KADAVAR, lundi 23 novembre 2015, Ninkasi Kao, Lyon par Raph

Voilà : nous y sommes ! Le tunnel de concerts annoncé depuis de nombreuses semaines commence cette semaine. Franchement, nous avons été rarement à pareille fête dans notre belle vallée rhodanienne. Ainsi, par exemple, entre aujourd’hui et demain, nous avons le choix entre 5 concerts de très haute volée ! Je veux bien que le public metalleux soit un public de fidèles mais il me parait difficile de rentabiliser les 5 évènements. Enfin, profitons-en ! D’autant que les évènements intéressants dans notre style de prédilection vont se succéder jusqu’à Noël.

Pour ce lundi de novembre, nous avons donc le choix entre la super production finlandaise NIGHTWISH à la Halle Tony Garnier et le trio allemand de KADAVAR ! N’étant pas fan de Metal symphonique grandiloquent à voix féminine, je chois de prendre la direction du NINKASI KAO pour recevoir ma dose de Stoner Rock.

J’avais découvert KADAVAR tout à fait par hasard lors d’un concert mémorable au CLACSON d’Oullins tenu en tête d’affiche d’un sympathique petit festival, le STONE RISING FESTIVAL. Avec un sens de la mélodie imparable, un look improbable directement sorti des seventies, la formation de Stoner avait ce jour-là hypnotisé une assistance toute acquise à sa cause. A l’époque tout juste signés sur le label NUCLEAR BLAST, les Allemands venaient de sortir leur 2e disque, « Abra Kadavar ». Même si KADAVAR n’invente strictement rien sur cette galette, il le fait avec tellement de talent que c’en est irrésistible. Inutile de préciser que ce disque à beaucoup tourné à la maison.

Après ce coup de maitre, KADAVAR tente de renouveler l’exploit avec leur nouvel album, « Berlin » sorti cette année. L’effet de surprise passé, le résultat sonne de façon moins convaincante : j’ai même ressenti quelques longueurs en écoutant cette nouvelle offrande. Mais, il est vrai que KADAVAR reste quand même au sommet de la pile du genre « Stoner Revival Seventies ».

Avec la sortie de « Berlin », KADAVAR avait annoncé une grande tournée européenne pour promouvoir ce nouvel opus: les musiciens n’ont pas menti ! Le périple propose même quelques dates en France, dont une à la maison. Remarquable ! Pour l’occasion, 3 autres formations évoluant plus au moins dans le même registre musical les accompagnent : les Suédois de HORIZONT et les 2 groupes américains, SATAN’S SATYR et THE SHRINE. Ce package de 4 formations pour un soir de semaine me semble quand même beaucoup, d’autant plus que comme d’habitude, j’arrive à la bourre dans la salle de Gerland. HORIZONT et SATAN’S SATYR ont déjà joué.

KADAVAR - flyer

Bonne surprise : le NINAKSI KAO est très correctement rempli démontrant que le succès de KADAVAR chez nous ne se dément pas. La performance de NIGHTWISH à 2 pas d’ici ne semble pas avoir trop handicapé la date de ce soir : tant mieux ! Je retrouve les amis dans la salle : Hail Skander ! Hail le grand Timonier !

THE SHRINE

Je commence donc ma soirée avec le trio californien de THE SHRINE, dont je n’avais jamais entendu parler. Le groupe propose du « Psychedelic Violence Rock n’Roll » (Je n’invente rien, c’est ainsi qu’ils se vendent dans leur dossier de presse). Cette dénomination a le don de m’interpeller. Riffu à souhait, ultra percutant et très énergique, THE SHRINE ne ménage pas ses efforts pour envoyer la sauce une fois sur les planches. La formule est aux premiers abords à peu près la même que KADAVAR mais avec un côté sur-vitaminé et planant à la fois. Dans un esprit débridé, le guitariste se lance dès qu’il en a la possibilité, dans des soli à la fois échevelés et aériens. C’est probablement le côté psychédélique évoqué plus haut. D’autre part, on retrouve de gros morceaux de Punk dans la musique que propose le groupe américain. Le mélange de ces influences variées s’avère savoureux ! Post concert, j’apprendrai que le dernier disque de THE SHRINE est même sorti sur le label CENTURY MEDIA : signe indéniable de qualité.

Sur scène, le contraste est saisissant entre d’un côté, l’exécution des morceaux où les musiciens apparaissent complétement déchainés, comme en transe, et de l’autre côté, les pauses entre les morceaux où ils paraissent paisibles, réaccordant avec soin leurs instruments. Dans ces moments calmes, le chanteur-guitariste communique timidement avec le public avec une certaine humilité. En tout cas, la complicité affichée par les 3 musiciens est incroyable : tout sourire pendant qu’ils jouent, ils ne cessent de se regarder formant entre eux une sorte de cercle symbiotique. Au final, la prestation de THE SHRINE m’apparait comme explosive : une excellente découverte. D’ailleurs, je ne suis pas le seul à apprécier. D’abord sur la réserve, le public ne tarde pas à rentrer dans la danse en s’agitant avec bonheur.

