OBITUARY, mardi 11 décembre 2012, CCO, Villeurbanne

Par Raph

Nous y voilà enfin : le dernier concert de l’an de grâce 2012 se tient ce soir au CCO de Villeurbanne. Et quoi de mieux pour clôturer cette année de lives échevelés, que d’assister à la prestation d’un des derniers monstres du Death Metal, les vénérables OBITUARY ?
En 1989, les Floridiens avaient marqué les esprits avec leur premier album « Slowly we rot ». Leur définition du Death Metal s’accompagnait d’un groove irrésistible et surtout d’un son reconnaissable entre mille. Un son grave, lugubre et tout droit issu du bayou profond … mais avec quelque chose de primitif et presque entrainant. A l’époque, le groupe ne prenait pas la peine d’écrire des paroles pour ces chansons : John Tardy, le vocaliste se contentait de pousser des beuglements d’outre-tombe agrémentés de quelques mots poétiques (genre « kill », « blood », « chopped »…)
Avec cette recette simple et efficace, entre 1989 et 1992, OBITUARY a publié un triptyque de disques qui a marqué au fer rouge les esprits ; une sainte trinité à la gloire du Death Metal composée des albums « Slowly We Rot » (1989), « Cause Of Death » (1990) et « The End Complete » (1992)
3 œuvres majeures du genre sur lesquelles OBITUARY a su établir sa renommée et a explosé les ventes. Malheureusement, après ce nirvana artistique, la suite fut moins glorieuse … L’essentiel ayant été dit, le groupe ne fera que se répéter … Et même l’ajout de paroles ne changera rien, le split inévitable intervient en 2000.
Malgré tout, en 2005, le groupe se reforme et nous propose un « Frozen in time » peu novateur. Ce retour aux affaires est surtout l’occasion pour le groupe de multiplier les concerts à travers le monde. Chaque nouvel album est un peu plus médiocre que le précédent, mais est surtout le prétexte pour repartir sur les routes. Il est alors impossible de ne pas assister à un concert d’OBITUARY tant le groupe s’est produit de toute part.
Aujourd’hui, en 2013, le constat est un peu triste : le groupe a clairement perdu de sa superbe. D’ailleurs, il ne reste plus que 3 musiciens fondateurs du groupe : les frères Tardy (John au chant et Donald à la batterie) et Trevor Perez aux guitares.
Le bassiste originel, Frank Watkins a quitté le navire pour rejoindre les Norvégiens de GORGOROTH en 2010. Depuis, le vétéran Terry Butler (ex-Six Feet Under) a récupéré le poste.
Le 2e guitariste, Allen West et ses multiples frasques judiciaires a définitivement quitté le groupe en 2006. Et après l’intermédiaire Ralph Santolla (certes talentueux mais peu impliqué), c’est Lee Harrison, un guitariste studio, qui assure les dates de cette tournée européenne. Le gars a des références en ayant notamment dépanné ATHEIST dans les années 90.
L’attelage semble solide pour assurer cette nouvelle tournée intitulée « Rotting Slow Europe 2012 ». Cette année, le groupe a décidé de rendre hommage à ses albums séminaux, en ne jouant que des chansons issus de ses 3 fameux disques. Un rêve pour tout fan de Death Metal qui se respecte.
OBITUARY est accompagné pour cette tournée des Australiens de THE AMENTA et de PSYCHROPTIC ainsi que de leurs compatriotes vétérans de MACABRE.
Malheureusement, comme d’habitude serais-je tenter de dire, je n’arrive à me libérer que tardivement de mes différentes obligations (36.15 code MYLIFE). J’investis finalement la salle du CCO, remplie d’ailleurs comme un œuf, alors que MACABRE termine son set.

 

MACABRE
Depuis 1987, MACABRE distille une musique mélangeant le Grind et le thrash primaire. Les thèmes abordés tournent exclusivement autour des serials killers et de leurs méfaits sanglants. Le trio américain n’a jamais vraiment quitté la 2e division (voire la 3e division) des groupes d’extrême. D’ailleurs, vu leur manque de notoriété, MACABRE s’est rarement déplacé en Europe.
Les 3 musiciens sont loin d’être des manchots, et le leader / guitariste assure ses parties de 6 cordes en même temps qu’il chante. Chose étonnante il est équipé d’un micro porté en casque telle une opératrice de télémarketing. C’est assez amusant.
Le mec prend la peine d’introduire chacun de ses morceaux : en présentant, expliquant ce qu’il raconte. Si l’intention est bonne, l’exercice plombe complètement la dynamique du concert. Du coup, le public reste dubitatif et écoute poliment. (Voire s’endort profondément) Il faut dire que la musique très minimaliste reste peu palpitante. Personnellement, j’ai même un peu de mal à suivre. MACABRE ponctue ses morceaux de ritournelles enfantines complétement en décalage avec la sauvagerie des propos.
L’assistance se réveillera légèrement sur la reprise de COUNTESS BATHORY des helvètes de CELTIC FROST … la version est réussie mais pas transcendante non plus. Les gens sont surtout contents de se raccrocher à une chanson connue et entraînante, à mon avis.
Bref, une première partie intrigante mais finalement peu palpitante. Et en dehors de son aspect culte (vu la rareté du groupe en Europe) je ne retiens pas grand-chose.
Après cette fin de concert, je constate que les gens se sont déplacés en masse : 400 personnes à vue de nez. Je passe l’entracte à serrer les pinces des potos venus nombreux ! Hail to Yannick, Fab et Nico, Chewby, Denis, Misa-Misa, Hardos, Gerland …. Ils sont tous là ! (enfin presque : Où étais-tu ami Fully ? Tu as préféré rester devant la rediffusion de « Top CHEF » sur TF1 ?) …

