Animateur de Noise Pollution (Emission Métal tous les vendredis 20-21h sur RADIO CANUT 102.2FM Lyon), je me suis lancé, il y a environ un an, dans l’élaboration d’une rubrique hebdomadaire : « Support your local Team ». Le concept : faire un focus sur un groupe de la scène locale tout en proposant une modeste promo au niveau de la radio. Après une année de rubrique, j’ai pu découvrir (et je l’espère, faire découvrir) nombre de formations talentueuses mais malheureusement méconnues, toutes issues de la région Rhône-Alpes. Je m’en doutais un peu mais j’en ai la confirmation : cette scène locale est particulièrement riche, variée et surtout de grande qualité. Un des plus beaux joyaux découverts cette année répond au doux nom d’AESMAH. Ce quatuor lyonnais évolue dans un Death technique, quelque part au croisement entre SEPTIC FLESH, OPETH, INSOMNIUM et DEATH TRANQUILITY. AESMAH a su ingurgiter et assimiler toutes ces références pour nous proposer une vision personnelle d’un Death mélodique particulièrement accrocheur. Le groupe nous a déjà proposé 2 EP de très haute volée (« Hegemony » en 2009 et « [Imeria] » cette année). Très travaillés, ces 2 enregistrements regorgent de perles Death qui font mouche. Bien entendu, il y a encore quelques petits imperfections (production un peu en dessous, voix à l’accent un poil franchouillard…) mais absolument rien de rédhibitoire, en tout cas, rien qui n’empêche d’apprécier le talent d’AESMAH. Après une première découverte en Live lors du Soutien Metal Fest en février, le concert au Moko du 10 novembre était donc l’occasion de recroiser sur scène ce groupe prometteur. Le Moko est un pub lyonnais situé non loin de la place des Terreaux, équipé d’une cave qui permet d’organiser des « petits » concerts. Notamment, j’avais assisté à la prestation de CAUCHEMAR dans cette salle. Le souci du Moko (inhérent à la plupart des petites structures de ce type) est la sonorisation qui peut s’avérer catastrophique. Mes oreilles saignent encore suite à la prestation de SANCTUAIRE en ces lieux en première partie de CAUCHEMAR. En ce samedi veille d’armistice, j’arrive donc sur place un peu après 20h00, prêt à en découdre. A ma grande surprise, les concerts n’ont pas encore commencé. Pourtant, 4 groupes sont à l’affiche ce soir : ce qui me parait beaucoup. Du coup, pour que tout ce petit monde puisse jouer dans de bonnes conditions, le timing risque d’être un peu serré. Autre point : Malheureusement, il n’y a pas foule (en dehors des proches des musiciens)
CLASSICAL CLASSICAL, un groupe de Rock qui tâche (comme son nom ne l’indique pas) est le premier à monter sur scène. Les 3 musiciens ne doivent pas avoir 50 ans à eux 3, mais ça ne les empêchent pas d’envoyer gravement. La musique n’est pas révolutionnaire, mais ça joue bien. Et la bonne humeur est bien présente. Le chant est partagé entre le guitariste (et son bô tee-shirt des RAMONES ! C’est bien de rendre hommage aux grands anciens) et le talentueux batteur. Les gars sont heureux d’être là (ils ne doivent pas avoir beaucoup de concerts au compteur). Le public est essentiellement composé des copines des musiciens et des potes. Forcément, la connivence entre tout ce petit monde est franche. Du coup, les private Jokes fusent entre les morceaux. Je m’interroge juste sur la pertinence de leur présence sur l’affiche d’aujourd’hui. Car, CLASSICAL nous gratifie d’un set très rock n’ roll et forcément très en décalage avec le reste de l’affiche. Néanmoins, je passe un bon moment, à taper du pied.
