Par raph
Lorsqu’en début d’année 2012, l’annonce de cette tournée est tombée, j’avoue avoir esquissé un rictus de plaisir. Imaginez deux références absolues du Death Metal américain et une des légendes du Trash Metal teutonique réunies sur une seule et même date ! Un vrai bonheur ! Ces derniers temps, ces affiches de rêve regroupant plusieurs formations importantes semblent se multiplier (dernièrement on pourrait citer, IMMOLATION / MARDUK, ENSLAVED / GHOST BRIGADE …) et ce concert représente presque l’aboutissement de cette tendance. Les Allemands de KREATOR viennent régulièrement nous rendre visite dans notre belle vallée rhodanienne. Ils semblent apprécier le public local (comme en témoignent les quelques morceaux enregistrés à Lyon se trouvant sur leur album live LIVE KREATION). Néanmoins, cela faisait 4 ans que KREATOR n’était pas venu nous botter les fesses. Quant à MORBID ANGEL, sa dernière visite remonte à 2005, soit une éternité. Le bassiste / vocaliste légendaire David Vincent venait d’annoncer son retour au sein du groupe mythique. Dans un TransClub en ébullition, les Américains nous avaient donné une leçon de brutalité, émaillée de quelques pépins techniques. Je me souviens avec émotion de cette date, GOJIRA, toute jeune formation prometteuse à l’époque assurait leur première partie … que de chemin parcouru depuis! Inutile de préciser donc que j’avais la bave aux lèvres en apprenant que cet attelage KREATOR / MORBID ANGEL digne de l’apocalypse avait programmé une escale lyonnaise. D’autant plus que NILE s’est joint à la fête. Autre digne représentant du Death Metal au son typiquement américain, NILE marche musicalement dans les traces de MORBID ANGEL en développant son univers très particulier à base de légendes et mythes de l’Egypte ancienne. Un groupe passionnant ! Quand j’apprends que les prometteurs de cette tournée annoncent des temps de jeu équivalent pour MORBID ANGEL et KREATOR, j’exulte ! Un vrai co-Headlining ! Enorme ! Bref, tous les arguments sont réunis, pour que ce lundi 12 novembre, ma moitié et moi-même, nous nous précipitions au Transbordeur, afin de ne rien louper de cette commémoration du Metal extrême. Mais malheureusement, quand nous entrons dans la salle de Villeurbanne, 2 mauvaises surprises nous attendent. Premièrement, malgré tout l’intérêt de cette affiche (regroupant 3 pointures du genre tout de même), la salle du Transbordeur est loin d’être pleine. Le concert a bien lieu dans la grande salle, mais le rideau interdisant l’accès aux gradins a été tiré. Alors que je rédige ce modeste papier, je suis tenté de ressortir l’habituel laïus sur ce public qui ne se bouge plus le popotin, que les bourses des Metalleux sont vides (sic) … Mais, à quoi bon ? Heureusement, les fidèles sont bien au rendez-vous, eux. Hail to Sev, Chacal, Misa-Misa, Dark Avenger, Fully, Denis, Paulo, Fab, Nico, Hardos, Gerland, etc … Deuxièmement, nous arrivons comme d’habitude aux alentours de 20h15 (ben oui ; le temps de rentrer du boulot, d’accueillir la baby-sitteuse, de coucher nos petits loups … des occupations d’une famille normale en somme) et surprise ! MORBID ANGEL a déjà attaqué son show… En gros, nous ne verrons pas une miette de la prestation de NILE. Et c’est bien dommage, moi qui me réjouissais d’assister à une prestation des maitres de l’égyptologie. Ça sera pour une prochaine fois (Hellfest peut être ?) Bien sûr, j’imagine que vu le nombre de formations à l’affiche, les timings sont ultraserrés. Mais tout de même ! A moins de poser une demi-journée de RTT, ou d’être sans activité, je ne vois pas comment il était possible d’assister au concert de NILE qui a priori a commencé à 19h00 … Et je ne parle même pas de FUELED BY FIRE, le groupe de toute première partie, qui a sans doute dû jouer à 18H00 devant un maigre public …MORBID ANGEL Du coup, je débarque en courant alors que les premières notes d’« Immortals Rites » résonnent dans un Transbordeur, chauffé à blanc. La scène est somptueuse : le set de batterie est très surélevé devant une multitude de bannières tendues à la gloire de MORBID ANGEL. Le groupe occupe bien l’espace disponible : derrière, le batteur, un guitariste de chaque côté et devant David Vincent ! Le bassiste / hurleur attire absolument tous les regards, éclipsant totalement les trois autres musiciens. Le mec dégage un magnétisme bestial et furieux. Avec ses rouflaquettes fournies, ses santiags, sa tenue en cuir, il ressemble à s’y méprendre à une version extrême de Nikki Sixx. Les 2 guitaristes ont bien du mal à exister dans l’ombre du bassiste de MORBID ANGEL. A gauche, Destructhor est bien statique, jouant juste ses parties proprement mais sans aucune fioriture, et à droite Trey Azagthoth tout aussi immobile (vêtu d’une sorte de jogging !) se cache comme d’habitude derrière ses cheveux (il est impossible de distinguer son visage). Cela ne l’empêche pas de nous délivrer des solis aux sonorités spatiales avec son touché hors du commun. Quant au batteur, il est totalement invisible, bien caché derrière son imposant instrument. Bref, visuellement, le spectacle est assuré par le seul David Vincent, qui multiplie les grimaces avec sa grosse tête toute moche ! Il en impose gravement, soutenu par un light show particulièrement impressionnant ! La set-liste fait la part belle aux 4 premiers albums cultes de MORBID ANGEL. Le groupe