C’est l’été : période bénie entre toutes où le soleil nous réchauffe le cœur, où les jupes raccourcissent et surtout où les festivals fleurissent à travers toute l’Europe.Après un Hellfest tonitruant, il est temps de se pencher sur d’autres évènements peut être moins grandioses mais intéressants tout de même.
Cette année, ce sont les Eurockéennes de Belfort qui ont attiré mon regard aiguisé. Largement subventionné, ce festival très généraliste a parfois proposé des groupes intéressants perdu au milieu de la logorrhée habituelle constituée de trucs pop rock ultra mainstream (au hasard, cette année, -M-, BLUR, LOU DOILLON et compagnie).
Ainsi dans les nineties, ma tendre et moi avions pu assister à des prestations marquantes de PARADISE LOST, RAMMSTEIN, BODY COUNT ou autre SENSER ! Une autre époque certes …En 2013, mon sourcil droit s’est dressé de curiosité à la vue de la programmation proposée le dimanche. Jugez plutôt : GRAVEYARD, KVELERTAK, MASS HYSTERIA, RED FANG et NEUROSIS ! Ha oui ? Quand même !!! Mais avant tout, l’argument massue est bien le passage de KVELERTAK à moins de 400 kilomètres de la maison !!!
KVELERTAK ou la dernière grosse sensation black n’roll venue de Norvège. En 2 albums uppercuts, le groupe nous a littéralement séduits.Ce mélange de sauvagerie, de chants hurlés type black et surtout d’un groove terrible suinte le plaisir. A ce titre, je ne remercierais jamais assez l’ami Féfé de me les avoir fait découvrir au détour d’un apéro. Inutile d’hésiter plus longtemps : directement le territoire de Belfort en ce premier week-end de Juillet ! Et après quelques heures de route, bercés par l’écoute de quelques CDs triés sur le volet, nous voici garé sur un vaste aérodrome transformé en parking géant… Les voitures échouées s’étendent à perte de vue. Nous arrivons pour le dernier jour du festival et ça se voit !
Des épaves humaines fortement imbibées sont allongées dans tous les coins : je suis presque amusé de voir que, festival généraliste ou pas, les festivaliers ont les mêmes comportements festifs partout. Ouf : les métalleux ne sont donc pas plus bêtes que d’autres types de fans.Les Eurockéénnes semblent avoir bien organisées les choses: des bus spécialement affrétés font la navette régulièrement entre le parking et le site même du festival.
La queue à l’arrêt est impressionnante, mais le débit fluide. Nous n’attendrons que quelques minutes avant d’embarquer dans un bus. Dans la file d’attente, nous faisons tâche avec nos tee-shirts HOLY CROSS et MY DYING BRIDE : amusant, de se retrouver mêlés à la foule bigarrée d’un festival généraliste. On s’amuse à essayer de trouver des compatriotes métalleux … sans succès …Après un court trajet, le bus déverse sa cargaison de festivaliers tout près de l’entrée du site. Une chose est frappante (en comparaison avec le Hellfest, ma référence en terme de festival) : la présence démesurée des forces de l’ordre ! Des cars entiers de CRS sont en effet garés bien en évidence devant l’entrée … Bizarre, bizarre ! Craignent-ils le comportement excessif des petits festivaliers?
Le site des Eurockéénnes en lui-même est magnifique : situé sur une presqu’ile, l’endroit est bucolique, couverts de végétation luxuriante. Les lieux légèrement accidentées sont parfaitement adaptés pour accueillir plusieurs scènes, bien séparées.Entre les arbres, on aperçoit un peu partout les eaux du lac de Malsaucy où les bateaux et les planches à voile avancent paresseusement. Un vrai décor de vacances ! Question affluence, la foule est omniprésente, mais il est évident que le festival des Eurockéennes est plus petit que le Hellfest.
GRAVEYARD
En ce dimanche d’été, le premier groupe suscitant mon intérêt est donc GRAVEYARD. J’avais volontairement zappé leur prestation au Hellfest sachant que je les verrais dans ce cadre quelques semaines plus tard. Les Suédois se produisent sur la scène dite de la PLAGE, montée sur pilotis directement sur le bord du lac. En plein après-midi, avec le soleil qui brille de mille feux, les pieds dans le sable, les effluves d’huiles solaires chatouillant les narines, on se croirait presque à Palavas les Flots. Les vacances, je vous dis! D’ailleurs, les spectateurs semblent somnoler dans la chaleur estivale, et baillent aux corneilles. Le public ne semble pas du tout concerné par la prestation de GRAVEYARD.