NIGHTMARES &ND COMEDY Le changement de plateau est comme je le craignais assez long … Je commence à regarder ma montre avec inquiétude, et à faire mes calculs. Ça va être juste pour que je puisse voir l’intégralité des 4 concerts, mes contraintes de transport en commun étant assez tendues (dernier bus : 0h32) Le groupe suivant, NIGHTMARES &ND COMEDY, nous vient de Roanne, et évolue dans un style plus proche de celui de la tête d’affiche, un metal symphonique fortement teinté de prog. Les 5 musiciens se massent sur la scène microscopique du Moko. La claviériste est même obligée d’installer son instrument devant l’estrade. Bel effort vestimentaire, les musiciens semblent incarner de sombres avatars issus de leur propre univers décadent. Mention spéciale au bassiste, avec son haut de forme et son nœud coulant. En fait, dès les premières notes du concert, je comprends que NIGHTMARES &ND COMEDY est en fait une sorte de concept, quelque part entre KING DIAMOND, Tim Burton et CRADLE OF FILTH : le groupe fait l’effort tout à fait notable de développer son propre univers. Musicalement, cela se traduit par l’alternance des différents types de vocaux (hurlés, growls et clairs féminins) : chaque musicien joue un personnage dans une pièce plus globale. Le propos apparaît très ambitieux, voir complexe. Malheureusement, vu la sonorisation du Moko, je vais avoir le plus grand mal à rentrer dans le trip proposé par NIGHTMARES &ND COMEDY. La démarche est là, le talent individuel des musiciens n’est pas à remettre en cause, la bonne humeur aussi … mais ce son atroce transforme tous les efforts du groupe en une bouillie sonore définitivement incompréhensible. Vu le travail de composition et l’originalité du concept, je suis désolé de ne pas apprécier la prestation à sa juste valeur, pour un problème de sonorisation. A revoir au plus vite, dans un meilleur environnement.
STILL CREEP Avec STILL CREEP, un groupe venu de Melun (et non pas de Paris, la différence semble importante pour eux !! Même si pour nous, de province, c’est la même chose), on change clairement de division. Alors que les 2 formations précédentes étaient très statiques, STILL CREEP détonne par son dynamisme. Ainsi, le hurleur de service, très à l’aise, arrive à faire monter l’ambiance de plusieurs crans : il tente même de lancer un Wall of Death bon enfant (à 20, dans une salle minuscule avec un sol carrelé, c’est plutôt sport, je vous assure). Les 2 guitaristes et le bassiste, quant à eux, n’hésitent pas à quitter la scène pour jouer au milieu du public. Hyper Rock n’Roll ! Globalement, les 5 musiciens apparaissent très aguerris à l’exercice de la scène. Il faut reconnaitre que leur trash / heavy moderne se prête parfaitement aux conditions sonores précaires de ce soir. Là aussi, je suis bluffé par la virtuosité des musiciens : ça joue diablement bien. Les compos étant très efficaces et très rentre dedans, la sauce prend immédiatement. Les gars finissent de s’assurer l’adhésion complète du (maigre) public, avec une reprise de TRIVIUM qui fait mouche. STILL CREEP pourrait avoir une belle carte à jouer dans ce genre de metal un peu encombré. Une belle découverte …
AESMAH Il est 23h55, quand AESMAH monte enfin sur scène. Vu mon timing, il est acté que je ne pourrai pas assister à toute la prestation du groupe. Quel dommage sachant que je ne suis là que pour eux ! Ultra souriant et détendu, AESMAH joue en terrain conquis, c’est une évidence. François, le bassiste hurleur situé au centre, donne le tempo, flanqué de ses 2 acolytes guitaristes. Derrière, le batteur (avec son superbe gilet en cuir) massacre ses peaux avec soin (une cymbale complétement fendue et déglinguée démontre que le gars joue tout en douceur) Comme pressenti, ces 4 musiciens sont hyper doués. Mention spéciale à François, qui en tant que frontman, dégage une espèce de magnétisme inquiétant tout à fait approprié. Promotion oblige : AESMAH propose une set-liste qui fait la part belle à « [Imeria] (Je reconnais néanmoins « Absolute Path » et « Massive Immateriality » issus de leur 1e démo) ! Vu la qualité du EP, je craignais que le groupe n’arrive pas à retranscrire les subtilités de leur enregistrement, surtout vu la précarité sonore du Moko. Je me trompais. Car même si le son n’est toujours pas génial, il permet quand même d’apprécier les brulots. Comme sur album, AESMAH alterne les parties mélodiques, les rythmiques brutales, les vocaux furieux avec des intermèdes plus calmes, des plus réussis… L’atmosphère dégagée est pleine de personnalité et permet de voyager loin. Les parties de Clavier, qui soulignent les parties de guitares, sont restituées via des samples. Les riffs typiquement Death mélodiques restent hyper efficaces, et permettent de rentrer en transe en se secouant les poils en toute quiétude. Si AESMAH n’est pas aussi mobile que STILL CREEP, les guitaristes n’hésitent pas à s’avancer dans la fosse pour taper leurs solos. Le public plus calme est rentré dans une espère de transe contemplative. AESMAH s’apprécie et se vit en Live. Malheureusement, pressé par le temps, je m’enfuis vers 23h25 pour attraper mon bus en plein morceau. Quelle frustration de ne pas avoir assisté à l’ensemble de la prestation … En tout cas, ce concert donné dans l’intimité d’un pub lyonnais, a confirmé ma première impression : AESMAH est un groupe de grande qualité qui n’attend plus qu’un label de renom se penche sur son cas. Un conseil : Ne passez pas à coter de ce quatuor de qualité : allez visiter leur compte Facebook pour commander leur dernier EP, « [Imeria] ». Vous ne serez pas déçus.
