La situation géographique privilégiée de Clermont Ferrand (au milieu de la France) permet à la ville de jouer un rôle d’étape important pour les tournées européennes. De plus en plus souvent, des groupes marquent une pause dans cette bourgade, lors de leur voyage interminable entre l’Espagne et l’Allemagne. Ainsi, dans le passé, nous avons eu droit à des concerts aussi incroyables qu’inattendus comme BLACK LABEL SOCIETY, SLAYER ou GOJIRA. Ce soir, c’est IN FLAMES qui pose ses valises dans la Capitale auvergnate avant AMON AMARTH en février.
Fan depuis 95, leur première partie de carrière m’a vraiment exalté : leur Death métal mélodique incisif et rageur faisait mouche à chaque nouveau disque. Avec d’autres membres illustres de la communauté issue de la ville de Göteborg (AT THE GATES et DARK TRANQUILLITY pour les principaux) IN FLAMES a été un précurseur en inspirant toute une partie de la scène Metal. Inventeur d’un son et d’un style, le groupe s’est pourtant mis en danger au début des années 2000 en prenant un tournant pop, édulcorant leur Death Metal pour le rendre plus accessible possible. Les Suédois ont pris un gros risque avec la sortie de « Reroute To Remains ». En s’émancipant de son côté le plus violent, IN FLAMES a déconcerté ses fans de la première heure mais a réussi à en gagner de très nombreux autres. Personnellement, même si j’ai d’abord été rebuté par ce changement d’orientation musicale, j’ai vite accroché à ce nouveau style plus mélodique mais toujours ultra efficace.
Séduit par les albums suivants, j’ai continué à soutenir le groupe année après année. Cependant, IN FLAMES n’a cessé d’adoucir son propos, incorporant de plus en plus de grosses parties de pop à leur musique. A tel point, que Jesper Strombald, dernier membre fondateur, garant du côté extrême a décidé de jeter l’éponge. Résultat : l’avant dernier album « Sounds of a Playground fading » sonnait finalement beaucoup plus pop que métal. Malgré tout, dans ce genre très sirupeux, les Suédois avaient pris soin de composer de bonnes chansons. Alors, quelle est la tendance avec le tout dernier disque « Sirens Charms » (le 11e quand même) sorti en septembre ?
Dans une interview lue il y a peu, IN FLAMES avait avoué qu’il s’était présenté en studio sans avoir rien composé. Et malheureusement, cela se ressent. Fini les compositions léchées, place à des chansons écrites en pilote automatique et vidée de toute trace d’inspiration. L’album n’est qu’une compilation de morceaux travaillés à la va vite. Alors même si on peut saluer une nouvelle tentative de composer, le résultat est tout simplement foireux. Sur ce nouvel essai, Anders Friden ne se donne même plus la peine de forcer sa voix, aboutissement d’une mue entamée il y a plus de 10 ans : les voix claires sont omniprésentes sur cet album. Entendez nous bien : foncièrement, il n’y a pas de souci pour « apaiser » le son, mais encore faut-il que les chansons soient à la hauteur J’avais toujours soutenu le groupe au fur et à mesure de ses sorties : mais là, stop ! Mielleux, mou et sans intérêt, « Siren Charms » est tout simplement bâclé et donc fatalement mauvais : à la rigueur, seul 2 ou 3 titres échappent au massacre.
Néanmoins, un passage dans la région d’IN FLAMES reste un évènement ! Ce qui justifie mon déplacement en compagnie du fidèle JD ! (Hail Poto !) Nous arrivons sur place suffisamment en avance pour s’offrir une pause casse-croute dans un célèbre restaurant américain orné d’un M jaunâtre. La salle de la Coopé de Mai se trouve non loin de l’antre de l’ASM, le club de Rugby local. En ce samedi, il y avait match : ainsi, il est rigolo de croiser à l’heure du diner nombre de supporters vêtus d’or et de bleu. Comme les métalleux sont aussi nombreux à croquer du Burger, le mélange est aussi improbable qu’amusant.