Drôle d’ambiance… Pourtant, le concert est très carré : le rock très teinté seventies sonne particulièrement bien sur cette scène. Le groupe parcourt sa discographie avec talent mais malheureusement dans l’indifférence générale. Il faut dire que le chanteur, Joakim Nilsson, ne fait rien non plus pour s’attirer l’attention de l’assistance. Du coup, malgré la qualité de sa musique, GRAVEYARD fait un flop retentissant. Je reste fan des albums (notamment « Hisingen Blues ») mais il faut reconnaitre que sur ce concert, les Suèdois n’y étaient pas. A revoir dans un cadre peut être plus approprié.
KVELERTAK
Après cette entame mitigée, on file vers la LOGGIA, un minuscule espace situé en face de la scène principale des Eurockéennes, difficile à trouver. C’est sur cette scène presque intimiste que KVELERTAK doit se produire. Pour se rendre à la LOGGIA, on passe devant la grande scène pendant que KENY ARKANA termine sa prestation jumpisante devant une foule en délire… ça a l’air de bien marcher pour elle.
Je suis heureux de voir que tous les métalleux présents en ce jour se sont données rendez-vous devant la LOGGIA … Étant bien en avance, on arrive à se positionner tout près de la barrière de sécurité. Les vikings venus du nord débarquent enfin sur le monstrueux « Åpenbaring » qui ouvre aussi leur dernière offrande, « Meir ». Ce titre a un truc de magique, avec une montée en puissance toute jouissive qui nous permet de profiter tour à tour des 3 guitares du groupe. Torse nu exhibant ses magnifiques abdos kros et ses tatouages tout baveux, coincé dans un jeans slim 3 tailles trop petit, caché derrière ses cheveux tout crades, l’affreux hurleur de service se positionne au milieu des musiciens : il porte sa chouette empaillée sur la tête !!!! Et finit par éructer ses premiers hurlements !! L’orgasme est atteint.
Le brailleur lâche rapidement sa chouette pour slammer dans la foule, remonter illico sur scène, se donner à fond … Les 6 (!!) musiciens sont déchainés et affichent de larges sourires de vainqueurs. Notamment, les 3 guitaristes se relaient sans cesse pour monter sur les gigantesques caissons, pour communier avec le public : les refrains hyper catchy des morceaux sont là pour fédérer l’assistance ! Dans la fosse c’est la guerre! Ça bangue à tout va ! Les pogos virils s’enchaînent dans une tornade de poussière ! L’énergie dégagée est juste redoutable. Humainement, il n’est pas possible de rester stoïque à l’écoute de cette succession d’hymnes festifs et épiques.
Le groupe se donne à fond pendant plus d’une heure : tous leurs plus grands titres y passent. « Mjød », « Nekrokosmos », « Bruane Brenn », « Kvelertak » … Une boucherie je vous dis ! Dans le public, un gigantesque bucheron scandinave brandit fièrement un immense drapeau norvégien pour le plus grand bonheur du groupe.
Pour résumer, KVELERTAK c’est ça : un côté punk ultra-jouissif presque dansant et surtout une pêche phénoménale qui donne envie de tout arracher. Une vraie giclée d’énergie pure ! Merci les gars !
Set-List KVELERTAK – 07-Juillet-2013
02. Spring fra livet
03. Mjød
04. Fossegrim
05. Ulvetid
06. Bruane Brenn
07. Nekrokosmos
08. Månelyst
09. Evig Vandrar
10. Offernatt
11. Blodtørst
12. KvelertakAprès cette orgie musicale et une razzia au maigre stand de merch’ officiel, on retourne sur la plage pour le concert suivant, MASS HYSTERIA.
MASS HYSTERIA
Les Français fêtent leurs 20 ans d’existence cette année. 20 ans ! Diantre ! En 95, nous les avions déjà croisés aux Eurockéennes, à l’époque de l’album « Contraddiction » il me semble. Depuis beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, et je dois bien avouer que je les ai un peu perdu de vue. Recroisés en première partie de Metallica, aux arènes de Nîmes en 2009, Mouss et sa bande s’étaient rappelés à nos meilleurs souvenirs avec leur rock / Metal / Hardcore. Il n’est jamais évident de jouer avant les 4 horsemens pourtant les Mass s’en étaient vraiment bien sortis, jouant la carte de la sincérité. L’année dernière, la sortie de leur disque « L’armée des ombres » m’avait aussi bien interpellé : album sombre et très metal.
