SCORPIONS / EUROPE, lundi 30 novembre 2015, Halle Tony Garnier, Lyon par Raph

Moins d’une semaine après une soirée dédiée à l’extrême, le temps est venu de ralentir le tempo. Pour cela, penchons-nous sur une affiche qui fleure bon le Hard Rock des années 80 : les mythiques SCORPIONS sont de retour dans notre belle vallée rhodanienne, accompagnés pour l’occasion par les sémillants EUROPE.

Depuis que SCORPIONS a annoncé sa retraite il y a quelques années, le groupe ne cesse d’écumer les salles de concert du monde entier, encore et encore. A chaque fois, le succès est au rendez-vous. Aujourd’hui, l’idée de s’arrêter (qui a sans doute réellement chatouillé les vétérans allemands) semble bien loin. Avec le recul, cette annonce prématurée résonnerait presque comme un argument commercial un brin maladroit. Du genre : « Venez nous voir sur cette dernière tournée, car nous sommes plus proches de la fin que du début. ». Cependant, il est vrai que la pendule tourne pour nos héros musicaux : Klaus MEINE et sa petite troupe ne sont plus très loin des 70 ans.

scorps flyer

Je ne cache pas que l’opportunité de croiser EUROPE sous la Halle Tony Garnier est le principal argument qui m’amène à me déplacer ce soir. Depuis le retour de EUROPE aux affaires en 2003 (après un hiatus de presque 10 ans), les Suédois m’ont littéralement séduit avec leur classique rock / blues parfaitement incarné dans leurs 2 derniers albums : le terrible « Bag to the Bones » et le récent « War of Kings ». Bourrés de tubes jusqu’à la gueule, ces 2 disques sont de véritables pépites percutantes de Hard où Joey TEMPEST n’a jamais aussi bien chanté.

A peine quelques jours après les terribles évènements de Paris, me voici avec ma tendre et douce à battre le pavé en attendant de pouvoir entrer dans la Halle Tony Garnier. Ce soir, malgré le lourd contexte, près de 10,000 personnes ont le courage (tout relatif, hein ?) de venir s’amuser. L’immense ancienne halle à bestiaux a été configurée en position intermédiaire avec une scène située juste au milieu. A notre arrivée, le matériel de EUROPE est déjà en place, avec notamment le back-drop aux couleurs du « War of Kings ».

Il est rassurant de voir que les SCORPIONS peuvent continuer à s’appuyer sur une popularité intacte. A noter, que ce même soir, les autres vétérans de DEEP PURPLE réussissent aussi à blinder l’Amphithéâtre du côté de la cité internationale de Lyon. Malgré mes craintes initiales de se marcher sur les pieds, les 2 concerts ont finalement bien attiré du monde. Bonne nouvelle !

EUROPE

Les gens se pressent devant la scène pour ne pas louper une miette. Et c’est à 20h00 tout pile que EUROPE déboule sur scène. Mené par son diable de chanteur, le groupe fait immédiatement parler la poudre avec un « War of Kings » classieux suivi d’un « Hole in My Pocket » entrainant avec sa guitare Wah wah et ses sonorités d’orgue Hammond typique des années 70. Comme pour rappeler à tout le monde qu’ils ont une actualité chargée, les Suédois choisissent donc d’entamer leur prestation avec les 2 premiers titres de leur dernier disque.

Autour de nous, c’est un peu l’incrédulité … Manifestement, la majorité du public ignore que EUROPE peut s’appuyer sur une extraordinaire seconde partie de carrière. J’imagine que les gens s’attendaient à un concert composé de chansons uniquement issues de l’âge d’or du groupe avec en point d’orgue, le tubesque « The Final Countdown ». Et bien non ! Néanmoins, les gens reprennent un peu leurs esprits avec le plus ancien « Superstitious ». Le morceau reste efficace, mais la bande de John NORUM a pris soin de l’interpréter avec leur nouveau son très inspiré par le temps béni des seventies.

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Malgré les qualités techniques des musiciens, c’est bien Joey TEMPEST qui magnétise tous les regards. Le blond chanteur est parfaitement à l’aise et porte le show sur ses épaules. La ballade sirupeuse « Carrie » remporte un large succès : les paroles étant chantées par un public qui s’est enfin réveillé. Pour une fois, le son sous la Halle Tony Garnier est plutôt bien équilibré. Pas trop saturés, les morceaux sont parfaitement reconnaissables.

La fin du concert de EUROPE tourne à la démonstration avec un enchainement des meilleurs morceaux du groupe. Pour souligner encore l’importance de leur dernier album, les musiciens glissent le tube « Days of Rock n’Roll » entre « Rock the Night » et « The Final Countdown » soit leurs 2 plus grands succès. D’ailleurs, quand résonnent les premiers accords de « The Final Countdown », l’assistance est comme prise d’hystérie. Entendu pourtant jusqu’à l’abus, ce morceau fait toujours autant l’unanimité.

Voilà, c’est déjà fini … EUROPE a exploité un maximum les 50 minutes qui lui étaient allouées. Avec une set-liste bien équilibrée entre les succès intemporels et les extraits de « War of Kings », les Suédois ont probablement marqué des points ce soir. Cette première partie a parfaitement joué son rôle, en proposant une entame réussie et entrainante.