La longueur de la queue à l’entrée de la Coopé de Mai est de bonne augure: IN FLAMES a déplacé ses fans et la salle affiche presque complet. Le temps d’attente avant de rentrer nous permet de rencontrer l’infatigable Kermit qui arpente le parvis en distribuant ses flyers. (Hail Bro)
WHILE SHE SLEEPS
Sur cette tournée, WHILE SHE SLEEPS s’est glissé sur l’affiche. Groupe de Metalcore originaire de Sheffield en Angleterre, je n’avais jamais entendu parler d’eux. Ce qui n’a pas l’air d’être le cas de la moitié de la fosse qui leur réserve un accueil incroyable.
Formé en 2008, cette formation ne fait pas dans la finesse. Musicalement, ça joue fort et vite sans le côté mélodique du genre. La foule semble connaitre les paroles et se déchaine enchainant pogos et jump à tout va. Devant tant d’enthousiasme, le chanteur n’hésite pas à mouiller le maillot en se jetant dans le pit. Le public apprécie : moi un peu moins.
WOVENWAR
On continue avec les WOVENWAR… sous ce nom quelque peu curieux (littéralement, la « guerre tissée » ??!!??) on retrouve les 4/5 de AS I LAY DYING, excellent groupe de Metalcore venu de San Diego. Les musiciens continuent l’aventure après l’incarcération de leur chanteur. Le mec n’a rien trouvé de mieux que d’essayer de faire assassiner sa femme !
Pour résumer, WOVENWAR sont loin d’être des amateurs. Leur musique reste très efficace, mais leur nouveau chanteur s’appuie uniquement sur une voix claire. Du coup, l’effet n’est pas très percutant en live. J’ai pas mal écouté leur premier disque qui m’a bien séduit… Sur scène, je dois bien reconnaitre que cela sonne un peu mou du genou. Après l’ouragan WHILE SHE SLEEPS, l’assistance a aussi du mal à accrocher.
On passe malgré tout un bon moment surtout avec les 2 tubes « All rise » et « The Mason ».
IN FLAMES
Malgré la qualité des 2 premières parties, les stars de la soirée restent bien entendu les membres d’IN FLAMES. Déjà chaud comme la braise, le public est prêt à s’enflammer. Et, quand les Suédois débarquent sur les planches, c’est un véritable rugissement de plaisir qui les accueillent.
En pleine promotion, le groupe entame son concert directement avec les 2 chansons qui ouvrent son dernier opus. Notamment, « In Plain View » semble avoir été conçu pour être joué en ouverture des concerts ; petit sample qui va bien permettant l’entrée progressive des musiciens. L’idéal pour faire monter la pression. Cependant, je reste très dubitatif sur le rendu Live de ces 2 premiers extraits de « Siren Charms »: voix plaintive de Anders Friden, rythme plat et stéréotypé, inspiration aux oubliettes, refrains poussifs limite caricaturaux …. Manifestement, le public s’en moque complètement et fait un triomphe à leur héros. Au 3e titre, IN FLAMES nous sort du chapeau : « Fear is the Weakness » issu du pourtant déjà très décrié avant-dernier album, « Sounds of a Playground Fading ». L’écoute de ce morceau déclenche un large sourire de ma part : il est réussi et efficace. On est en terrain connu et vraiment jouissif.
Je peux enfin me laisser aller à un petit échauffement des cervicales et apprécier le spectacle. Car c’est indubitable, IN FLAMES reste une véritable machine de guerre sur scène. Sous des lights superbes et travaillées, les 5 Scandinaves démontrent un professionnalisme à toute épreuve. Les années passées sur la route ont permis aux musiciens d’acquérir une maitrise technique évidente : c’est carré et efficace. La mise en scène est excellente : tout est réglé comme du papier à musique.
S’appuyant sur cette exemplarité, IN FLAMES distille une ambiance très décontractée : Notamment, le volubile Anders ne cesse de faire des blagounettes. Encore une fois, pas sûr que tout le monde ait bien compris l’anglais du Suédois. Comme je l’ai déjà vu faire, il va s’en prendre gentiment à un spectateur dans la fosse qui passe son temps à filmer avec son portable. Dans un grand éclat de rire, le chanteur lui précise qu’il n’y a pas de problème : il peut faire des vidéos mais qu’il n’oublie pas de vivre aussi l’instant présent en jetant un œil sur scène sans passer par le prisme de son mobile.