 

OBITUARY

Après des premières parties un peu en dessous, le public se resserre et se rapproche de la scène. L’impatience est palpable. Et au bout de longues minutes d’attente, les premières notes retentissent enfin à travers les amplis. Le son si caractéristique d’OBITUARY envahit l’espace. Instantanément, les sourires fleurissent sur le visage des fans, qui frissonnent de bonheur.
Un Trevor Perez lance les hostilités : un « Stinkupuss » cradingue tiré du mythique « Slowy we Rot » !!! Ca pulse grave et tout de suite, le public rentre dans une sorte de transe tribale et déchainée. Un peu après, John arrive en lâchant ses premiers beuglements ! Et là, ça fait quelque chose : nous sommes emportés par le rythme et la folie pachydermique d’OBITUARY. Les riffs monolithiques et entêtants nous labourent les tympans.
C’est littéralement l’hystérie parmi les fans qui n’attendaient que ça. Le plaisir pris par les musiciens semble incroyable. L’assistance n’est pas en reste, car il est impossible de rester insensible à ce groove frénétique.
Les diables d’Américains ne nous avaient pas menti : le concert s’ouvre sur pas moins de 6 extraits de « Slowly we rot ». Une baffe monumentale : même dans mes rêves les plus inavouables je n’avais pas imaginé cela. Dans le CCO, la température monte de plusieurs degrés, et vu les morceaux joués, on a l’impression de se retrouver à Tampa, Floride au cœur du bayou, à la fin des années 80. La machine à remonter le temps marche à pleine !
John Tardy est toujours vêtu de son éternel bermuda … En 21 ans de carrière, je crois que le mec n’a jamais changer de tenue. Par contre, ce qui a changé, ce sont les mines réjouies que les musiciens affichent. Les membres d’OBITUARY ne prennent plus la peine de faire des têtes de croque-morts ou de serial killers. Les gars sont là pour partager leur musique en tout simplicité. Ils ne se cachent plus derrière des masques factices pour jouer des rôles de gros méchant. C’est particulièrement flagrant avec Trevor Perez. Ce guitariste m’a toujours fait peur : encore plus depuis qu’il arbore une magnifique barbouze d’homme des cavernes. Mais aujourd’hui, le mec est aux anges, ravi d’être là, souriant et agréable. Il multiple les blagues avec son pote de toujours, John Tardy. Une vraie complicité tissée depuis de nombreuses années semble unir les 2 hommes.
Le groupe a la bonne idée de découper son concert en 3 parties distinctes : une partie pour chaque album. Donc après les 6 morceaux issus de « Slowly we rot », OBITUARY enchaine avec 4 chansons issues de « Cause of Death », puis termine sur 4 extraits de « The End Complete ».
Après un peu plus d’une heure de plaisir, le groupe quitte la scène. Avant bien sûr, de revenir pour un court rappel. C’est d’abord Donald Tardy qui assène un bref solo de batterie, finalement efficace et réussi. Sachant à quel point je hais cet exercice, ces quelques mots sont vraiment à prendre comme un compliment de ma part. OBITUARY nous achève avec un dantesque « Slowly we rot » issu de l’album éponyme.
Les riffs entêtants résonnent encore dans nos oreilles en quittant le CCO. Les absents avaient tort, comme souvent. Pour conclure, c’est tout simplement le meilleur concert d’OBITUARY qu’il m’ait été donné de voir depuis leur reformation. Ils ont été largement dignes de leur place dans le panthéon du Death Metal.
Par contre, après cette soirée plus que réussie, que pourront donc bien nous proposer les Américains ? L’avenir nous le dira.
Set-liste – Obituary – 12 novembre 2012 – CCO
01. Stinkupuss
02. Intoxicated
03. Blood Soaked
04. Immortal Visions
05. Gates to Hell
06. Infected
07. Cause of Death
08. Chopped in Half
09. Turned Inside Out
10. Body Bag
11. Killing Time
12. The End Complete
13. Dead Silence
14. I’m in Pain
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15. Slowly We Rot
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Une réponse à OBITUARY, mardi 11 décembre 2012, CCO, Villeurbanne

  1. Jean Riboud dit :

    Obituary au CCO, déjà deux mois. En tout cas la lecture de ce beau texte rappelle de bons souvenirs.
    ( N’oubliez pas SEPULTURA le 1er mai 2013 à Bourg-en-Bresse, ma ville. Merci Raph et Laurent).

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