Set-liste EUROPE – lundi 30 novembre 2015
01. War of Kings
02. Hole in My Pocket
03. Superstitious
04. Ready or Not
05. Carrie
06. Last Look at Eden
07. Rock the Night
08. Days of Rock ‘n’ Roll
09. The Final Countdown

SCORPIONS

Les gradins débordent maintenant pour l’arrivée des Allemands. La foule se fait bien plus dense dans la fosse juste devant la scène : l’envie d’en découdre est bien présente. Mais malheureusement, l’entracte s’éternise. Les techniciens ont tendu un énorme drap aux couleurs du dernier album de SCORPIONS pour nous faire patienter, et surtout pour cacher les préparatifs de la scène monumentale.

Après une attente qui semble interminable, les lumières s’éteignent enfin, déclenchant aussitôt une clameur à décorner un bœuf. Le drap tombe, dévoilant, comme prévu, une scène somptueuse ! Les 5 membres de SCORPIONS semblent minuscules sur cette scène qui comporte plusieurs niveaux permettant toutes les folies, une batterie très surélevée et surtout d’immenses écrans géants dignes de la NASA. Les images sont gigantesques donnant vraiment l’impression d’être partie intégrante du film. On est loin des traditionnels back-drops en tissu tendus derrière le kit de batterie. Ici, il s’agit d’habiller la performance du groupe et de nous faire rentrer dans leurs univers : on affiche des amplis géants, les pochettes des disques, des effets de perspectives, des images des musiciens … Cette débauche d’effets techniques est vraiment très réussie.

Sur cette tournée, SCORPIONS fête 50 ans de carrière ! 50 ans ! Enorme voire quasi unique pour le Hard Rock ! Du coup, un constat s’impose : après toutes ces années passées à donner des concerts, les musiciens tiennent encore bien la route physiquement. Tout sourire, les 2 guitaristes sont très mobiles. Le plus diminué semble bien être Klaus MEINE qui semble s’économiser un maximum. Il ne prend plus aucun risque sur son chant.

Tout de suite, on note le soutien affiché par le chanteur à notre pays : il porte un blouson qui affiche un drapeau français sur la manche. Et dès le 2e morceau « Make it real », les écrans géants s’illuminent avec de gigantesques drapeaux tricolores. Très émouvant !

Astucieusement, SCORPIONS a adapté sa set-liste de manière à laisser souffler un maximum son chanteur. Nous aurons ainsi droit à quelques morceaux instrumentaux (dont un réussi « Coast to coast ») et à des soli d’instruments. Le plus réussi étant bien entendu le solo de batterie du taré de service, en l’occurrence le fameux James KOTTAK. Perché sur son kit, le batteur multiplie les excentricités, arborant même une toque au nom de Paul BOCUSE. Le musicien a du gout ! Il finira même debout sur ses futs, pour nous montrer son dos entièrement tatoué « Rock n’Roll forever » La classe !

La set-liste comprend son lot de tubes intemporels. Histoire de faire un clin d’œil sur ses disques les plus anciens, SCORPIONS nous propose un medley de 4 albums parus dans les années 70. Même si l’exercice permet de balayer ces disques anciens, je reste nettement sur ma faim. J’aurai largement préféré un seul morceau (« Catch your train » à tout hasard) plutôt que ce melting-pot sans saveur. Dommage !

Scorps-live

Le milieu du show est marqué par la parenthèse scénique où tous les musiciens se retrouvent au centre de la scène pour interpréter quelques slows du groupe. C’est vrai que SCORPIONS est quand même « LE » groupe des ballades par excellence. C’est l’occasion aussi pour le groupe allemand d’afficher son soutien à la France après les attaques meurtrières de Paris ; Le drapeau tricolore s’affiche à nouveau avec le fameux symbole de la paix en forme de Tour Eiffel. Nouveau moment plutôt émouvant ! Après cette pause acoustique, les musiciens reprennent les instruments électriques pour interpréter un « Wind of change » particulièrement insupportable (j’ai toujours détesté ce morceau, beaucoup trop mièvre à mon gout).

La fin du show est nettement plus relevée avec une succession de morceaux entrainants et bien calibrés : « Dynamite », « Blackout »… C’est sur ces morceaux plutôt « rentre dedans », que je remarque que tout cela sonne partiellement daté. Malgré ses moyens colossaux, et ses sourires de façade, on sent que SCORPIONS joue ses dernières cartouches. Clairement, ils font encore plutôt bonne figure, mais il manque cette folie et cette énergie qui pourrait tout emporter.

Après 2 heures et un rappel composé de « Still loving You » et « Rock Like a Hurricane », SCORPIONS tire sa révérence. Bien entendu, le public est en liesse devant cette démonstration. Personnellement je suis un peu déçu voire triste : malgré ses qualités indéniables, la musique de SCORPIONS me semble bien désuète. Les meilleures années sont derrière les Allemands, et j’ai eu la désagréable impression d’assister au baroud d’honneur d’un groupe fatigué. Néanmoins, je reconnais que pour les fans purs et durs, cette soirée a dû recevoir un écho plutôt favorable.

Set-liste SCORPIONS – lundi 30 novembre 2016
01. Going Out With a Bang
02. Make It Real
03. The Zoo
04. Coast to Coast
05. Top of the Bill / Steamrock Fever / Speedy’s Coming / Catch Your Train
06. We Built This House
07. Delicate Dance
08. Always Somewhere / Eye of the Storm / Send Me an Angel
09. Wind of Change
10. Rock ‘n’ Roll Band
11. Dynamite
12. In the Line of Fire
13. Blackout
14. No One Like You
15. Big City Nights
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16. Still Loving You
17. Rock You Like a Hurricane

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