Ce mois d’Avril s’apparente de plus en plus à une course de fond avec des concerts qui se succède à un rythme effréné dans notre belle vallée Rhodanienne. Aujourd’hui, c’est le quatuor originaire de Portland, RED FANG, qui pose ses valises dans les parages.
Après quelques mois de pause, le gang est de retour pour une nouvelle tournée sur le continent européen qui va durer plus de 2 mois. RED FANG est l’exemple type du groupe de forçats, enquillant les dates comme d’autres les bières. D’ailleurs, après vérification, il semblerait que les Américains fassent les 2 en même temps : enquiller les bières et les dates de concerts. Cette nouvelle tournée va durer plus de 8 semaines pour les faire sillonner l’Europe entière, avec notamment un arrêt au Hellfest. La date d’aujourd’hui est la première date de ce marathon estival pour RED FANG : les musiciens ont débarqué seulement la veille ! Je n’ose pas imaginer les effets ravageurs du fameux Jet Lag ; le groupe doit être un brin fatigué.
Le concert est organisé dans la salle de l’Epicerie Moderne de Feyzin. Même si elle est un peu excentrée par rapport à Lyon, cette salle est un véritable bijou : vaste et parfaitement équipée. Dommage que les groupes ne s’arrêtent pas plus souvent dans ce superbe endroit.
Bonne nouvelle : la date de ce soir est sold-out, aucun billet n’est disponible aux guichets à l’entrée. Compte tenu de la capacité de la salle, c’est donc près de 800 personnes qui se sont déplacées. RED FANG a vraiment le vent en poupe. Leur Stoner-Rock aux accents particulièrement gras rencontre un franc succès par chez nous. Tant mieux ! Personnellement, malgré les qualités de leurs 3 premiers albums, je n’avais pas complétement accroché à la musique proposée par les Américains. En fait, le déclic s’est passé l’année dernière, lors d’un concert éblouissant au SYLAK. Ce jour-là, leur performance totalement habitée et passionnée m’a permis de d’accrocher définitivement à leur démarche. Avec un second degré bienvenu, RED FANG et son stoner rock gras aux accents sudistes m’a complétement convaincu.
Cette soirée s’annonce donc sous les meilleurs auspices : j’en profite pour emmener ma tendre et douce ainsi que mon fiston, pour son premier concert aux relents métalliques. A 11 ans, il est enfin assez grand pour se confronter à un groupe qui tape un peu.
SPACE FISTERS
Avant de déguster ce show de RED FANG, il faut passer par la case « Première partie », aujourd’hui occupée par les Français de SPACE FISTERS (Purée, il est quand même terrible ce nom de groupe ! Faut oser le porter !).
Adapte d’un Heavy Doom Stoner expérimental et limite psyché, SPACE FISTERS ne fait pas dans la dentelle. Le trio prend son rôle très à cœur mais la lourdeur du propos détonne un peu tout de même. C’est écrasant et le tempo n’est pas bien élevé. Même si quelques breaks bienvenus allègent un peu le tout, on reste dans un registre plutôt lourd. Si les premiers morceaux passent plutôt bien, sur la longueur, la potion se révèle plus amère. D’ailleurs, le public écoute poliment sans faire preuve d’un enthousiasme débordant.
Sur scène, les SPACE FISTERS sont très concentrés et jouent comme si leurs vies en dépendaient. Notamment, le bassiste / chanteur head-bangue comme un damné ! Personnellement, je finis par décrocher : c’est le cas de toute ma petite famille qui finit assise dans les tribunes …
RED FANG
Le changement de plateau se fait très vite. Et d’ailleurs, les membres de RED FANG participent directement à la mise en place de la scène : les roadies semblent peu nombreux ce soir (il me semble n’en compter que 2). On profite de la pause pour se glisser non loin de la scène, juste pour que mon gamin ait une vue imprenable sur l’ensemble de la scène. Vers 21h45, les 4 musiciens sont prêts : le sourire aux lèvres, les lascars s’échangent une poignée de main virile et attaquent un « Bird on Fire » chaloupé ! 30 secondes après, la pédale de grosse caisse rend déjà l’âme.
