EUROPE, mercredi 14 Novembre 2012, Transbordeur, Villeurbanne

Par Raph

Tuu tuuu tuuuuuu tu ! Tu tu Tu tu tuuuuuutu ! Tu tuuu !
Comment ça ? Vous ne reconnaissez pas LE tube d’EUROPE? Qui n’a jamais fredonné ces quelques notes de « The Final Countdown » ? Pourtant, cette chanson est rentrée dans toutes les têtes au milieu des années 80, accédant au statut de tube intemporel au côté des « Still Lovin’ you » et autre « Smoke on the Water ». Ce morceau a largement dépassé les rangs des Metal Heads, et a même eu un énorme retentissement auprès du grand public, EUROPE devenant le stéréotype du groupe de Metal (Souvenez-vous du clip kitschissime qui tournait à l’époque sur TV6 …)
Au début des années 90 quand j’expliquais que j’écoutais du Métal, mes interlocuteurs souvent néophytes en la matière, me rétorquaient : « A oui ? Comme EUROPE ? » Bref, pour moi, EUROPE s’est résumé pendant longtemps à ce morceau certes emblématique mais bien pompeux. Du coup, par rejet, j’ai accordé très peu d’importance au reste de leur discographique pourtant riche. D’autant plus qu’après « The Final Countdown », le groupe a sorti « Carrie », une balade horrible et caricaturale. Ils représentaient pour moi la quintessence du Hard Rock commercial sans âme ! Aveuglé par ma bêtise crasse, je suis passé à côté d’un groupe essentiel.
Après le triomphe évoqué ci-dessous, EUROPE a cherché, durant sa première partie de carrière, à reproduire à tout prix ce succès. Vainement. La séparation est inévitable.
En 2003, EUROPE se reforme pour entamer sa deuxième partie de carrière. Les musiciens ont alors l’intelligence de se reformer pour les bonnes raisons : le simple plaisir de la musique, et non plus la recherche du succès commercial à tout prix. Les albums composés sont alors bien plus personnels … A l’époque, la nouvelle de cette reformation n’avait provoqué qu’un rictus amusé de ma part.
En fait, ma véritable rencontre avec EUROPE va se dérouler un jour de Hellfest, notre festival Metal national. Les Suédois étaient à l’affiche lors de l’édition 2009, programmés sur la scène principale juste avant SUICIDAL TENDENCIES (haaaa… le fameux éclectisme du Hellfest)
Bref, EUROPE : j’en avais rien à taper à l’époque. Donc avant SUICIDAL TENDENCIES, je file me payer un kebab, et je m’installe devant la Main Stage histoire d’être bien placé pour le concert de la bande de Mike Muir. Du coup, tout en dégustant mon sandwich gras, j’assiste un peu à contre cœur à la deuxième partie du concert des Suédois. Et là … c’est le choc ! Sur scène, le groupe assure gravement avec des compos léchées qui font mouche et une attitude irréprochable bien rock n’ roll loin de l’image que je m’en faisais. Les standards issus des années 80 (notamment le décrié « The Final Countdown ») fait un carton incroyable auprès du public bigarré du Hellfest !
J’en reste bouche bée : c’est le coup de foudre ! EUROPE mérite bien plus que le simple dédain que j’éprouvais jusque-là.
Les 4 albums composés depuis 2003 sont tout simplement excellents : le groupe pratique un hard rock classieux et superbement mélodique, loin du son et des clichés du Metal Pompier. Le succès commercial n’est pas forcement au rendez-vous, mais les musiciens semblent se faire plaisir.
En 2012, la démarche du groupe a été poussée à fond, avec le 4ème album de leur 2ème partie de carrière : « Bag of Bones ». Un album composé sous le sceau d’un blues rock des plus efficaces. Pour ma part, un des albums de l’année tout simplement.
Le concert de Lyon était donc une priorité pour moi.
Malheureusement, en même temps que EUROPE, WASP se produit à quelques dizaines de kilomètres de là, à Saint Etienne. Choix étrange des organisateurs de prendre le risque de programmer 2 légendes du Metal dans la région.
Connaissant la versatilité de WASP (le groupe a juste annulé un concert sold-out à Lyon il y a 2 ans, et sur cette tournée, les dates de Toulouse et Lille sont passées à la trappe), j’ai opté pour la sécurité de EUROPE : au moins avec eux, j’ai la certitude qu’ils joueront.
Je suis ravi de voir que je ne suis pas le seul à avoir fait ce choix. Hail to Manave, Bert, Chacal, Lucy …
Du coup, 2 jours après le passage cataclysmique du duo KREATOR / MORBID ANGEL, retour au Transbordeur pour le concert lyonnaise des Suédois.
Le changement est radical, la salle de concert a été emménagée dans sa configuration des grandes heures. En effet, cette fois-ci, le public s’est déplacé en masse. Car, si EUROPE ne sort plus que des disques qui lui plaisent, sur scène, le groupe ne peut pas faire l’impasse sur ses tubes. Et, je soupçonne que nombre de gens présents ce soir ne sont là que pour ces incontournables. Je me demande d’ailleurs quelle proportion du public a écouté leur dernier disque.
Par contre, là où KREATOR nous avait ébloui avec un décor de scène particulièrement élaboré, EUROPE se la joue tout en sobriété. Seul un énorme back-drop à l’effigie du dernier album, « Bag of Bones », trône derrière juste les musiciens et leurs instruments. Le groupe est tout de même en pleine tournée de promotion de leur dernier bébé.