aura le bon goût de ne jouer que les morceaux les plus consensuels de son dernier disque polémique, ILLUD DIVINUM INSANUS, les efficaces « Existo Vulgore » et « Nevermore ». Pas de controversés et semi-dansants « Radikult » ou « I am Morbid » au programme. Et c’est finalement pas plus mal, tant l’enthousiasme du public est palpable : il aurait été dommage de refaire tomber la sauce avec des morceaux simili-expérimentaux éloignés des standards Death Metal. Du coup, la set-liste est un vrai régal ! Notamment, après un court rappel, l’enchaînement « Dawn of the Angry » / « Where the Slime Live », morceaux tous deux issus de « Domination » est une pure boucherie ! Mon cou en craque encore de plaisir ! Il faut noter la présence de « Bill Ur Sag », extrait de « Formulas Fatal To The Flesh », album où David Vincent ne jouait pas. Vu la prétention du personnage, c’est une vraie surprise d’entendre ce titre. En 1h15 de concert, MORBID ANGEL a parfaitement rempli son rôle : faire monter la pression avant la tête d’affiche germanique tout en démontrant son savoir-faire en matière de Death Metal. Chapeau bas ! Set-liste MORBID ANGEL – 12 Nov. 2012 01. Immortal Rites 02. Fall From Grace 03. Rapture 04. Pain Divine 05. Maze Of Torment 06. Existo Vulgoré 07. Nevermore 08. Lord Of All Fevers And Plague 09. Chapel of Ghouls ————————————— 10. Dawn Of The Angry 11. Where The Slime Live 12. Bil Ur Sag 13. God Of Emptiness 14. World Of Shit (The Promised Land)
KREATOR Après le récital de MORBIL ANGEL, le changement de plateau se fait rapidement derrière d’un rideau tendu préalablement. KREATOR nous fait des cachoteries, en occultant la mise en place du décor. Au bout de quelques minutes, les lumières s’éteignent enfin sous les clameurs du public impatient ! Le « Personnal Jesus » chanté par Johnny Cash résonne alors dans la sono du Transbordeur en même temps que des diapositives sont projetées sur le fameux rideau tendu, résumant tous les grands moments de la vie de KREATOR. Notamment, les pochettes de tous les disques défilent dans l’ordre chronologique. Il est alors amusant de noter la réaction des fans : ainsi COMA OF SOULS, VIOLENT REVOLUTION et ENNEMY of GODS sont acclamés ! Rigolo aussi de découvrir ces photos avec les anciens musiciens passés dans KREATOR : on a vraiment l’impression d’assister à une projection familiale! La tension au sein du public monte crescendo, et finalement à l’issue de la projection, le drap tombe … pour nous dévoiler une scène superbe : avec des backdrops représentant la pochette du dernier album, des estrades et un impressionnant décor en 3D avec notamment 4 chevaux de l’apocalypse (avec loupiottes à la place des yeux) Quelle classe ! Je ne me souviens pas d’une scène aussi soignée pour un groupe de Metal extrême. Pour parfaire ce tableau cauchemardesque, la fumée a envahi toute la scène dissimulant les musiciens. KREATOR attaque directement avec 2 titres issus de son dernier bébé, « Phantom Antichrist » sorti en juin. Et ça le fait ! Déjà bien chauffé par MORBID ANGEL, le public est immédiatement au taquet : la fosse est très agitée ! Les multiples stages-divers sont cependant repoussés par une sécurité aux aguets. Le groupe a clairement travaillé sa mise en scène, les interludes entre les morceaux sont soignés. Et on a vraiment l’impression d’assister à un spectacle. Mais, cela est secondaire par rapport à la musique qui elle, tabasse gravement ! KREATOR, vétéran de la scène trash old school, a su moderniser son rendu pour sonner de façon extrêmement actuelle et moderne. Un seul bémol : les éternelles interventions parlées de Mille Petrozza, leader du groupe, toujours aussi peu inspirées et même répétitives d’une tournée sur l’autre. Autant elles faisaient sourire il y a 20 ans, autant maintenant elles semblent bien lourdingues. Notamment, la séquence interminable avant « Flag of Hate » (alors que Mille Petrozza brandit son étendard qui semble rétrécir de tournée en tournée) est un poil pénible. De plus, les lights et la fumée omniprésente font que les membres de KREATOR sont très peu visibles. On a l’impression d’assister à une sorte de rêve, où des silhouettes éthérées tiennent lieu de musiciens. De toute façon, en dehors de Mille Petrozza, assez mobile, les autres ont des charismes que je qualifierai de quasi négatifs. Leurs encéphalogrammes restent quasiment plats. Cependant, malgré tous ses efforts, Mille est loin de dégager la même aura que le sémillant leader de MORBID ANGEL. M’enfin, ces quelques réserves ne doivent pas interférer avec le jugement final de ce show de KREATOR : nous avons pris une véritable leçon de Trash. Comme d’habitude, les absents (hélas trop nombreux) avaient tort. Merci à MyReferenceEvents d’avoir eu le courage d’organiser cette date.
Set-liste KREATOR – 12 Nov. 2012 01. Phantom Antichrist 02. From Flood Into Fire 03. Enemy Of God 04. Phobia 05. Hordes Of Chaos 06. Civilization Collapse 07. Voices Of The Dead 08. Extreme Aggression 09. People Of The Lie 10. Death To The World 11. Coma of Souls / Endless Pain 12. Pleasure To Kill ————————————— 13. Violent Revolution 14. United In Hate 15. Betrayer 16. Flag of Hate 17. Tormentor
Merci Raph pour cet article.
Comme on disait à la belle époque : Kreator c’est putain de bon !
Et je profite pour redire bonjour à Nico Escalier que je n’avais plus vu depuis très longtemps.