Par Raph.
Cette fin d’année en terres lyonnaises est tout simplement incroyable : les concerts de qualité s’enchainent comme des perles sur un collier … Le contraste avec le désert scénique du début d’année 2012 est frappant. On dirait que les groupes essaient de rattraper le temps perdu. En tout cas, aujourd’hui, c’est au tour des tristes Suédois de Katatonia de poser leurs valises au CCO de Villeurbanne. Katatonia existe depuis le début des années 90. A l’époque, il y avait un véritable foisonnement de groupes de ce style mélangeant Black et Doom ultra mélancolique. Je me souviens encore avec nostalgie du ténébreux « Dance of December Souls », 1e album de Katatonia, que j’écoutais religieusement sur mon DISCMAN en allant au bahut. Blasphématoire et mystérieux, cet enregistrement m’avait vraiment stupéfait. Blakkheim, l’historique guitariste et compositeur, réussissait le tour de force d’agrémenter son black de mélodies tristes à pleurer. Sur ce premier album, Jonas Renkse le chanteur, avait une voix écorchée et incroyable. Katatonia entretenait une espèce d’aura mystérieuse : en 1993, Internet n’existait pas et les informations étaient rares. Du coup, j’imaginais de sombres barbus vivant dans la forêt enneigée et criant leur haine à la face de Dieu. Il me semblait inconcevable de voir ce groupe fouler une scène pour faire des concerts, encore moins à Lyon. 20 plus tard, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts du monde de la musique et notamment pour Katatonia. Les relents black, la colère et les voix hurlées font depuis longtemps partie du passé. Durant toutes ces années, le groupe s’est pas mal cherché, expérimentant un peu le Death, puis une sorte de rock alternatif pour finalement s’épanouir dans un Gothic Metal très policé et très mélodique. Le propos s’est largement adouci mais Katatonia a réussi sa mue. A tel point qu’aujourd’hui, le groupe est cité comme référence par pas mal d’autres formations scandinaves (Swallow the Sun, Insomnium …) Du coup, Katatonia a commencé à sortir de sa forêt suédoise pour donner des concerts. Et chose incroyable, aujourd’hui, Katatonia donne son 2e concert lyonnais en tête d’affiche, après un premier passage en 2010. Comme quoi, les choses changent … En septembre, la sortie de leur 9e album, « Dead End Kings » est apparue comme un aboutissement de l’évolution de Katatonia. Les morceaux sont simples, construit autour de refrains un poil poussif avec des relents presque pop, la production est propre, Jonas Renscke a définitivement adopté un chant plaintif … Ce CD n’a pas trouvé grâce à mes oreilles : trop calme, trop accessible, pas assez torturé… Il y a bien quelques perles (je pense spontanément au terrible « The Racing Heart » et son refrain chiadé, « Dead Letters » ou autre « Buildings ») mais l’album s’essouffle trop vite. J’avais largement préféré le précédent disque, « Night is a new Day » qui se révélait après plusieurs écoutes d’une richesse insoupçonnable au premier abord. Mais qu’importe, la carrière du ce groupe est si riche de tubes, qu’il m’est impossible de louper cette date. D’autant plus que ce sont les Français d’ALCEST qui assure la première partie. Leur dernier opus « Les Voyages de l’âme » est un pur chef-d’œuvre d’émotion maladive et raffinée. Malheureusement, vu mes impératifs, j’arrive alors que qu’ALCEST joue ses dernières notes … Grrrrr ! Encore une première partie que je ne verrais pas !KATATONIA Le CCO est correctement rempli. Le public est d’ailleurs composé de pas mal de non métalleux, reconnaissable à leur absence de tee-shirt noir à l’effigie d’un groupe (sic) Katatonia a manifestement réussi à élargir sa fan base en édulcorant son propos depuis pas mal de temps. Le groupe attaque directement son concert par 2 extraits de son dernier bébé : « The Parting » et « Buildings ». Le