Le Suédois pousse le gag jusqu’à inviter une quidam à monter sur scène pour filmer entièrement le morceau « Only for the Weak ». Anders Friden lui précise bien de ne pas oublier de mettre la vidéo sur le net une fois rentrer chez elle.
Toutes ces anecdotes détendent l’atmosphère et donne l’impression de se trouver entre potes. L’ambiance est donc excellente. Malheureusement, cela ne nous affranchit pas du gros point noir de ce concert : la set-liste. N’oublions pas que ce soir, IN FLAMES joue pour promouvoir son dernier opus peu inspiré. Ainsi, aujourd’hui, sur les 19 morceaux joués, 6 seront directement issus de ce disque. Je ne comprends pas : personne dans l’entourage du groupe n’a osé dire que c’est une bouse? Frustrant, d’autant plus que du coup, de purs brulots « historiques » ne seront pas inclus dans la set-liste pour faire la place à ces chansons.
Donc, en termes de set-liste, IN FLAMES ne va pas cesser de souffler le chaud et le froid : entre des titres de « Siren Charms » et les plus grandes tubes de sa carrière : « Trigger » « Only for the weak », « Cloud Connected » … Il faut également évoquer le cas particulier de « The Chosen Pessimist » long et lourd qui casse le rythme et coupe littéralement le concert en 2. Dommage car malgré tout le groupe avait réussi à instaurer un véritable esprit festif qui retombe bien vite avec cette chanson.
Heureusement, en vieux roublards, les Suédois concluent leur show par la triplette « The Mirror’s Truth » / « Deliver Us » et « Take this life », c’est-à-dire trois très gros morceaux puissants aux refrains implacables ! Juste ce qu’il faut pour finir le concert avec un immense plaisir !
Dans un dernier sourire, les 5 musiciens prennent le temps de saluer l’assistance qui leur a réservé un accueil très chaleureux. Il faut reconnaitre qu’IN FLAMES s’est installé tout en haut du panthéon métallique. Et même un disque raté ne pourra leur retirer leur leadership.
Cependant, malgré la démonstration de force produite par IN FLAMES, on ne peut s’empêcher de songer à ce que pourrait donner le groupe s’il se concentrait sur ces tubes !
Setlist IN FLAMES – 11 octobre 2014
01. In Plain View
02. Everything’s Gone
03. Fear Is The Weakness
04. Trigger
05. Resin
06. Where The Dead Ships Dwell
07. With Eyes Wide Open
08. Paralyzed
09. Through Oblivion
10. Ropes
11. Delight And Angers
12. Cloud Connected
13. Only For The Weak
14. The Chosen Pessimist
15. The Quiet Place
16. Rusted Nail
17. The Mirror’s Truth
18. Deliver Us
19. Take This Life
Calendrier de la rubrique « on prend notre temps »
(fin d'émission):
22 novembre 2024
BLUES PILLS-
Articles récents
-
Catégories
-
Liens
- Forum metaldream
- humeurs progressives
- kaosguards
- le magazine Rockhard
- le site de noise pollution
- le webzine de ti-rickou (métal entre rhône et saône)
- Manuwino (photos de concert)
- Metalship
- Nightfall in Metal earth
- photographe Laurent COMBE
- webzine les éternels
- webzine VS
- webzine: aux portes du metal
- webzine: pavillon666
