D.A.D, Jeudi 28 mars 2013, Ninkasi Kao, Lyon

Par Raph

 

Depuis quelques années, les concerts improbables se multiplient sur Lyon. Improbables dans la mesure où des groupes qu’on n’aurait jamais imaginé voir sur scène à la maison viennent maintenant nous rendre visite pour des prestations Live.
J’en vois la manifestation de l’évolution du marché de la musique où les ventes d’albums n’atteignent plus des niveaux de rentabilité respectables. Les groupes tentent de compenser cette baisse de revenus en multipliant les concerts et notamment dans des endroits qu’ils avaient parfaitement ignorés jusque-là.
Ainsi, par exemple, sur Lyon, nous avons eu droit à la visite de formations telles que ENSLAVED, THE HAUNTED, THE 69 EYES, HARDCORE SUPERSTAR, KING’S X … Des groupes de niches qui se sont rendus compte que nous existions et qui prennent la peine maintenant de visiter notre belle vallée rhodanienne.
Ce soir, la salle du NINKASI KAO accueille un autre exemple de groupe suivant cette tendance: D.A.D (ou Disneyland After Dark ! Mais ce nom est à proscrire pour des soucis de Copyright). La formation danoise évolue depuis le milieu des années 80 dans un hard rock mélodique et jubilatoire, assez proche de la mythique scène glam californienne. Depuis sa création, D.A.D ne s’est jamais vraiment intéressé à la Province, résumant ses passages en France à des gigs parisiens. Bon, il faut avouer que la renommée de D.A.D dans notre beau pays est, au mieux, confidentielle. C’est ce que j’appelle le syndrome « Johnny Hallyday » qui protège les chastes oreilles françaises des effluves rock venues de l’étranger. En effet, pour la grande majorité des Français, le rock se résume à notre Jojo. Ainsi quant à la fin des années 80, D.A.D entrevoit un joli succès international avec son album « No Fuel for the Pilgrims », la France les ignore superbement.
Après toutes ses années, c’est une vraie surprise de voir D.A.D se produire ce soir au KAO. Comble de joie, la première partie est assurée par les Franciliens de BUKOWSKI (où la nouvelle référence du Rock français un peu dur). La presse spécialisée s’est emballée sur ce trio de power musclé et burné. Personnellement, je ne connais que leur réputation mais j’ai hâte de les découvrir sur scène.
Jusqu’au dernier moment, compte tenu des préventes lamentables (si j’ai bien compris), la tenue de ce concert reste incertaine. Merci à Base Productions d’avoir tenu ses engagements. La même mésaventure subie par WALTARI (autre groupe improbable programmé au KAO en 2012, finalement annulé … à cause du nombre faramineux (sic) de préventes : 16 !!) est évité. Au contraire même, lorsque que BUKOWSKI attaque sa prestation, le KAO est bien plein. A vue de nez près de 400 personnes ont fait le déplacement ! La moyenne d’âge est assez élevée et les tee-shirts métalliques (vous savez les noirs avec des logos indéchiffrables imprimés dessus) sont rares. Ce public rock et mature est prêt à faire la fête ce soir.

 

BUKOWSKI
Comme précisé plus haut, je découvre BUKOWSKI ce soir. Et manifestement, vu les premières réactions un peu amorphes du public, je ne suis pas le seul. Au début, l’assistance reste sur la défensive et écoute timidement. BUKOWSKI propose un power Rock charnu et puissant, à la limite du Stoner. J’avais lu que le groupe se produisant en trio, manifestement, les choses ont changé : car un 2e guitariste s’est joint à la fête. Le son est du coup tranchant et bien rentre-dedans. Après vérification post-concert, ce nouveau musicien n’est autre que Fréderic DUQUESNE, un producteur assez réputé (le son du dernier MASS HYSTERIA c’est lui !) qui avait sévi du côté de WATCHA et EMPYR (mouais, bon !). Le gars a rejoint les BUKOWSKI très récemment. Vu la dynamique qu’il insuffle au concert, je crois qu’on peut parler de succès (bon, à part sa coiffure qu’il va falloir reprendre, parce que les Dreads décolorées ça va pas être possible).

 

Le bassiste revêtu d’un beau tee-shirt NAPALM DEATH du plus bel effet est complétement déchainé. Il est vrai que la musique du groupe s’y prête : simple (mais pas simpliste), puissante et racée. Elle est une véritable invitation au craquage de cou. Et le public, après un temps d’adaptation, se laisse finalement porter gentiment par la furia de BUKOWSKI. A tel point, que le bassiste tentera vainement de lancer un Wall of Death !!! Le public, assez peu métal et plutôt ancien ne comprend pas trop l’exercice. La tentative est un bel échec absolu, mais ce n’est pas bien grave, cela résultant plus d’un problème culturel que d’un manque d’envie.
BUKOWSKI clôture son live en nous annonçant que nous allons en prendre plein la vue et les oreilles avec les D.A.D
En tout cas, la prestation du groupe est vraiment convaincante, pleine d’entrain. Personnellement, j’ai été séduit et je repars avec le 2e album de BUKOWSKI sous le bras. Malheureusement, le tout dernier disque (le 3e) ne sortira que dans 15 jours, mais fera sans aucun doute parti de mes priorités d’achat.
Set-liste – BUKOWSKI – Lyon, 28 mars 2013
01. Downtown Revenge
02. Carnivorous
03. PillBox
04. Mysantropia
05. The Midnight Son
06. Car Crasher
07. Hardtimes
08. My name is Kozanowski
09. Hit the ground again

