SYSTEM OF A DOWN fait partie de ces rares groupes à allier efficacité et conscience politique. Dès leurs débuts, à l’instar d’un RAGE AGAINST THE MACHINE, les musiciens se sont engagés politiquement. Par exemple, la pochette de leur premier album homonyme est une reproduction d’une affiche du parti communiste allemand des années 30. Leur cheval de bataille est la fustigation de l’ultra-capitalisme, de la misère et de la société de consommation.
De plus, issus de la diaspora arménienne installée en Californie, les 4 membres de la formation se sont autoproclamés porte-étendards de leur communauté. A ce titre, ils militent depuis le début pour la reconnaissance du génocide du peuple arménien de 1915 par les Ottomans.
Entre 1994 et 2006, SYSTEM OF A DOWN a réussi à franchir toutes les étapes du succès pour devenir extrêmement populaire. S’appuyant sur un metal alternatif parfois très expérimental mais toujours efficace, le groupe a sorti un nombre impressionnant de tubes : la réussite est même devenue considérable. Leurs 3 derniers albums vont rester plusieurs semaines en tête du hit-parade américain, le fameux BillBoard. Excusez du peu ! En 2006, gavé de réussite, le groupe s’offre un hiatus de 4 ans. Depuis leur retour, en 2010, SYSTEM OF A DOWN (a.k.a. SOAD) se contente de collectionner les prestations lives rares mais toujours intenses.
En cette année de commémoration du centenaire du génocide arménien, le groupe ne pouvait pas rester les bras croisés. SOAD se lance dans une tournée intitulé « Wake Up the Souls » histoire de secouer les consciences populaires une nouvelle fois. Cette tournée doit s’achever sur la grande place d’Erevan, capitale de l’Arménie par un grand concert gratuit.
En attendant, une escale est prévue à Lyon, seul concert français. Pourquoi Lyon ? En raison de l’implantation locale d’une très forte communauté arménienne. Et oui, SYSTEM OF A DOWN est très attaché à ce genre de détail au grand dam des journalistes parisiens qui sont obligés de se déplacer dans la capitale des Gaules (je me souviens encore d’une réflexion d’un gratte-papier de la presse parisienne lue dans un canard spécialisé « Mais purée, pourquoi il n’y a pas de date parisienne ???? »)
SYSTEM OF A DOWN
Les concerts de SOAD restent exceptionnels : pour preuve, toutes les places se sont envolées en quelques jours. Pourtant, c’est bien la Halle Tony Garnier (soit une capacité de 17,000 personnes) qui a été réservée pour cette date. Il faut dire que SYSTEM OF A DOWN a su séduire bien au-delà du public metal en faisant sauter le clivage habituel. D’ailleurs, il suffit d’observer les gens qui se pressent aux alentours de la salle de concerts pour se rendre compte de la diversité du public de ce soir : Jeunes, vieux, métalleux (reconnaissables à leurs tee-shirts noirs), non métalleux (reconnaissables à leur tee-shirts pas noirs), hypsters (reconnaissables à leurs barbes) …
Depuis quelques jours, la température est quasi estivale sur Lyon, et ce soir, la chaleur est étouffante. L’architecture particulière des lieux (pour rappel, la Halle est un ancien hangar à bestiaux doublé d’abattoirs) et la foule immense n’arrangent pas les choses ! C’est presque suffocant !
Réglé comme du papier à musique, le groupe va attendre 21h pile pour lancer la machine. Sûr de son fait, SYSTEM OF A DOWN se produit sans première partie.
« Wake up The Souls » soit « Réveiller les consciences » : tel est le titre de cette tournée commémorative. Le show commence donc par un court métrage d’animation bien fait sur le génocide arménien, diffusé sur les nombreux écrans de La Halle Tony Garnier. Dommage que le doc ne soit pas sous-titré en français, le message aurait été d’autant plus clair …
Dès la fin de cette introduction, le groupe déboule sur scène et attaque sa prestation tambour battant. SYSTEM OF A DOWN n’a pas pour habitude de ménager sa peine et le concert de ce soir va en être la prestation éclatante. Découpé en 3 parties chacune introduite par un court-métrage différent, le concert va durer près de 3 heures. Pour être totalement clair, je crois que c’est le live le plus long qui m’a été donné de vivre.