 

EUROPE
D’ailleurs, pour bien marquer son territoire, EUROPE attaque son concert avec 3 extraits de ce fameux « Bag of Bones », les 3 premiers morceaux de l’album joués dans cet ordre.
Très rapidement, je note que mes plus proches voisins dans le public n’attendent qu’une chose : les fameux classiques. Ça commence à grommeler.
Personnellement, étant très fan de la nouvelle orientation du groupe et plus spécialement de « Bag of Bones », je suis séduit par cette entame.
D’ailleurs, EUROPE ponctuera son concert avec pas moins de 5 extraits de cet album.
Sur scène, Joey Tempest, le chanteur, a laissé tomber sa permanente qu’il arborait dans les années 80, pour une tenue plus sobre. Souriant et détendu, le garçon porte le show sur ses épaules. Il a vraiment l’air heureux d’être là.
Au contraire, ses acolytes musiciens brillent par leur transparence. Mention spéciale au batteur, au clavier et au bassiste qui ont l’air de se demander ce qu’ils font là.
Seul John Norum, le talentueux guitariste, sort parfois de son coma mais uniquement sur les morceaux les plus récents … Manifestement, les gars sont complétement blasés de jouer les vieilles chansons. Ou peut-être fatigués aussi … Lyon est la 3e étape de leur tournée française.
Mais du coup, cette attitude distante laisse une grande place pour Joey Tempest. Il faut dire que le gars a le talent nécessaire pour briller. Et même si sa voix n’est plus tout à fait la même (il ne monte quasi plus dans les aigus) le chanteur assure ses parties avec grand professionnalisme. Pour finir de mettre le public dans sa poche, il s’essaiera plusieurs fois à parler français (lointain souvenir de l’école) … Succès garanti.
Comme souvent au Transbordeur, le son est bon et permet de bien profiter des chansons de EUROPE. Le jeu de lumières est lui aussi soigné et réussi.
Le concert est composé de 4 parties bien équilibrées : le début essentiellement articulé sur les tout derniers albums, un set acoustique de 3 morceaux, la fin plus énergique et enfin les rappels.
La partie acoustique se présente comme une agréable parenthèse qui fait la part belle au talent vocal de Joey Tempest. Le reste des musiciens parait toujours aussi peu concerné. Par contre, quelque chose que j’ai toujours du mal à comprendre, c’est qu’un groupe avec une discographie aussi importante qu’EUROPE fasse une reprise. D’autant plus que le morceau de FLEEDWOOD MAC “The world keep on Turning”, joué aujourd’hui, n’apporte pas grand-chose.
Malheureusement, lors de la 3e partie, EUROPE va se sentir obligé de nous refourguer son sirupeux « Carrie » joué dans une version « pompier ». J’ai toujours détesté cette ballade dégoulinante de guimauve. Leur pire morceau à mon sens. Manifestement, je dois être le seul à penser cela car le public réagit positivement. Quitte à jouer cette chanson, pourquoi ne pas l’avoir incluse dans le set acoustique à la place de la reprise ?
Heureusement, le groupe a le bon gout d’enchainer rapidement avec un titanesque « The Beast » ultra heavy. Couplé à des lights menaçants, le morceau est un vrai défouloir.
Juste avant le traditionnel rappel, EUROPE nous propose une version débridée de « Rock the Night », qui forcement fait mouche. Le groupe a le bon gout d’enrichir cette chanson consensuelle avec une jam des plus réussies. Incluant du Queen, le « Rock you Like a Hurricane » des Scorps pour un vrai grand moment de communication avec son public. Car, forcément, ce morceau est un véritable hymne dont le refrain est repris par un public en transe.
Le rappel se conclura sur l’inévitable « The Final Countdown » qui bien sûr fait rugir de plaisir le Transbordeur. Malheureusement, l’effet n’est pas aussi claquant qu’au Hellfest par exemple, la faute à un accordage très bas nécessaire pour faire sonner le blues Rock de « Bag of Bones ». Du coup, le côté clinquant ne ressort pas vraiment. Donc, effet semi-réussi même si mes voisins sont contents.
En terme de set-liste, 2 constats (et presque 2 regrets), l’absence de « Cherokee » un des grands hymnes que j’apprécie (et réclamé à tort et à cri par mes charmants voisins de concert) et une impasse quasi blasphématoire sur l’album de la réformation, « Start from the Dark », sorti en 2003.
En tout cas, EUROPE marque clairement son territoire, en se produisant sur la promesse de ses standards, le groupe nous fait plutôt partager sa nouvelle orientation musicale, bien plus bluesy.

 

Set-liste EUROPE, 14 novembre 2012
01. Riches to Rags
02. Not Supposed to Sing the Blues
03. Firebox
04. Superstitious
05. Scream of Anger
06. No Stone Unturned
07. Demon Head
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08. The World Keep on Turning (Accoustique)
09. Drink and a Smile (Accoustique)
10. Open Your Heart (Accoustique)
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11. Girl From Lebanon
12. Love Is Not the Enemy
13. Carrie
14. Sign of the Times
15. The Beast
16. Rock the Night
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17. Last Look at Eden
18. The Final Countdown
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