout le monde avec leur Thrash classique, digne héritier du grand Slayer. Quant à Heathen, leur dernier album « The Evolution of Chaos » est une petite pépite et j’étais curieux de les voir sur scène.
Donc direction le Ninkasi Kao avec ma tendre et douce. Malheureusement (et comme souvent serais je tenter de dire) nous n’arrivons pas à rejoindre à temps la salle de concert. En effet, les 2 premières parties, Heathen et Suicidal Angels ont déjà joué quand nous arrivons devant le Ninkasi Kao. Quelle déception ! Il faut préciser que Johnny Hallyday a eu la bonne idée de programmer son show dans le stade de Gerland voisin en même temps. Du coup, relier la salle en nageant à contre courant des hordes de fans de Johnny est une épreuve digne des jeux olympiques.
Mais, l’essentiel est sauf car le groupe qui me motive vraiment ce soir, c’est Death Angel. Et eux n’ont pas encore joué quand nous arrivons.
Depuis leur reformation du début des années 2000, Death Angel multiplie les dates en Europe. Par exemple, nous avions eu l’occasion de les croiser l’année dernière lors du Lez’Arts festival de Sélestat, où les Américains nous avaient déjà bluffé. Et encore, je n’évoque pas le concert fantabuleux de 2009 où Death Angel avait joué dans un pub (!!!!) devant 100 lyonnais en transe, dont votre serviteur.
Cette année, Death Angel célèbre les 25 ans de la sortie de leur tout premier album « The ultra Violence » sorti en 1987. Un quart de siècle ! Ca parait fou tout de même … Pour fêter cet événement, le groupe nous a gratifié d’une superbe réédition en CD. Et surtout, comme ça se fait souvent maintenant, une belle tournée anniversaire a été organisée où Death Angel reprend l’intégralité du mythique album (notamment le fabuleux instrumental « The ultra Violence »).
Cette célébration de « The ultra Violence » couplé à l’attelage alléchant évoqué plus haut sont autant d’éléments qui ont motivé les gens à bouger : la salle est correctement remplie (400 personnes à vue de nez) Belle performance pour une veille de vacances. Nous sommes heureux de constater que nombre de potes ont fait le déplacement. Après quelques binouzes en évoquant les souvenirs du HellFest, Death Angel prend d’assaut les planches du Ninkasi Kao. Les musiciens sont un peu à l’étroit sur la scène : le kit de batterie déjà installée d’Exodus mangeant la moitié de l’espace disponible.Faisant fi de ces contraintes pratiques, le groupe se lance comme prévu et pour notre plus grand bonheur dans l’interprétation de l’intégralité de son album, « The ultra-Violence ».
Historiquement, Death Angel était composé d’Américains originaires des Philippines, ajoutant une spécificité au groupe. Cette particularité n’a pas pu être maintenue et en 2009, le batteur et le bassiste ont changé. Ce n’est pas très grave, car les 2 nouveaux musiciens assurent très bien leur taf (même si ce soir, le bassiste a eu quelques soucis techniques et paraissait parfois un peu perdu …)
En tout cas, Mark Osegueda, le chanteur et leader du groupe a une classe folle. Il est déchainé et malgré l’espace réduit, il fait l’hélicoptère avec ses dreads de plus d’un 1 mètre de long. Quel spectacle ! Le gars est ravi d’être là, et nous le fait savoir !
Les 2 guitaristes, Ted Aguilar et surtout Rob Cavestany sont eux aussi déchaînés. Lors du morceau éponyme issu de l’album, « The ultra-Violence », un long instrumental de près de 10 minutes, les musiciens se lâchent complètement. Mark Osegueda s’effacent et les 2 duellistes se livrent à une joute phénoménale. Mes poils en sont encore tout ébouriffés et autant dire que le public est au diapason ! Une ambiance surchauffée au Ninkasi! Après ce monument thrash, les Américains nous jouent encore 2 morceaux issus de « The ultra-Violence » et surtout un inattendu « Veil of Deception » issu du remarquable « Act III ». Cette courte ballade est magnifiée par l’interprétation contenue et réussie de Mark Osegueda. Un très grand moment !Après cette baffe, Death Angel a le bon gout de donner le coup de grâce avec le célébrissime « Heaven and Hell » de Black Sabbath. A l’instar de Killswitch Engage qui reprenait « Holy Diver » en ces lieux il y a quelques semaines, cette chanson connue par tous fait l’unanimité dans l’assemblée. Cette reprise est le point culminant du concert pourtant déjà chargé en véritables morceaux de bonheur. Tout le monde hurle le refrain et se laisse emporter dans un torrent de plaisir. Une vraie communion.