Et finalement, ce concert en territoire de Belfort va totalement me convaincre. Oui, MASS HYSTERIA déboite sur scène, proposant un show fêtard et énergique ! Comme quoi, on peut chanter en français, raconter des bêtises entres les morceaux et envoyer gravement la sauce. « Positif à bloc », « P4 », « Respect on the Dancefloor », « Furia » … les tubes sont tous égrenés dans une ambiance de fête.
Mouss fait passer quelques messages entre les morceaux : « Vous êtes des résistants culturels en assistant à des concerts, en visitant des expos … : vous n’êtes pas devant la télé », « respect à tous ceux qui font des kilomètres pour assister à des concerts », etc … MASS HYSTERIA ne cesse de jouer avec son public : organisant un circle-pit endiablé dans la foule (je précise : avec le groupe jouant au milieu du pit), en faisant monter le public sur scène , etc ….
En conclusion, leur prestation m’a vraiment convaincu : je serais du prochain concert sur Lyon.
Set-List MASS HYSTERIA – 07-Juillet-2013
01. Positif à bloc
02. Tout doit disparaître
03. World on Fire
04. Babylone
05. Une somme de détails
06. L’Esprit du temps
07. Failles
08. P4
09. Sur la brèche
10. Mass Protect
11. Donnez-vous la peine
12. Pulsion
13. L’homme s’entête
14. L’Archipel des pensées
15. Respect to the Dance Floor
16. Contraddiction
17. Furia
S’en suit un long break avant le dernier concert de la journée, NEUROSIS : j’étais plus parti pour voir RED FANG mais les 2 groupes ont échangé leurs places. Du coup, j’assisterai à la prestation des ténébreux Américains. Longue pause qui nous permet de constater que les stands de bouffe sont tout aussi immondes et prohibitifs qu’au Hellfest : j’ai bien l’impression que c’est une constante pour tous les festivals. Triste …
NEUROSIS
De retour sur la plage, je constate que le public est encore plus clairsemé que pour GRAVEYARD. Il faut dire qu’en même temps la panthère noire SKUNK ANANSIE a investi la grande scène des Eurockéennes. J’avoue avoir hésité un bon moment avant de venir m’échouer sur la plage. Et mauvaise pioche ! Car clairement, NEUROSIS est fatigué et manque cruellement d’énergie. Les Américains s’attardent sur leurs 2 derniers albums (Pas forcément leurs plus réussis à mon humble avis), avec notamment 4 extraits (sur 7 chansons jouées!!) de leur dernier…
Du coup, ça fait la gueule sur scène et dans le public aussi … Seul Noah Landis, le clavier est encore une fois complétement possédé derrière son instrument. Lui, clairement, il se fait plaisir mais c’est le seul. Les 4 autres sont tout mous, et notamment Scott Kelly qui manifestement voudrait être ailleurs. Je ne sais pas : peut-être que le fait de jouer en pleine lumière (il est presque 22h mais la luminosité reste forte) fait que le mythe en prend un coup (NEUROSIS joue d’habitude sans aucun light) Le son aussi n’est pas top (notamment les voix). La musique de NEUROSIS normalement bouleversante ne me touche pas du tout aujourd’hui. Est-ce le fait d’être entouré par des spectateurs qui manifestement se sont perdus et semblent ne rien comprendre à ce qui se passe sur scène qui m’a perturbé ?
En tout cas, la prestation me parait ennuyeuse … Dommage !
Set-List NEUROSIS – 07-Juillet-2013
01. My Heart for Deliverance
02. At the End of the Road
03. From the Hill
04. At the Well
05. The Tide
06. We All Rage in Gold
07. Bleeding the Pigs
Triste concert qui clôture cette journée pourtant globalement réussie aux Eurockéennes. MASS HYSTERIA et surtout KVELERTAK ont délivré des prestations irrésistibles !
Je profite d’ailleurs de ce billet pour lancer un appel officiel : « Monsieur Ben Barbaud ! KVELERTAK doit absolument jouer au Hellfest ! Et dès cette année si possible ! Merci de votre compréhension Monsieur Barbaud »