Set-liste AESMAH 01. Inside, indestructible 02. Absolut Path 03. Wasted by Suen 04. Colorless Mind 05. Chimera 06. The Deceptive Haven 07. Massive Immateriality
Salut et merci pour cette chronique qui fait chaud au coeur 😉
Nous serons Samedi prochain en concert du coté de Nandax (à coté de roanne). donc si le coeur t’en dit et que tu souhaites nous voir dans de meilleures conditions n’hésite pas à venir 😉
A très bientot, Musicalement
Alex
Bonjour et merci pour cet article.
En résumé : les 4 groupes sont vraiment trop bons, la salle, elle est vraiment pourrie, et le son est vraiment mauvais. Sache que j’ai pris le parti d’insonoriser la salle tres soigneusement, apres avoir cherché longtemps un lieu possible, et de laisser les groupes faire leur balance a leur guise, et de gérer eux même leur concert, leur show, leur soirée, appelle ca comme tu veux, pour qu’ils soient libre de proposer la soirée qu’ils veulent. Et donc de m’en méler le moins possible, et gratuitement pour eux.
Les groupes Rock, Pop, et autres Rock-Prog, etc y jouent justement parce que la salle a un très bon son, que les onéreuses ampoules a leds, nombreuses, offrent une belle lumière, idéale pour les photos des groupes, très colorées, sans que les musiciens ne cuisent sur scène. Si le son te semble mauvais, ce qui est très possible, c’est peut-etre que la balance est mal faite, ou souvent pour les concerts de Métal, que c’est beaucoup trop fort, vu que le patron ne râle pas, les groupes jouent aussi fort que possible, sans se soucier du confort d’écoute pour le public. C’est leur choix, que je ne partage pas.
J’entends tres bien, du bar, si c’est trop fort ou pas, et je l’indique, a titre d’info aux groupes. Certains ne jouent pas assez fort, et je le leur dis aussi.
C’est par l’expérience qu’on apprend. Alors je les laisse faire leur son librement.
J’ai l’habitude de ma salle, des concerts, des milliers, ici et ailleurs depuis plus de 40 ans, et j’ai pris le parti en decidant d’ouvrir une salle en centre ville, de l’insonoriser a bloc, et d’y laisser les groupes gérer leur concert à leur guise. C’est un choix. Je reconnais que c’est un effort pour lequel je recois peu de compliments, et que de rubriques en articles, de chroniques en review, il en ressort que tous les groupes font preuve « d’un grand professionnalisme », « un réel talent, … une grande maitrise de l’instrument » etc, malgré « ‘une bouillie sonore » due : à la salle. Bien sur ! !
Si je n’avais pas monté une salle succeptible de recevoir sans problèmes du Métal
ou du Power-Rock, des fanfares, du Ska-Punk, du Noise, vous iriez jouer où ? Dans des salles payantes? Toutes le sont, clairement tarifées, ou payantes sous des pretextes déguisés. Reste le WarmAudio, … à Décines. Là aussi ton problème de bus se posera, à l’aller et au retour. Et celui d’une maigre fréquentation aussi, peut-etre.
En centre-ville, on est pas nombreux, et sur Lyon, je t’accorde trois noms de salles, qui accueillent du Métal épisodiquement, si tu veux. Pour accueillir les centaines , voire les milliers de groupes qui veulent tous jouer un samedi soir, en mars ou avril, ou en novembre. (soit 12 samedis en tout) . Jamais en aout, ni debut janvier, bien sur.
C’est la troisième review de concerts que je lis ce soir, sur les webzines, et c’est le même commentaire pour tous les groupes, ils sont géniaux, mais la salle est vraiment nulle, …bouillie sonore, …balance mal réglée, c’est la faute de la salle !