Malheureusement, ce soir, Death Angel a une contrainte; le groupe est en effet programmé très tôt le lendemain au Graspop Open Air de Dessel (en Belgique, soit à plus de 800 kilomètres) … Pour tenir ce planning très tendu, le groupe doit filer très rapidement après leur live de ce soir. Du coup, le concert s’achève sur ce « Heaven and Hell » d’anthologie.Et à 22h15, tout le matériel est plié. A 22h16, le groupe est parti laissant derrière lui un Ninkasi Kao ivre de musique.
Set-liste Death Angel01. Thrashers
02. Evil Priest
03. Voracious Souls
04. Kill As One
05. The Ultra-Violence
06. Mistress of Pain
07. Final Death
08. Veil of Deception
09. Heaven and Hell
Après ce concert qui nous a laissé les genoux chancelants, on décide d’aller se restaurer avec quelques amis. Je rappelle pour ceux qui ne connaissent pas que la salle du Ninkasi Kao se trouve dans le complexe du Ninkasi, comprenant notamment un restaurant proposant des Burgers maison à se damner. Nous soignons donc notre taux de cholestérol en dégustant quelques plats tout en jetant un œil distrait sur la retransmission du match Allemagne / Grèce (instant blague : un des 2 pays sort de l’euro aujourd’hui ha ha ha).
Après cette longue pause gustative, il est l’heure de retourner en salle pour la prestation attendue d’Exodus. Et chose étonnante malgré le status de la tête d’affiche, l’ambiance semble avoir baissé d’un ton.
Les musiciens sont techniquement au point (notamment le batteur qui nous fait une prestation rythmique hallucinante) mais la passion n’est plus la … Les musiciens ont l’air de pointer à l’usine à l’exception notable du guitariste, Rick Hunolt qui remplace temporairement Gary Holt, absent pour dépanner Slayer sur leur tournée européenne.
C’est presque émouvant de voir Rick Hunolt sur scène prendre son pied après toutes ses années d’addiction et d’absence. Rob Dukes, le hurleur, fait le méchant avec son beau tee-shirt Death Angel … mais le cœur ne semble pas y être. La fin de tournée est peut être difficile à gérer pour les Américains.
Les morceaux s’enchainent sans grande conviction. Après l’ouragan Death Angel, Exodus fait sincèrement pale figure.
Il faut reconnaitre que le son est atroce, étouffé et brouillon ce qui n’aide pas à rentrer dans le set. Et chose curieuse, tout le monde a l’air de s’en rendre compte sauf l’ingénieur-son à la console. Le gus sirote un coca l’air de rien ! Il ne veut pas faire son métier c’est ça ? Ou peut être est-il tellement peu habitué au Thrash que le mec se dit que c’est comme ça que ça doit sonner.
En tout cas, la performance d’Exodus parait bien plate et finalement sans grand intérêt. Quel dommage pour une telle légende du thrash.
Du coup, au bout de 6 morceaux, nous finissons dehors à papoter avec les bros plutôt que de continuer à subir ce concert. En sirotant des binouzes.
En tout cas, le contraste entre les performances d’Exodus au HellFest et ce soir est saisissant. Le jour et la nuit. A se demander si les Américains ne seraient pas plus un groupe de festival qu’un groupe de salle. A revoir au plus vite pour vérifier cette hypothèse.
En tout cas, merci à l’association Femâles d’avoir eu le cran de monter cette date sur Lyon. C’était un vrai plaisir de revoir Death Angel en salle