Pas grave ! On a quand même affaire à un des groupes les plus cools de la planète. John Shermann, le batteur se charge lui-même du changement de matériel pendant que ces collègues improvisent pour occuper le public. Une fois l’opération technique effecutée, on repart comme si de rien n’était : nouvelle poignée de main et re-« Bird On Fire ».
Epicerie Moderne oblige, je suis époustouflé par la qualité du son. Franchement, c’est le top : équilibré et puissant. C’est le pied pour vivre ce type de concert ! L’acoustique de cette salle est tout simplement parfaite, et franchement, ça nous change quand on connait la qualité aléatoire des sonorisations des autres salles lyonnaises. Encore une fois, on regrette le faible nombre de concerts intéressants organisés dans cet endroit.
Malin, RED FANG nous a concocté une set-liste en forme de best-of puisant allégrement dans ces 3 premiers albums (l’éponyme « Red Fang » (2009), « Murder the Mountains » (2011) et le dernier en date « Whales and Leeches » (2013)). Mais ce n’est pas tout ! Enorme surprise : le groupe a manifestement mis à profit sa pause de quelques mois pour commencer la composition de son nouveau disque. RED FANG va nous faire l’honneur de nous jouer 2 nouveaux morceaux, bien dans la lignée de ce qu’il sait si bien faire.
Malgré la fatigue supposée (pour rappel, le groupe est arrivé hier directement des USA), les musiciens se donnent à 100% : transpirant en s’escrimant comme des fous sur leurs instruments. Les gars vivent leurs passions à fond. Du coup, l’accueil des Lyonnais est au diapason : hyper chaleureux ! Le pit s’enflamme rapidement : les slammers se multiplient surnageant dans cette marée humaine.
Point négatif : la communication avec l’assistance est réduite à sa portion congrue. Le chanteur attitré, Aaron Beam, est-il un peu en-dessous ? En tout cas, il est rouge comme une pivoine, et il balance ses vocaux avec une conviction non feinte. S’il faut désigner une victime du décalage horaire USA/France, je pense qu’il est le candidat idéal. Avec ses bouclettes et ses grosses lunettes de collégien, le mec semble quand même particulièrement allumé.
La paire de guitaristes (visuellement une caricature de rednecks, avec barbes mal taillées, casquettes élimées et chemises crades) est au taquet : ça joue juste avec le sourire aux lèvres. Le batteur, quant à lui, tabasse ses fûts comme un métronome mais avec un groove bien entrainant. Sous la pluie de tubes jouée par RED FANG, la température devient vite tropicale dans l’Epicerie Moderne. C’est l’effet du plaisir et de la passion musicale partagée.
La fin de concert tourne au délire auditif : en effet, RED FANG a choisi de concentrer ses chansons les plus efficaces en fin de show. Les « Prehistoric Dog », « Throw Up » et autre « Hank is Dead » font un carton monumental.
Ces 1h30 de bonheur au pays du stoner rocker alcoolique des tarés de l’Oregon nous ont démontré une chose : RED FANG a trouvé un formule plaisante et attachante ! Suite à cet excellent concert, un constat : toute la famille a appréciée. Merci pour elle.
Cependant après ce concert vécu dans une quasi-fournaise, il est temps d’aller rendre hommage aux 4 lascars en allant écluser quelques bières bien fraiches.
Set-liste RED FANG – 21 avril 2015
01. Bird On Fire
02. Dirt Wizard
03. Number Thirteen
04. Good to Die
05. Malverde
06. Crows in Swine
07. Blood Like Cream
08. New Song 1
09. 1516
10. Into the Eye
11. Wires
12. New Song 2
13. No Hope
14. Prehistoric Dog
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15. DOEN
16. Hank Is Dead
17. Throw Up