Par Raph
En prenant le chemin du Transbordeur en ce dimanche en compagnie de ma tendre et douce, je m’étonnais du chemin parcouru par les Frenchies de GOJIRA découvert pour ma part en 2005 en première partie de MORBID ANGEL ! A force d’albums réussis, de tournées incessantes et surtout d’un travail acharné et passionné, les Bayonnais sont devenus la référence Metal (voire plus) dans notre beau pays. Ainsi, par exemple, GOJIRA a même été désigné « meilleur groupe de Rock Français 2013 » pour le magazine MYROCK. GOJIRA récolte aujourd’hui le fruit de tous leurs efforts consentis toutes ces années. Cette réussite passe aussi par une belle consécration à l’étranger, aux Etats-Unis notamment. Les médias spécialisés américains mangent dans la main de GOJIRA (Meilleur album de l’année pour le magazine METAL HAMMER par exemple) A la vue de tous ces signes de succès, je reste abasourdi par cette réussite. Car GOJIRA n’a jamais fait de concession : son Death metal, certes intelligent et presque citoyen voire engagé dans l’esprit, sonne tout aussi violemment que les maitres du style (MORBID ANGEL en tête). En Live, cette brutalité s’exprime clairement et fait la force et la particularité d’un concert de GOJIRA. Une violence presque animale et viscérale qui peut facilement retourner une salle complète. Pour moi, le meilleur exemple reste encore leur prestation en première partie de SLAYER l’année dernière à Clermont-Ferrand où en 45 minutes, GOJIRA avait littéralement plié le public sous une coulée de Death incandescent. Vu le buzz provoqué en France par GOJIRA, j’imagine que de nombreux curieux se sont glissés parmi les fans présents ce soir. En tout cas, la grande salle du Transbordeur est pleine à craquer avec plus de 1500 personnes prêtes à en découdre. Nous ne sommes pas loin du sold-out, ce qui est assez rare pour être signalé. Comme d’habitude serais-je tenté de dire, nous arrivons complètement à l’arrachée, les 2 groupes de premières parties : HYPNO5E et KRUGER ayant déjà joué. Nous retrouvons le grand Timonier Laurent à l’entrée du Transbordeur, en train de flyer pour la plus grande émission de radio de l’univers (NOISE POLLUTION tous les vendredi 20-21h sur RADIO CANUT 102.2FM-Lyon) Pour KRUGER : pas de regret. J’avais eu l’occasion de croiser les post-coreux helvétiques il y a quelques temps au Marché Gare. Leur prestation lancinante m’avait laissé de marbre. Par contre, les HYPNO5E m’intéressaient plus. La formation montpelliéraine issue du collectif de la KLONOSPHERE (encore !!!) enflamme le web depuis quelques temps avec son metal ambiant et alambiqué… tant pis … J’essayerai de les capter une prochaine fois.
GOJIRA
Arrivé au dernier moment donc, nous arrivons tout de même à nous frayer un passage à travers la foule compacte pour arriver juste devant la scène du Transbordeur. L’entracte nous permet d’admirer le décor de scène, composé d’une énorme statue représentant « L’homme arbre » issu de la couverture du dernier méfait de GOJIRA « L’enfant sauvage ». Juste devant, l’imposant kit de batterie de Mario Duplantier trône. Le reste est très épuré : un grand drap blanc en guise de back-drop et de nombreux amplis, positionnés très en avant, laissant a priori peu d’espace aux musiciens. Les lumières s’éteignent enfin, et la foule se met aussitôt à rugir ! Le public est prêt à se lancer dans la mêlée. Le back-drop se met alors à scintiller évoquant un ciel étoilé en plein été. C’est ce qui plait chez GOJIRA … un groupe qui joue sur ce paradoxe : jouer une musique ultra violente tout en s’éloignant de toute l’iconographie normalement associée au Death metal. Pas de tête de mort, de démon, de noir … au contraire des symboles lumineux et naturels. Ce décalage est sans doute une des clés de leur succès. Cependant, malgré cet emballage accueillant, il ne faut pas oublier l’essentiel : la musique. Mario Duplantier le batteur arrive le premier, levant le poing tel un gladiateur devant une foule assoiffée de sang, son frère, Joe, et les 2 autres musiciens déboulent ensuite sur les planches. La scène s’allume enfin et GOJIRA entame son set avec le morceau ouvrant le dernier album « Explosia ». Tout de suite, je suis impressionné par les