Archives
- novembre 2024 (4)
- octobre 2024 (4)
- septembre 2024 (7)
- juillet 2024 (6)
- juin 2024 (4)
- mai 2024 (5)
- avril 2024 (4)
- mars 2024 (5)
- février 2024 (4)
- janvier 2024 (5)
- décembre 2023 (5)
- novembre 2023 (4)
- octobre 2023 (4)
- septembre 2023 (6)
- juillet 2023 (4)
- juin 2023 (7)
- mai 2023 (4)
- avril 2023 (5)
- mars 2023 (4)
- février 2023 (4)
- janvier 2023 (6)
- décembre 2022 (7)
- novembre 2022 (4)
- octobre 2022 (5)
- septembre 2022 (4)
- août 2022 (1)
- juillet 2022 (6)
- juin 2022 (5)
- mai 2022 (4)
- avril 2022 (5)
- mars 2022 (5)
- février 2022 (4)
- janvier 2022 (5)
- décembre 2021 (3)
- novembre 2021 (4)
- octobre 2021 (6)
- septembre 2021 (4)
- août 2021 (1)
- juillet 2021 (4)
- juin 2021 (5)
- mai 2021 (6)
- avril 2021 (6)
- mars 2021 (4)
- février 2021 (4)
- janvier 2021 (7)
- décembre 2020 (4)
- novembre 2020 (4)
- octobre 2020 (6)
- septembre 2020 (4)
- août 2020 (2)
- juillet 2020 (5)
- juin 2020 (5)
- mai 2020 (5)
- avril 2020 (7)
- mars 2020 (6)
- février 2020 (6)
- janvier 2020 (6)
- décembre 2019 (5)
- novembre 2019 (5)
- octobre 2019 (4)
- septembre 2019 (4)
- août 2019 (3)
- juillet 2019 (4)
- juin 2019 (6)
- mai 2019 (2)
- avril 2019 (5)
- mars 2019 (5)
- février 2019 (4)
- janvier 2019 (7)
- décembre 2018 (5)
- novembre 2018 (5)
- octobre 2018 (4)
- septembre 2018 (5)
- août 2018 (1)
- juillet 2018 (8)
- juin 2018 (6)
- mai 2018 (4)
- avril 2018 (3)
- mars 2018 (5)
- février 2018 (4)
- janvier 2018 (6)
- décembre 2017 (8)
- novembre 2017 (5)
- octobre 2017 (4)
- septembre 2017 (4)
- août 2017 (1)
- juillet 2017 (5)
- juin 2017 (4)
- mai 2017 (2)
- avril 2017 (4)
- mars 2017 (6)
- février 2017 (6)
- janvier 2017 (7)
- décembre 2016 (6)
- novembre 2016 (8)
- octobre 2016 (6)
- septembre 2016 (8)
- août 2016 (2)
- juillet 2016 (12)
- juin 2016 (6)
- mai 2016 (6)
- avril 2016 (8)
- mars 2016 (4)
- février 2016 (6)
- janvier 2016 (8)
- décembre 2015 (8)
- novembre 2015 (5)
- octobre 2015 (7)
- septembre 2015 (5)
- août 2015 (3)
- juillet 2015 (10)
- juin 2015 (9)
- mai 2015 (8)
- avril 2015 (4)
- mars 2015 (6)
- février 2015 (5)
- janvier 2015 (9)
- décembre 2014 (6)
- novembre 2014 (6)
- octobre 2014 (5)
- septembre 2014 (5)
- août 2014 (7)
- juillet 2014 (8)
- juin 2014 (5)
- mai 2014 (8)
- avril 2014 (6)
- mars 2014 (6)
- février 2014 (5)
- janvier 2014 (7)
- décembre 2013 (5)
- novembre 2013 (7)
- octobre 2013 (5)
- septembre 2013 (4)
- août 2013 (1)
- juillet 2013 (7)
- juin 2013 (8)
- mai 2013 (6)
- avril 2013 (6)
- mars 2013 (7)
- février 2013 (6)
- janvier 2013 (5)
- décembre 2012 (7)
- novembre 2012 (9)
- octobre 2012 (8)
- septembre 2012 (6)
- juillet 2012 (9)
- juin 2012 (7)
- mai 2012 (7)
- avril 2012 (5)
- mars 2012 (5)
- février 2012 (4)
- janvier 2012 (4)
- décembre 2011 (4)
- novembre 2011 (5)
- octobre 2011 (6)
- septembre 2011 (4)
- août 2011 (1)
- juillet 2011 (16)
Commentaires récents
- Cynthia dans N°589 – 12 juillet 2024
- noisepollution dans vendredi 31 mai 2024 : spéciales 100% nouveautés