Dans la grande série des évènements immuables, nous pouvons compter l’arrivé des impôts, la fête des mères, les matchs de coupe d’Europe de l’OL et … le traditionnel passage des Suédois de DARK TRANQUILLITY dans notre belle capitale des Gaules.
Depuis de nombreuses années, le groupe a pris l’habitude de programmer une date chez nous pour notre plus grand plaisir. Cette année, DARK TRANQUILLITY est accompagné des Norvégiens de TRISTANIA pour une affiche totalement scandinave et quelque peu bigarrée où le Death mélodique Suédois s’allie au Doom-Death à chanteuse.
Il ne faut pas se mentir ; nous nous déplaçons ce soir essentiellement pour DARK TRANQUILLITY. Le groupe fait partie des pionniers du Death mélodique Made in Gotebörg (avec IN FLAMES, AT THE GATES, GARDENIAN et quelques autres) Depuis les années 90, les disques se sont succédés avec succès et le dernier « Construct » sorti en 2013, ne fait pas défaut à la règle. Les mélodies sont toujours aussi percutantes mais avec un chant qui s’éclaircit grandement et un côté pop de plus en plus prononcé. Les morceaux sont moins complexes mais sont souvent parés de refrains implacables.
Nous arrivons sous un ciel gris et pluvieux, en retard, comme d’habitude. Je ne vous referais pas le laïus sur les gens qui essaient de concilier une vie de famille, un boulot et les sorties en concert. Compliqué d’être à l’heure! Dommage car pour cette date lyonnaise, le groupe de metalcore parisien, DARKNESS DYNAMITE s’est greffé à l’affiche, rajoutant un style supplémentaire à cette soirée déjà variée. Sans révolutionner le genre, leur dernier album « Under The Painted Sky » est efficace et très technique, avec un côté un brin psychédélique étonnant. J’aurais bien voulu assister à leur prestation mais malheureusement, compte tenu du timing, ça ne sera pas possible. Tant pis !
TRISTANIA
La soirée commence donc pour nous avec TRISTANIA. Dans les années 90, ce groupe a fait partie des précurseurs du Doom-Death gothique à tendance mélodique. TRISTANIA s’appuie sur la dichotomie de 2 voix : une féminine, aérienne et cristalline et une growlée, masculine. Cette formule a été largement popularisée par THEATRE OF TRAGEDY à l’époque. Opportunistes, les Norvégiens se sont engouffrés dans cette veine, avec un certain succès au départ. Je me souviens avec émoi de leur album « Widow’s Weeds », réussi. Depuis beaucoup d’eau à coulé sous les ponts, et le groupe n’a jamais quitté son rôle de suiveur, restant cantonné dans la 2e division du genre. Cette opportunité de jouer en première partie de DARK TRANQUILLITY est l’occasion de reparler du groupe, car je dois bien avouer qu’en ce qui me concerne, TRISTANIA avait disparu de mes écrans de contrôle.
A 20h15 tout juste, TRISTANIA déboule sur scène sur une introduction samplée de musique classique grandiloquente et peu inspirée. Cette tournée est l’occasion de promouvoir le dernier disque « Darkest White » qui va truster la moitié de la set-liste. Notamment, le concert débute avec pas moins de 3 extraits de ce disque. Globalement, le concert s’articule autour des 2 derniers albums correspondant à la période de la dernière chanteuse, l’italienne Mariangela Demurtas, arrivée en 2007.
Sur scène, la miss ne ménage pas ses efforts en head-banguant à la moindre occasion. Son grand sourire est assez magique : elle est manifestement contente d’être là. Tout le contraire d’Anders Høyvik Hidle, son partenaire chanteur. Le grand Viking chauve pose ses growls fatigués sans grande conviction tout en restant statique derrière son micro. Le contraste avec l’incandescente brunette est saisissant.
Un des guitaristes vient lui aussi pousser la chansonnette. Du coup, ce n’est pas moins de 3 voix qui se succèdent sur les morceaux de TRISTANIA.
Sur scène, les musiciens ne cessent d’échanger leur place dans un grand ballet schizophrénique. Mais malgré leurs efforts, le concert ne décolle pas vraiment. La faute sans doute à un son ultra plat manquant cruellement de dynamique. Il faut dire qu’avec ce choix de set-liste, TRISTANIA n’a pas la chance de pouvoir s’appuyer sur des chansons fédératrices, la période de gloire des Norvégiens se situant plutôt au siècle dernier. Du coup, à l’exception, de quelques fans massés devant la scène, l’intérêt du public reste juste poli (pour ne pas dire qu’on s’ennuie ferme).
Le featuring de la chanteuse de KELLS (régionale de l’étape) sur « Exile » reste totalement anecdotique. Etonnement, sur le dernier morceau du concert, « Year of The Rat », le public semble sortir de sa torpeur, mais trop tard.
Pour résumer, la prestation de TRISTANIA fut d’une linéarité confondante. C’est bien dommage, car Mariangela a clairement des atouts, notamment une spontanéité et une énergie intéressante.