lights et la clarté du son : énorme et précis, il résonne dans nos entrailles. Le groupe est impressionnant de technique, restituant parfaitement son Death Metal aux (légères) influences progressives. Musicalement, je songe souvent à CYNIC et à MORBID ANGEL. Le public qui était sur les starting blocks réagit immédiatement et se transforme en un océan déchainé de sueurs et de cheveux. D’autant plus que GOJIRA poursuit cette alléchante introduction par un enchaînement « Flying Whales » / « Backbone » ! Les Riffs lourds et puissants labourent consciencieusement les oreilles de l’assistance : Pogos et circle-pits s’enchaînent sans discontinuer pour le plus grand plaisir des fans ! J’imagine que les curieux ont un peu de mal avec cette débauche d’énergie dans la fosse. Rapidement, les premiers commencent à refluer vers l’arrière de la salle laissant le champ libre aux fanatiques athlétiques. En termes de set-liste, GOJIRA nous assène tous ses tubes : issus essentiellement de ces 3 derniers albums. Seul un « Remembrance» et un « Wisdom Comes» issus de « The Link » nous rappellent que les Bayonnais ont eu carrière avant leur fantastique 3e album, « From Mars to Sirius ». Joe Duplantier prend la parole plusieurs fois : dédicaçant tel morceau à tous les musiciens pressant dans le public, en évoquant avec une certaine émotion leur premier passage à Lyon en 2001 (en première partie de Machine Head) ou en introduisant tel ou tel morceau. Les déflagrations métalliques s’abattent les unes après les autres sur nos têtes. L’énergie dégagée par les musiciens et par l’assistance est incroyable ! Vu cette brutalité presque primitive, je m’interroge encore sur leur succès dans notre beau pays. En tout cas, GOJIRA se présente bel et bien comme le plus grand groupe français : il n’a absolument rien à envier aux machines américaines ou scandinaves. Les musiciens sont ravis de l’accueil réservé par le public lyonnais. Celui-ci répond à toutes les sollicitations du groupe. Les musiciens affichent un franc sourire. Et se démènent comme des beaux diables. Les 2 frères Duplantier Mario et Joe occupent le centre de la scène, attirant tous les regards. Leur complicité fraternelle est belle à voir tout comme leur implication très physique. Sur les côtés, le guitariste Christian Andreu et le bassiste Jean-Michel Labadie ne sont pas en reste. Cependant, malgré ces efforts, Christian fait pâle figure à côté du bassiste, déchainé ! Globalement, c’est bien tout le groupe qui dégage une puissance incroyable. Et le public se montre à la hauteur ce soir. En court de concert, Mario Duplantier nous fait un solo de batterie totalement dispensable. Après toutes ces années à arpenter les salles de concert, je n’ai toujours pas compris l’intérêt de ce genre de solo. Nous savons que ces batteurs sont techniquement monstrueux (je rappelle que c’est juste leur métier) Pourquoi ne pas profiter de ce temps imparti pour jouer un morceau supplémentaire ? (un petit « Love » à tout hasard ?) En tout cas, à l’issue du set, Joe Duplantier remercie plusieurs fois le public pour sa frénésie affichée, nous proposant même de l’accompagner sur l’ensemble de la tournée. Belle preuve de l’osmose entre GOJIRA et ses fans. Un seul regret (car il y en a un) le concert est extrêmement court. Au bout d’une heure, le groupe se retire pour le traditionnel rappel : un dernier morceau et c’est plié. Une heure dix montre en main ! Je peux comprendre que vu les litres de sueur perdus sur scène il soit difficile de faire plus … mais tout de même. Cela reste très court ! Remarque vu le nombre de curieux et de dandys venus pour voir la « révélation rock » de l’année, c’est peut être suffisant. Il fallait pouvoir physiquement encaisser ce parpaing métallique et aiguisé dans la tronche. En tout cas, vous l’aurez compris. GOJIRA a assuré son concert avec passion et envie délivrant même ce que je qualifierais de véritable première tuerie en 2013 pour moi.Set-Liste GOJIRA – Lyon, 7 avril 2013 01. Explosia 02. Flying Whales 03. Backbone 04. The Heaviest Matter Of The Universe 05. L’Enfant Sauvage 06. Liquid Fire 07. Remembrance 08. Wisdom Comes 09. Oroborus 10. The Axe 11. Vacuity —————————— 12. The Gift Of Guilt