Cependant, même si la prestation est efficace, tout cela n’est pas parfait. Ainsi, le groupe réduit sa communication à sa plus simple expression : quasiment aucune interaction avec le public. Sur scène, les 4 musiciens se donnent à fond mais cela manque singulièrement de passion. Serj Tankian est symptomatique de cette attitude : pendant les 4 premiers morceaux, il chante le bras droit en l’air et les yeux fermés. Sa voix est parfaite : maitrisée et puissante, mais complétement dans sa bulle, il fait fi du public déchainé : il pourrait être dans sa salle de bain, le mec ! Au 5e morceau, le gars ouvre enfin les yeux et commence un peu à se déplacer (légèrement) … Mais tout cela reste timide et emprunté.
A ses côtés, le guitariste est un peu plus mobile, mais certains de ses solos sonnent bizarrement. Forcement en retrait, le batteur se contente de jouer ses parties avec efficacité : rien de plus. Le bassiste est lui parfaitement à l’aise, il arpente la scène de long en large ! C’est lui qui donne un peu de vie à ce concert. Pour résumer, les 4 musiciens de SYSTEM OF A DOWN sont loin d’être des bêtes de scène.
Autre grief : malgré le caractère évènementiel de cette date, aucun artifice ne vient habiller la prestation de SYSTEM OF A DOWN : pas de backdrop mobile, de feux d’artifice, d’effet de scène ou que sais-je. Le concert est réduit à sa plus simple expression : de la musique jouée rapidement et sans pause. Je peux concevoir que la gravité de la commémoration empêche de rendre la soirée un peu festive, mais tout de même … Au final, on garde en tête le souvenir d’un concert très dépouillé et presque spartiate.
Mais, tout cela est presque anecdotique. Car SYSTEM OF A DOWN a la chance de pouvoir s’appuyer sur un répertoire ultrasolide où les tubes foisonnement ! Et donc, forcément les fans sont ravis : « B.Y.O.B », « Aerials », « Needles », etc … Les musiciens enchainent leurs chansons à toute vitesse, sans souffler une seconde … Seules les courts-métrages évoqués plus haut permettent de respirer un peu. Vu la chaleur ambiante et le rythme effréné, le public a du mal à suivre. Le talent du groupe est bien là : dans cette faculté incroyable de composer des titres qui font mouche et qui plaisent ! Et pour le coup, SYSTEM OF A DOWN est au sommet.
A la fin du concert, Serj prendra quand même quelques secondes pour rendre hommage à la France qui a eu le mérite de reconnaître le génocide arménien. Bel effort de communication (sic) !
Après ce marathon de décibels (et plusieurs bières ! C’est important de bien s’hydrater quand il fait chaud) il est temps de retrouver la fraicheur de la nuit lyonnaise.
SYSTEM OF A DOWN aura assuré un concert intense et carré, malheureusement complétement dépassionné. C’était pour moi la première fois que je croisais la route des Américains, donc j’ignore s’ils étaient dans un mauvais soir, ou si c’est leur attitude habituelle. Pas bien grave ! Après un concert de 2h40, on ne peut qu’avoir du respect pour ce groupe qui mouille la chemise tout en se démenant pour de nobles motifs politiques. Pas si courant de nos jours !
Set-liste – SYSTEM OF A DOWN – mardi 14 avril 2015
01. Holy Mountains
02. Jet Pilot
03. Suite-Pee/Prison Song
04. U-Fig
05. Aerials
06. Soldier Side – Intro
07. B.Y.O.B.
08. I-E-A-I-A-I-O
09. Radio/Video
10. Bubbles
11. CUBErt
12. Hypnotize
13. Dreaming/Needles
14. Deer Dance
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15. P.L.U.C.K.
16. Sartarabad
17. Psycho
18. Chop Suey!
19. Lonely Day
20. Question!
21. Bounce
22. Kill Rock ‘n Roll
23. Marmalade
24. Lost in Hollywood
25. Spiders
26. Mr. Jack
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27. Science
28. Chic ‘N’ Stu
29. War?
30. Arto
31. Cigaro
32. Sultans of Swing ( Dire Straits cover)
33. Toxicity
34. Sugar