Pour les fans de metal technique et démonstratif (les milieux autorisés parlent de « Djen » ou de « Djent progressif ») l’automne lyonnais 2014 ressemble au paradis. En effet, à quelques jours d’intervalle, des sommités du genre se succèdent dans les salles de la capitale des Gaules : TESSERACT, ANIMAL AS LEADERS mercredi et ce samedi soir, TEXTURES.
Comme le veut l’air du temps, TEXTURES a décidé lui aussi de fêter l’anniversaire d’un de ces albums. Compte tenu de leur faible ancienneté, la démarche peut paraitre surprenante. Du coup, les Hollandais ont décidé de célébrer les 10 ans de leur premier disque, « Polars ». Pour l’occasion, la maison de disque a ressorti l’objet remasterisé avec une nouvelle pochette. Ou comment faire du neuf avec de l’ancien.
En dehors de l’aspect purement mercantile, organiser une tournée autour de « Polars » apparait tout de même étrange au premier abord. Ce disque n’est pas une œuvre facile d’accès. Même si déjà à l’époque, tous les ingrédients qui feront le succès de TEXTURES sont présents, l’album reste très extrême. Les CD suivants marqueront bien plus les fans : « Drawing circles », « Silhouettes », et « Dualism ». Le succès artistique comme commercial a permis au groupe de passer du petit label « Listenable » vers le poids lourd allemand, « Nuclear Blast ». En 10 ans, la musique proposée a évolué vers quelque chose de plus accessible tout en gardant ses fulgurances brutales et surtout sa technicité hors du commun. TEXTURES fait partie des leaders du « Djent » tendance plutôt brutal. Même s’il ne renie pas certaines parties très mélodiques, le groupe reste loin de la musique quasi éthérée d’un TESSERACT par exemple. En effet, la base Metal reste très présente.
« Polars » n’est clairement pas mon album préféré, je l’écoute très rarement. Cependant, l’opportunité de voir sur scène un groupe de la trempe de TEXTURES est tout simplement immanquable. De plus, en mon for intérieur, j’espérais que les Hollandais ne s’arrêteraient pas uniquement à l’exécution des morceaux de leur 1e album.
Et j’avais raison …
Encore une fois, le CCO est rempli ras la gueule. Décidément, ces affluences sont encourageantes et démontrent un réel engouement du public lyonnais pour le Metal : c’est clairement un bon point. Proposée par l’organisation « Sounds like Hell », l’affiche a complètement rempli son objectif : blinder le CCO. Il faut dire que les organisateurs proposaient des packs de places à des prix très avantageux pour assister à la doublette de concerts : TESSERACT / TEXTURES. Cette excellente initiative est à souligner et a sans doute permis de combler tous les fans de métal technique de la région.
EXIVIOUS
Pour cette tournée européenne, TEXTURES a glissé dans ses valises ses compatriotes d’EXIVIOUS, qui pratiquent eux aussi une musique très technique mais uniquement instrumentale. Malgré le gros buzz autour de ce groupe (nous sommes en présence de membres de CYNIC et PESTILENCE tout de même), j’avoue n’avoir jamais écouté ce qu’il proposait.
Comme prévu, sur scène, les musiciens affichent des niveaux techniques proprement hallucinants. Mention spéciale au bassiste avec son instrument fretless qui éblouit tout le monde.
EXIVIOUS nous invite dans un voyage quasi onirique avec son post rock très émotionnel, essentiellement porté par les guitares. La musique reste calme et très technique. Le quatuor affiche un réel plaisir de jouer. Le public reste très calme et concentré je dirais.
Cependant, ne connaissant pas le registre d’EXIVIOUS, j’ai beaucoup de mal à accrocher aux structures inhabituelles des morceaux. Et je finis par décrocher.
TEXTURES
Pour cette tournée, et comme je l’espérais, TEXTURES a intelligemment préparé une set-liste que je qualifierais d’idéale, compte tenu de la volonté de célébrer « Polars ». Ainsi, le concert est découpé en 2 phases distinctes d’égale longueur et séparées par un rappel taquin.
Comme convenu, la première partie est entièrement consacrée au voyage temporel vers 2004 : le groupe balaie l’intégralité de « Polars ». Ma crainte initiale sur le rendu live du contenu de ce premier disque s’envole bien vite tant TEXTURES a pris le soin de retravailler les morceaux, et de les jouer avec un son moderne et percutant. Daniel De Jong, chanteur non présent sur l’enregistrement de « Polars » s’est parfaitement approprié les chansons qui prennent une ampleur tout à fait inattendue. Du coup, avec une telle ampleur, parcourir cet enregistrement séminal devient une merveilleuse idée et nous permet de réaliser à quel point ce disque était réussi.
La pièce finale de « Polars », le morceau éponyme de plus de 20 minutes, ponctué d’interludes atmosphériques passe comme une lettre à la poste.
La complicité affichée au sein de TEXTURES est tout à fait remarquable : la passion suinte de partout. Les musiciens se déchainent tout en affichant de larges sourires. Le groupe joue avec une certaine fraicheur passionnée qui le rend extrêmement sympathique. Le public est bien sûr comme fou. Il faut dire que Daniel de Jong joue son rôle de leader à la perfection : multipliant les blagues et les interactions avec l’assistance. La pression ne retombe quasi pas et la fête est totale.
Avec la dextérité d’un espion en mission d’infiltration, je réussis à me glisser au tout premier rang pour profiter du spectacle.
Après avoir simulé un rappel, les 5 musiciens reviennent sous les vivats du public pour une deuxième partie de concert qui, elle, va virer à l’orgie auditive. Car, malins comme des singes, TEXTURES nous sort une set-liste très ramassée en forme de best of en piochant les plus grands tubes de ses 3 derniers albums. Et vu le niveau de ces disques, je vous laisse imaginer le délire.
Le public déjà très agité lors de la première phase, va littéralement péter une durite sur cette déferlantes de chansons explosives et brutales. Les sections mélodiques succèdent aux parties plus brutales dans le plus pur style de ce que nous propose TEXTURES depuis plus de 10 ans.
Daniel de Jong en profite pour nous annoncer la sortie d’un nouvel album en début d’année 2015 toujours chez Nuclear Blast. Quel bonheur ! Le groupe va profiter de l’occasion pour nous en jouer un extrait (je n’ai malheureusement pas compris le titre de ce nouveau morceau, vous m’en excuserez). Rassurez-vous : ce nouveau titre ne déroge pas à la formule gagnante des Hollandais: ça reste efficace !
En conclusion, cette soirée nous a permis de découvrir un TEXTURES sur de son œuvre et de sa technique. En prenant et en donnant beaucoup de plaisir, les Bataves nous ont fait prendre conscience de leur immense potentiel. Un futur grand ? Très probablement ! Un des concerts de l’année pour ma part ? Assurément !
Setlist TEXTURES – 25 octobre 2014
01. Surreal State Of Enlightenment
02. Swandive
03. Ostensibly Impregnable
04. Young Man
05. Transgression
06. The Barrier
07. Polars
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08. Singularity
09. Regenesis
10. Nouveau Titre
11. Reaching Home
12. Storm Warning
13. Awake
14. Laments Of An Icarus