 

D.A.D
Après un changement de plateau rapide, les Danois de D.A.D montent sur scène. Le groupe des frères Binzer (Jesper au chant et la guitare et Jacob, à la lead guitare) semble être dans une forme olympique.
Très souriant, Jesper s’acharne à prononcer quelques phrases en français, non sans succès. Ainsi, il va répéter quasiment entre chaque morceau dans un français hésitant « Aujourd’hui : vendredi ! Demain : samedi !» Sous-entendu : inutile d’aller travailler demain, profitons-en pour faire la fête ! Je rappelle quand même que nous sommes bien, jeudi aujourd’hui ! « Aujourd’hui : soleil, pas pluie !! » Haha très drôle, sachant que des trombes d’eau s’abattent sur la capitale des Gaules depuis quelques jours. En tout cas, D.A.D s’amuse sur scène et tient à nous faire partager sa joie de vivre.
Jacob déborde de feeling et pose ses solos avec classe. Il porte un chapeau haut de forme très smart qu’il soulève régulièrement pour nous saluer. Jesper quant à lui porte fièrement une veste de costard et une petite chemise la aussi très élégante. D’ailleurs, il ne quittera pas sa veste du concert : impressionnant vu la chaleur ce soir dans le NINKASI KAO.
En tout cas, le contraste est saisissant avec le batteur et le bassiste qui passent tous les deux rapidement torse nu, dégoulinants de sueur.
Le bassiste justement parlons-en ! … Stig Perdersen est assurément le clou du spectacle et le clown de D.A.D. D’habitude, si je reprends la théorie d’un de mes camarades (Hail to Chacal !), un bassiste ne sert pas à grand-chose. Musicalement, Stig semble le confirmer jouant sur une basse 2 cordes!! Oui 2 ! LA et MI uniquement ! Du coup, pour compenser cette apparente désinvolture musicale, le musicien bouge de partout montant sur les amplis, la batterie … Avec cette attitude totalement nonchalante, il me fait furieusement penser à un flamand rose.
En plus de son jeu de scène énergique et décalé, Stig finit d’assurer le spectacle en changeant de basse tous les 2 morceaux. Et sa collection de basses customisées est tout bonnement incroyable. Le gugusse commence son défilé tranquillement, avec une basse juste translucide (presque sobre du coup), il endosse ensuite une basse « Cadillac » du meilleur effet, puis la basse « inversée » (exceptionnelle !!) où la tête est placée à la place du corps et le corps à la place de la tête, puis vient la basse en forme de logo du groupe et il finit sur la basse « Missile américain » (un must celle-ci)!!! Le public se prend au jeu et attend impatiemment chacune de ses nouvelles créations. Je ne sais pas s’il les fabrique lui-même mais ses basses sont hallucinantes.
Donc, si visuellement, le spectacle est bien présent sur les planches du KAO ce soir, qu’en est-il de la musique ?
Et bien, D.A.D fait du D.A.D ! Chaleureux, racé et énergique ! Les Danois déroulent leurs chansons dans une franche bonne humeur. Le son est très bon et les lights efficaces nous permettent d’admirer les déhanchés du bassiste fou furieux. Forcément, le « Jihad » extrait du référentiel « No fuel left for the Pilgrims » placé en 2e fait son petit effet. Au contraire de BUKOWSKI, le public est tout de suite à fond. D’ailleurs, les vrais et purs fans semblent être nombreux dans la salle car plusieurs chansons verront leurs paroles chantées par un public aux anges. Les Danois semblent surpris et surtout ravis par cet accueil.
3 extraits du dernier effort de D.A.D (« Dic.Nii.Lan.Daft.Erd.Ark ») s’intègrent parfaitement dans la set-liste. Le morceau « I want what she’s got » est rallongé pour finir en solo de batterie échevelé, bien rock ’n roll.
D’ailleurs, je ne sais pas quelle est la durée habituelle des concerts sur cette tournée. Mais D.A.D nous gratifiera d’une prestation de plus de 1 heure 45 ! Remarquable !
Après un premier rappel avec une version ultra rallongée du référentiel « Sleeping my day away », les Frères Binzer reviennent tous les deux pour un morceau acoustique réussi et surtout émotionnel. Jesper choisit ce moment pour nous avouer que demain c’est bien vendredi, et qu’il faudra bien aller travailler … Triste ! A force de l’avoir répété, nous étions tous persuadés que nous étions vendredi.
Pour conclure, un excellent concert festif et un brin déjanté qui aura collé un large sourire à tous les Lyonnais présents ce soir. Merci D.A.D ! Merci Base Productions et merci Roger !

 

Set-liste – D.A.D – Lyon, 28 mars 2013
01. Isn’t That Wild?
02. Jihad
03. Road Below Me
04. A New Age Moving
05. Everything Glows
06. Rim Of Hell
07. Grow or Pay
08. Unowned
09. Black Crikets / Ridin With Sue
10. Last Time In Neverland
11. Monster Philosophy
12. I Want What She’s Got
13. Bad Crazyness
14. Evil Twin
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15. Sleeping My Day Away
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16. Laugh ‘n’ A Half (Accoustique)
17. It’s After Dark
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