Après ma dose de Stoner avec KADAVAR la veille, il est temps d’accélérer le tempo. Pour cela, rien ne vaut une bonne dose de Death ! 3 fleurons de ce style nous rendent visite ce soir en vallée rhodanienne pour une soirée digne des CLASHS OF TITANS. Jugez plutôt : le DEATHCRUSHER TOUR réussit la prouesse de réunir sur la même affiche CARCASS, OBITUARY et NAPALM DEATH. Soit 3 formations référentes du genre. Excusez du peu ! D’autant plus que pour l’occasion, les vétérans de VOIVOD et les petits Suisses prometteurs de HEROD se sont joints à la fête.
Vous ne rêvez pas ! En comptant (et recomptant encore) sur mes doigts boudinés, il n’y a pas de doute : 5 groupes sont bien programmés ce soir ! Ça fait beaucoup (trop ?) ! Du coup, pour apercevoir un bout du live de HEROD, il va falloir ne pas être en retard. Peine perdue, car il est à peine 18h30 quand les Helvètes ouvrent les hostilités ! J’ai bien essayé de faire des efforts mais pour les gens qui travaillent, se pointer avant 19h00 devant le Transbordeur relève de l’exploit.
Cependant, mon empressement n’a pas été vain, car après une course effrénée pour ne pas manquer une miette, j’arrive tout de même à me glisser dans la fosse du Transbordeur pendant la performance des Québécois de VOIVOD. Pas mal !
Malgré la concurrence de 2 ( !?!) autres concerts de Metal dans la capitale des Gaules (GAMMA RAY au NINKASI KAO et GHOST au RADIANT), le TRANSBORDEUR déborde de fans. Et même si le rideau est tombé sur une partie des tribunes, la grande salle apparait bien remplie. Je croise nombre de vieux routiers de la scène lyonnaise : les barbus se sont clairement donné le mot pour se retrouver pour cette soirée exceptionnelle. Bon, c’est vrai que pendant VOIVOD, on ne se marche pas vraiment sur les pieds. A priori, les gens se réservent pour la suite du programme.
VOIVOD
C’est la première fois que je croise VOIVOD sur scène. Il est vrai que le groupe culte canadien se fait très rare dans notre beau pays : le trash alambiqué de VOIVOD n’est pas simple d’accès et malgré une carrière étalée sur 3 décennies, les fans ne sont pas particulièrement nombreux chez nous. Pourtant, VOIVOD a accueilli pendant quelques années l’ex-Horseman, Jason NEWSTEED en son sein, ce qui aurait dû l’aider à se populariser.
Sur la scène de TRANSBORDEUR, les morceaux ultra bizarroïdes de VOIVOD se succèdent à un rythme soutenu : il s’agit de ne pas perdre de temps. Les 4 musiciens sont tout sourire, ravis de jouer pour nous. Snake, le chanteur s’amuse comme un petit fou à s’adresser au public en français avec son accent chantant du Québec ! Il prend un malin plaisir à enchainer les « Tabernacles » dans de grands éclats de rire.
Personnellement, j’ai du mal à m’accrocher à la musique si particulière de VOIVOD, mais j’avoue que la démarche et l’attitude me plaisent. La bonne humeur communicative du groupe déteint sur l’assistance qui semble apprécier.
NAPALM DEATH
Le changement de plateau se fait dans l’urgence : le temps est compté. Et seulement quelques minutes après la fin du set de VOIVOD, les vétérans de NAPALM DEATH entament leur concert. Comme d’habitude, les musiciens ont assuré eux même leurs réglages … en toute simplicité. On sent qu’avec NAPALM DEATH, la soirée prend vraiment son envol car il y a maintenant foule devant la scène.
Le mythique hurleur, Barney a encore maigri ! C’est hallucinant à chaque fois que je le voie, il donne l’impression d’avoir perdu 5 kilos. Pas grave ! Les Anglais ont 45 minutes pour faire parler la poudre et ils ne vont pas se gêner. NAPALM DEATH est en pleine promotion de son nouvel opus « Apex Predator – Easy Meat » et va donc axer sa set-liste autour de ce disque. Bien entendu, les grands classiques ne sont pas non plus oubliés. Et on retrouve avec plaisir les incontournables comme « Suffer the Children » ou « Scum ».
Il faut noter que Mitch Harris, l’historique guitariste n’a pas fait le déplacement avec ses copains pour des raisons familiales (il biberonne le bougre). Il est remplacé avec talent par un certain John Cooke.
Comme à son habitude, Barney se révèle particulièrement volubile entre les morceaux, fustigeant pèle mêle les politiques, les religions et tout ce qui asservit l’humanité. Comme à chaque prestation de NAPALM DEATH, je reste ébahi par la puissance et la vitesse des parrains du grindcore. Malgré leur âge vénérable, le quatuor reste une référence absolue pour tous les groupes de furieux : ce soir, encore une fois, le maitre étalon de la violence fait étalage de toute sa maitrise.
Aux anges, le public réserve un accueil de folie à NAPALM DEATH multipliant les pogos dans une fosse chauffée à blanc. A ce rythme très sportif, la soirée risque d’être longue.
Set-liste NAPALM DEATH – 24 novembre 2015
01. Apex Predator – Easy Meat
02. Silence Is Deafening
03. When All Is Said and Done
04. Smash a Single Digit
05. Metaphorically Screw You
06. Scum
07. Deceiver
08. How the Years Condemn
09. Suffer the Children
10. Nazi Punks Fuck Off
11. Adversarial/Copulating Snakes
OBITUARY
Les roadies font à nouveau preuve d’une célérité hors du commun en réalisant un nouveau changement de plateau ultra rapide. Après le grindcore référentiel de NAPALM DEATH, on continue notre voyage à travers les styles du Metal extrême avec le death riffu d’OBITUARY.