« Allez absolument voir ces groupes, … mais ailleurs ! »
Un jour où ils loueront a prix d’or une grande salle pour accueillir leur public de potes et de proches ? où un jour où ils participeront a un « tremplin » bidon et payant, devant un public de dreadlocks venu eux aussi voir leurs potes reggae ?
Mais peut-etre que tu trouves qu’il y a trop de salles à Lyon, chacun son avis.
Le paté de maison apres Le MOKO, il y a la salle Rameau. ce serait un lieu idéal. Pourquoi vous n’y jouez pas ?
En répondant, tu feras la liste des avantages qu’offrent Le Moko.
J’en rajouterai un autre, c’est que les groupes qui ramènent 80 ou 100 personnes et qui prennent 5e/entrée, et qui repartent donc avec 450e, y trouvent un avantage certain, à cette salle gratuite, sur les salles ou on leur demande 320 ou 500e pour jouer.
Mais passe au bar un jour, et je te raconterai ce que moi, j’observe des groupes, et comment ils font habituellement les balances, par exemple. Ou pourquoi les commentaires assassins qu’on trouve sur les salles, sur le web sont tres souvent dus a des gens qui n’y ont JAMAIS joué, ou qui savaient pertinemment en venant que leurs incivilités et leurs attitude provocante ne passerait pas, ils en ont l’habitude et c’est devenu un jeu pour eux, pour cracher ensuite sur les forums et les webzines conciliants « Le patron est un connard, LeMOKO (par exemple) c’est de la merde, une salle surtout à eviter… » etc.
Tu remarqueras que je ne donne pas les noms des groupes, et que je ne redige pas d’articles pour incendier Untel ou tel groupe. Politesse et élégance que j’apprecierais qu’on me rende, parfois.
Mais si tu passes un jour au bar, Radio Canut c’est à coté, on pourra parler plus librement, et même je te raconterai un anecdote, sur un groupe de Métal qui ne jouera pas ici, qui n’y a pas joué, et qui s’acharne a la mauvaise réputation de la salle. Anecdote inouie, tres amusante, pour tes archives.
Moi aussi, j’aurais plein de trucs a dire, mais tu as déjà remarqué que les salles ne postent pas de commentaires post-concerts sur les groupes. On aurait pourtant beaucoup à dire, parce qu’on les voit défiler.
Et il y a aussi des groupes qui préfèrent Le MOKO à d’autres salles. Et des groupes Métal ou autres styles, que j’aide et que je soutiens autant que je peux, certain a qui je file un sérieux coup de main, et certains a qui le soutien du MOKO a permis d’envisager de voir plus grand, et de se placer convenablement (Label, Booker, Festivals, contrat juteux, etc) et qui savent ne pas cracher dans la soupe.
Et certains groupes qui préfèrent LeMOKO parce que la salle a un bon son, et qu’ils ont le soucis de leur musicalité, plus que de « s’éclater en mettant les watts » au detriment du confort d’ecoute du public.
Et si, comme ca arrive trop souvent aux concerts de Métal, le public remonte en trouvant que c’est beaucoup trop fort, sache que je l’avais dit aux groupes, mais que c’est : leur choix, de jouer aussi fort, et que leur considération hautaine et négligente pour le public qui vient les voir, n’engage qu’eux, et pas LeMOKO qui offre un lieu gratuit.
Pour les groupes du concert que tu commentes ici, je n’ai aucun commentaire public a faire ici, et ce que je dis du Moko n’est destiné qu’a souligner un certain nombre d’avantages qu’offre justement cette salle, a commencer par permettre aux groupes de Métal d’y jouer, en centre-ville, et, pour te répondre, que la salle a une belle lumière et un tres bon son, compact, mat, sans echo pour peu qu’il y ait un peu de monde ( c’est prévu pour, il me semble ! ) et que, les groupes pourront te le confirmer : ils sont libre de faire la balance à leur guise. Certains manquent d’expérience, c’est l’occasion de se tester, certains veulent juste jouer fort, tabasser à mort, et s’éclater, eux, ca les regarde, d’autres, plus musiciens arrivent a avoir un son de CD, propre. Visiblement c’est pas le but de tout le monde.
Ce commentaire est une réponse que je fais a ton article, pour que tu le lises, simplement, et tu peux l’effacer juste après, c’est ok. C’est fait pour.
J’écris pas pour la postérité.
Bonne continuation à toi, et merci pour ton soutien aux groupes.
Passe boire une mousse a l’occaz’, j’ai plein d’anecdotes pour tes archives, si tu veux.
A+ 😉
Roland @ LeMOKO