KADAVAR

Après ce premier concert qui est passé trop rapidement à mon goût, il est temps de passer à la tête d’affiche. La pause s’éternise car il faut installer tout le décorum de KADAVAR. Le groupe a manifestement étudié sa mise en scène : back-drop avec le logo à base de formes géométriques, gros triangles lumineux disposés sur scène, amplis massifs de couleur orange… A première vue, en observant cette scène, on a l’impression de se retrouver en 1975.

Le kit de Batterie est positionné très en avant, presque au bord de la scène. Résultat : les musiciens jouent quasiment sur la même ligne. L’imposante batterie divise également la scène en 3 compartiments distincts : les membres de KADAVAR vont avoir peu d’espace pour se déplacer. Dernière détail : les éléments de batterie sont transparents ! Le batteur veut qu’on l’admire ! Il est vrai que Tiger a un jeu très visuel, tout en amplitude.

KADAVAR - 1

Sachant que les 2 concerts précédents sur cette tournée ont été annulés (notamment à Bordeaux la veille) suite à un problème d’extinction de voix de Lupus, le chanteur, l’inquiétude est presque palpable dans le NINKASI KAO. Le concert de ce soir va-t-il pouvoir se dérouler normalement ?

Au moment où KADAVAR finit par débouler sur scène, on sent presque un soulagement parcourir l’assistance : le concert se tiendra bien ce soir. Et globalement, Lupus tient la route : il s’est manifestement remis. Il s’excusera tout de même en expliquant qu’il a été malade. KADAVAR débute son show avec « Lord of The Sky », un morceau typique qui ouvre aussi son nouvel album. Efficace et pourvu d’un riff entêtant, il constitue une excellente entrée en matière. Durant ce premier morceau, les membres de KADAVAR apparaissent concentrés sur leurs instruments, faisant preuve d’une belle maitrise et ne s’autorisant que quelques mouvements de têtes.

Malheureusement, la suite du concert va se dérouler de la même manière. KADAVAR aligne ses chansons d’une façon très académique mais émotionnellement assez plate. Les musiciens semblent ne jamais relâcher réellement. Tout cela parait presque mécanique, un peu trop « Allemand ». La comparaison avec THE SHRINE est frappante : là où les Américains arrivaient à transmettre une émotion presque palpable, les Allemands restent dans une exécution froide et presque sans âme (bon, j’avoue : je force un peu le trait mais l’idée est là).

KADAVAR - 2

D’autre part, le groupe a fait le choix de se concentrer sur son dernier album (normal, promotion oblige) et choix plus curieux, sur son premier disque. Conséquence : KADAVAR fait l’impasse sur son chef d’œuvre « Abra Kadavar » ! En fait, il sera à peine évoqué : seulement 2 extraits avec un « Doomsday Machine » (tube parmi les tubes pour KADAVAR) joué très tôt dans le concert ! Alors que ce titre devrait clôturer le concert ! Vous l’avez compris : je ne suis guère convaincu par ce parti pris. A ma décharge, je dois avouer que je n’ai quasiment pas écouté le premier disque éponyme de KADAVAR. Une connaissance approfondie de ce premier effort m’aurait peut-être permis de plus apprécier la soirée.

Pour couronner le tout, KADAVAR reste un groupe peu bavard qui communique un minimum. Cela n’aide pas à rentrer dans l’ambiance. Le bassiste est presque une caricature : totalement transparent, il se montre extrêmement discret. Dommage, car a priori il est français, il aurait pu s’exprimer avec quelques mots, histoire de faire monter la pression.

Heureusement, il reste la musique réussie ! KADAVAR peut s’appuyer sur des riffs solides qui rentrent indéniablement dans la tête. Le public se laisse prendre au jeu et semble apprécier la soirée. C’est un peu moins le cas pour ma part.

Merci tout de même à MEDIATONE de nous avoir proposé ce concert. Changement de salle et de style demain pour la triplette Death NAPALM DEATH / OBITUARY / CARCASS au Transbordeur ! Miam !

Set-liste KADAVAR – 23 novembre 2015
01. Lord Of The Sky
02. Pale Blue Eyes
03. Stolen Dreams
04. Doomsday Machine
05. Black Sun
06. Last Living Dinosaur
07. The Old Man
08. Living In Your Head
09. Into The Night
10. Goddess Of Dawn
11. Forgotten Past
12. Thousand Miles Away From Home
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13. All Our Thoughts
14. Come Back Life

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