Avec son dernier album « Inked in Blood », OBITUARY est revenu à un niveau incroyable. Pour tout dire, ce nouvel opus se rapproche du saint trio d’albums séminaux sortis au début des années 90 : « Slowly we rot », « Causes of Death » et « The end complete »! Avec un groove indéniable, la voix si caractéristique de John Tardy et surtout ce son gras sorti tout droit du bayou, OBITUARY est bien le maitre absolu du Death floridien.
L’intégration réussie de 2 nouveaux musiciens, Terry Butler et Ken Andrews, a permis à OBITUARY de retrouver de sa superbe ! Le groupe fait le choix judicieux d’ouvrir son set par l’instrumental « Redneck stomp » issu du disque « Frozen in Time ». Le décor est planté ! Rythmique plombée, groove insensé et plaisir maximum sont les maitres mots de ce concert. C’est bien simple : ça head-bangue de partout ! De toute façon, comment peut-on rester insensible à ces riffs ?!? Impossible !
OBITUARY ne perd pas son temps en longs discours et enchainent les morceaux pour notre plus grand plaisir. Le groupe balaie toute sa discographie.
Les 45 minutes allouées aux Américains semblent passer comme un souffle. Le concert se conclut dans une apothéose furieuse avec un « Slowly we rot » vomi des enfers ! Quel bonheur ! Dans son style si particulier, OBITUARY a placé la barre très haut. Néanmoins, après avoir retrouvé mes esprits, je ressens comme une sorte de malaise diffus : aucune mention n‘a été faite au décès de Frank WATKINS, bassiste original du groupe, disparu il y a un peine un mois. Une petite dédicace n’aurait pas été de trop : dommage !
Set-liste OBITUARY – 24 novembre 2015
01. Redneck Stomp
02. Centuries of Lies
03. Visions in My Head
04. Intoxicated
05. Bloodsoaked
06. Dying
07. Find the Arise
08. ‘Til Death
09. Don’t Care
10. Slowly We Rot
CARCASS
Après ces 2 claques monumentales administrées par 2 légendes, comment CARCASS va réagir ? Il va falloir se montrer à la hauteur du challenge. Après avoir assisté à plusieurs concerts des Anglais au HELLFEST, je suis ravi de les retrouver en tête d’affiche sur une date en salle.
Après un hiatus de près de 15 ans, Jeff Walker (Basse, Chant) et Bill Steer (Guitare) sont les 2 derniers membres de la formation historique de CARCASS. Depuis leur retour aux premiers plans, ils ont su s’entourer de musiciens talentueux pour pondre un superbe nouvel album « Surgical Steel » et proposer des concerts au cordeau.
Ainsi, ce soir, le son monstrueux fait honneur aux compositions de CARCASS. On a droit à un son à la précision quasi chirurgicale (ha ! ha ! la bonne blague !) Malheureusement, compte tenu de l’épaisseur de l’affiche, nous aurons droit à seulement 1h15 de musique. C’est peu !
Cependant, c’est peut-être pas plus mal car, mon intuition initiale était bonne : la fatigue commence à se faire sentir. Le public a bien du mal à se remobiliser après la tornade OBITUARY.
Sur scène, un Jeff Walker en pleine forme ne cesse de nous taquiner : le bougre est manifestement ravi d’être là. Quelques jours seulement après les attentats dramatiques de Paris, il dédicace un morceau aux victimes en soulignant que d’après les médias, nous devrions être terrorisés. Avec son large sourire carnassier, il hurle : « Alors vous avez peur ?? ha ha ha » Le tout en levant un majeur rageur vers le ciel « Fuck Terrorism » ! Il fera également référence au précèdent concert lyonnais de CARCASS qui s’est tenu en 1992 (il y a 23 ans !!!!). Oui ça faisait près d’un quart de siècle que les Anglais ne nous avaient pas gratifiés d’une petite visite. Il est temps de se rattraper.
Les morceaux s’enchaînent pour notre plus grand plaisir. La précision des riffs et la puissance dégagée sont quasi diaboliques. Malgré la qualité indéniable de la musique, CARCASS a un côté froid et clinique qui n’aide pas à complètement se lâcher (au contraire d’OBITUARY). Mais, mis à part ce petit bémol, la prestation est de très haute volée. J’espère juste que nous n’aurons pas à attendre plus de 20 ans pour un prochain passage des Anglais par chez nous.
Set-liste CARCASS – 24 novembre 2015
01. 1985
02. Unfit for Human Consumption
03. Buried Dreams
04. Incarnated Solvent Abuse
05. Cadaver Pouch Conveyor System
06. This Mortal Coil
07. The Granulating Dark Satanic Mills
08. Captive Bolt Pistol
09. Exhume to Consume
10. Reek of Putrefaction
11. Keep On Rotting in the Free World
12. Corporal Jigsore Quandary
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13. Mount of Execution
14. Heartwork
C’est sur ce dernier magnifique « Heartwork » que se conclut cette mémorable soirée. Et il est à peine 23h15 ! Enorme performance technique ! Ce DEATHCRUSHER TOUR était une véritable réussite avec pas loin de mille personnes ayant fait le déplacement. Malgré la concurrence, cette affiche s’est montrée grandiose ! Pour ma part, le grand gagnant de la soirée est OBITUARY !