son est bon, clair et puissant et les musiciens semblent prêt en découdre, peu mobiles mais headbanguant furieusement. Enfin à l’exception notable de Jonas Renscke qui se la joue gros ours mal léché. En effet, le chanteur se cache systématiquement derrière ses cheveux. On ne verra pas son visage une seule fois lors du concert. Je ne sais pas s’il est timide à ce point, ou si cela fait partie de son jeu de scène torturé, mais son attitude parait distante voire agaçante. Mais ce n’est pas le plus important : car, dès « The Parting » et son refrain, on se rend compte que le chanteur est en grande forme vocale. Le public reste statique sur ces 2 premiers morceaux : le nouvel album n’a manifestement pas été bien digéré par tout le monde. Après ces 2 nouveautés, Katatonia pioche 2 extraits de « The Great Cold Distance » de 2006 avec notamment le tube « My Twin ». Au final, le groupe jouera 5 extraits de ce disque (autant que de chansons issues du petit dernier) L’assistance réagira bien plus vivement à l’écoute de ces tubes. Katatonia a choisi de privilégier clairement sa période plus récente, et malheureusement, les chansons plus anciennes sont passées à la trappe. Seul un « Deadhouse », issu du fanta-buleux « Discouraged Ones » (datant du siècle dernier tout de même) est exhumé pour mon plus grand plaisir. Comme Jonas ne se met pas en avant, le groupe reste en place avec une grosse cohésion, compact et flamboyant. La présence scénique de Katatonia est finalement impressionnante même si les musiciens restent dans leur bulle en communiquant à peine avec les fans pourtant conquis. Blakkheim (ou Anders Nyström dans le civil) joue de sa guitare avec une classe folle, son acolyte Per Eriksson n’est pas en reste, claquant soli et rythmique avec une grande facilité. Malheureusement, ce soir, au contraire du concert de 2010, le père Per (sic) gardera sa chemise : on n’aura pas le plaisir de voir son magnifique tatouage « Sodomizer » placé sur son ventre … C’est vrai qu’il faut oser l’afficher ce tatouage. Même si la set-liste se concentre sur les 3 derniers albums (13 morceaux sur 20 joués ce soir sont issus de ces 3 disques) elle est riche en émotion. Il faut dire que des morceaux comme « The Longest Year », « Forsaker », « Leaders », « Omerta » … sont de purs chefs d’œuvre envoutants qui nous font voyager très loin. D’ailleurs, le public, après un début un peu statique se laisse envouter et griser par Katatonia. L’émotion est forte. Peu de mouvements sont à signaler dans l’assistance, car à vrai dire, tout le monde est comme hypnotisé par la prestation des Suédois. On ferme les yeux en banguant en rythme en se laissant bercer. Le concert peut se résumer à une heure et demie d’un voyage onirique et envoutant. Ce soir, Katatonia a fait preuve d’un grand professionnalisme en arrivant à distiller avec très peu d’artifices (pauvre jeux de lumière à 2 sous) une atmosphère euphorisante et envoutante. Un grand moment de communion tacite avec son public. Le réveil est un peu difficile : on sort du CCO un brin hébété. Et finalement, ça sera ma réserve sur ce concert. Lors de son concert, Katatonia a fait preuve d’un gros charisme mais finalement la prestation s’est révélée très clinique et très propre. On ne retient qu’une impression d’avoir fait un rêve agréable, mais sans moment fort et sans point culminant. Pas très Rock n’roll tout ça. En tout cas, merci à MyReferenceEvents d’avoir organiser cette date.
Set-liste KATATONIA – CCO – 23 novembre 2012 01. The Parting 02. Buildings 03. Deliberation 04. My Twin 05. Burn the Remembrance 06. The Racing Heart 07. Lethean 08. Teargas 09. Strained 10. The Longest Year 11. Soil’s Song 12. Omerta 13. Sweet Nurse 14. Deadhouse 15. Ghost of the Sun 16. July 17. Day and Then the Shade ————————————————— 18. Dead Letters 19. Forsaker 20. Leaders