Set-liste TRISTANIA – 14 novembre 2013
01. Number
02. Night On Earth
03. Himmelfall
04. Exile
05. Beyond the veil
06. Mercyside
07. Requiem
08. Darkest White
09. Year Of The Rat
DARK TRANQUILLITY
Après cette prestation quelque peu pénible, les choses sérieuses arrivent enfin. Les techniciens s’affairent pour installer le décorum des Suédois, à base d’étendards à l’effigie de la couverture du dernier album. Le public profite de cet entracte pour s’entasser dans le CCO. DARK TRANQUILLITY s’appuie sur une fan-base nombreuse. Mais même si la salle est bien remplie, on n’arrivera pas au total de leur fabuleux dernier concert en 2010 dans ces mêmes lieux.
Musicalement, le son est largement meilleur que pour TRISTANIA, ce qui nous permet de profiter pleinement des nombreux tubes de DARK TRANQUILLITY. Les musiciens arrivent sur « The Science of Noise », tiré du petit dernier disque « Construct ». Et au milieu du morceau, Mikael Stanne (dit « Mika ») surgit tel un diable hors de sa boite. Ultra charismatique, le chanteur fait plaisir à voir. Comme à chaque fois, il donne tout avec de grands sourires. Il tape dans les mains des premiers rangs, arpente la scène de long en large et n’hésite pas à se jeter dans la foule compacte pour un slam viril. Le succès est garanti. Quelle présence! Sa débauche d’énergie ne l’empêche pas de produire une prestation vocale carrée et inspirée. Galvanisé par Mikael Stanne, les slammeurs se multiplient … Le videur préposé a bien du travail!
Sur cette tournée, DARK TRANQUILLITY se produit sans bassiste (la basse est samplée) Sur scène, l’effet visuel est assez étrange avec un Mikael Stanne aérien, un clavier immobile sur une estrade, une batterie au fond, 2 guitaristes survoltés et un bassiste absent. Mais, à l’instar du chanteur, les musiciens présents sont irréprochables, assurant leur parties avec grand professionnalisme.
Depuis quelques tournées déjà, le groupe illustre chacun de ses morceaux par des vidéos projetés derrière la batterie. L’effet est vraiment réussi : et ça permet d’afficher les paroles pour les hurler lors des refrains! Bien vu!
Lors de cette tournée, DARK TRANQUILLITY a décidé de célébrer les 20 ans de « Skydancer », son premier album où Anders Friden (chanteur d’IN FLAMES aujourd’hui) officiait. Le groupe nous offre ainsi un antique « A Bolt of Blazing Gold » joué en duo avec la charmante Mariangela Demurtas, chanteuse de TRISTANIA restée dans les parages. Un grand moment de la soirée!
Les Suédois profitent de la présence de l’Italienne, pour enchaîner avec « Undo Control » issu du décrié « Projector », où pour une fois, les vocaux féminins ne sont pas samplés.
Après cette séquence presque magique, la fin du concert est plus débridée. Etonnement, et sans raison apparente, une drôle d’ambiance d’urgence s’installe. Je me demande si DARK TRANQUILLITY n’est pas en retard sur le timing prévu ou ce genre de choses. Car les musiciens multiplient les conciliabules inquiets entre eux. Du coup, les chansons s’enchainent sans temps mort et le groupe disparait rapidement après le classique « Final Resistance ». Heureusement, ils reviennent pour nous offrir un ultime « Misery’s Crown » en rappel.
Pour conclure, DARK TRANQUILLITY nous a délivré un concert d’un grand professionnalisme porté par la prestation habitée d’un Mikael Stanne ultra charismatique. Comme à chaque fois, le public a semblé en communion avec le chanteur suédois. Ce type a vraiment un magnétisme incroyable qui donne la banane. Et malgré la pluie qui s’abat tristement sur Lyon, nous repartons du CCO le cœur léger après un live enthousiasmant et chaleureux.
Set-liste DARK TRANQUILLITY – 14 novembre 2013
01. The Science of Noise
02. White Noise/Black Silence
03. What Only You Know
04. The Fatalist
05. The Silence in Between
06. Zero Distance
07. A Bolt of Blazing Gold (avec Mariangela Demurtas)
08. Undo Control (avec Mariangela Demurtas)
09. Punish My Heaven
10. The Wonders at Your Feet
11. Indifferent Suns
12. Terminus (Where Death Is Most Alive)
13. State of Trust
14. Endtime Hearts
15. ThereIn
16. Final Resistance
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17. Misery’s Crown
Merci pour cette critique un peu « tardive » qui m’a replongé dans cette pluvieuse soirée du 14 novembre 2013.
Concernant Tristania, je me permets de rectifier : Anders Høyvik Hidle, c’est le guitariste qui était souvent à droite de la scène et qui chantait de temps en temps. A mon goût bien meilleur que le « grand Viking chauve » qui se nomme Kjetil Nordhus. Et je confirme son manque de conviction. Je confirme l’impression de « pagaille » sur la scène.
Pour Dark Tranquillity j’ai ressenti le même malaise sur la fin. Je crois que « Mika » était parti pour ne plus s’arrêter car j’ai cru voir Martin Henriksson, le guitariste, l’engueuler un peu en lui montrant sa montre… Peut-être lui disait-il d’activer ?
Mais malgré cela la soirée reste mémorable, principalement grâce à la bonne humeur communicative de Mikael Stanne. On sent qu’il aime vraiment ce qu’il fait, et qu’il aime sincèrement son public. Il ne se contente pas d’effectuer sa prestation comme un automate; il partage réellement ce moment avec les personnes présentes dans la salle.
Bref, une super soirée avec Dark Tranquillity, et surtout Mikael Stanne !