GHOST, mercredi 02 décembre 2015, Coopé de Mai, Clermont-Ferrand par Raph

Vous ne vous êtes jamais demandé quelles seront les têtes d’affiche de nos gros festivals estivaux dans une dizaine d’années ? Je veux dire quand les dinosaures qui ont créé notre style de prédilection auront disparus, rattrapés par leur longévité (je pense à IRON MAIDEN, SLAYER, MEGADETH, BLACK SABBATH, etc…) La roue tourne pour tout le monde. Quelles seront les pointures capables de s’imposer et de renouveler le Métal ?

Ces dernières années, quelques prétendants très costauds sont apparus (citons sans ordre de préférence, RAMMSTEIN, SLIPKNOT, POWERWOLF ou MASTODON). Cependant, pour ma part, je miserais bien quelques pièces sur GHOST. Malins, les Suédois semblent avoir compris pas mal de choses proposant une imagerie spectaculairement satanique couplée à une musique mélodique fleurtant avec la pop sucrée. Avec cette combinaison improbable (un véritable talent pour pondre des tubes entêtants couplé à un univers marquant) GHOST a fait mouche remportant un franc succès !

Après avoir été fourbir ses armes au HELLFEST ou en première partie d’IN FLAMES il y a peu, aujourd’hui, GHOST se sent suffisamment sûr de son propos pour se lancer dans une belle tournée française en tête d’affiche. Oui, c’est clair : il est temps pour GHOST de marquer les esprits et d’entamer sa longue marche vers le succès. Ainsi, après un passage remarqué au Radiant de Lyon, le groupe est de retour dans la région, plus précisément dans la superbe salle de la Coopé de Mai de Clermont Ferrand et cela une semaine pile poil après.

Ghost Flyer

Pour cause d’embouteillage de concert, j’avais fait le choix de zapper la date rhodanienne. Mais, dès le départ, l’idée était bien de s’offrir un rattrapage au cœur de l’Auvergne. Accompagné du sémillant Grand Timonier Laurent, nous prenons l’autoroute pour le Puy de Dôme.

Après un périple sans encombre, nous arrivons suffisamment à temps pour profiter de la première partie. Incroyable ! Faut-il que je parcours 200 kilomètres pour profiter des groupes d’ouvertures ? Alors que sur Lyon, je loupe 1 fois sur 2 les débuts de soirée, je vais avoir la chance d’assister à la prestation de DEAD SOUL. Sauf que pour le coup, j’aurais peut-être dû prendre un peu moins de marge …

La Coopé de Mai a été préparée en configuration réduite : un rideau noir a été tiré sur les derniers rangs des gradins. La capacité doit être réduite à 1600 personnes (sur une capacité annoncée de 2300). Mais ainsi, la jauge reste très appréciable et démontre un succès grandissant pour GHOST.

DEAD SOUL

Sur une scène dépouillée à l’extrême, le trio DEAD SOUL ouvre le bal. Enfin une première partie ! Malheureusement, mon enthousiasme va vite être douché. Composé de 2 guitaristes et d’un chanteur, le groupe propose une espèce de Dark wave du pauvre. On songe vaguement à une version bruitiste et sans talent de DEPECHE MODE. Affublé d’une paire de lunette de soleil et d’un chapeau à larges bords, le chanteur au charisme que je qualifierai de négatif semble complétement perdu. Musicalement, c’est mou … A la vue de ce triste spectacle, je me demande par quel prodigue DEAD SOUL a pu se retrouver à ouvrir pour TOUTE la tournée européenne de GHOST. Les voies du Music Business sont parfois impénétrables.

Bon bref, on s’ennuie ferme … Au bout de 2 morceaux, la décision est prise, irrévocable : direction le bar pour déguster une boisson houblonnée. On reviendra quand des musiciens intéressants pointeront le bout de leur nez.

GHOST

Heureusement, l’attente ne va pas être insurmontable. Pendant l’entracte, tout semble avoir été prévu pour faire monter la tension. Des relents d’encens se font sentir à travers toute la salle. Comme pour nous faire oublier la triste prestation de DEAD SOUL, la sono crache, en boucle, le même morceau de musique religieuse, invitant presque à la prière. Subtilement, on change de registre et je crois reconnaitre la B.O. du dernier film de Kubrick : “Eyes Wide Shut”.

Enfin, l’obscurité tombe déclenchant la clameur du public impatient d’en découdre. Des spots écarlates inondent la scène d’une lueur sanglante. Au centre, le kit de batterie et les claviers sont surélevés. Un back-drop immense rappelant un vitrail gothique finit d’habiller les lieux. Quand je parlais de l’univers travaillé de GHOST …

Au milieu de ce décor sobre et classe, les musiciens finissent par faire leur apparition ! Surnommés les Nameless Ghouls pour garder leur anonymat, ils portent tous le même costume dont le principal élément est un masque vénitien recouvrant entièrement le visage. Sans bouche, et muni de petites cornes démoniaques, ces masques ont un côté dérangeant. Le mimétisme des Ghouls est vraiment perturbant : mais l’effet est très réussi.

Ghost 2

A la vision de ces 5 cavaliers de l’apocalypse, le public est en délire …. Les choses montent encore dans les tours quand les premières notes de “Spirit” résonnent ! GHOST choisit d’entamer son show par le morceau ouvrant aussi son dernier album sorti cet été : le dansant “Meliora” (Qu’on peut traduire du latin par « encore meilleur » ! Le groupe étant convaincu d’avoir sorti son meilleur disque)

Le tableau est enfin complété avec l’arrivée tardive du leader : Papa Emeritus III qui débarque soudainement dans un panache de fumée mystérieux ! Harnaché dans un déguisement d’anti pape inquiétant et haut en couleur, le chanteur adopte une attitude un peu hautaine parfaitement adaptée. Avec sa voix suave, le leader de GHOST envoute son auditoire. Entre chaque morceau, on peut profiter de son anglais à l’accent si particulier : le chanteur prend un malin plaisir à rouler les RRR de façon exagérée ‘Bonsoirrrrrrrrrrrr Clerrrrrrrrrrrmont Ferrrrrrrrrrand”. L’effet est garanti.

Mais GHOST ne se résume à ses effets de décors et de costumes. Même si on ne peut pas reconnaitre les musiciens cachés sous les oripeaux de Nameless Ghouls, on est subjugué par leur maitrise et leur talent. Les mélodies sirupeuses mais néanmoins solides nous font littéralement décoller. Le gros son est de sortie : les guitares claquent puissamment.

Au bout de 6 morceaux, le chanteur laisse tomber son encombrant costume pour passer à une version plus légère, le faisant ressembler à un clone maléfique du Mime Marceau, avec queue de pie et maquillage grimaçant. Bien plus mobile dans cette tenue, Papa Emeritus III s’amuse à enchainer les chorégraphies étudiées et désarticulées.

Le concert se déroule dans une bonne humeur quasi communicative : le chanteur ne manque pas une occasion de plaisanter avec son accent anglais si particulier. On aura notamment droit à la présentation des « Sisters of Sin », des nones sataniques qui seront envoyés pour la communion dans les premiers rangs. Bon, Papa Emeritus III prend la peine de nous demander de rester sobre et de ne pas trop les tripoter (Même si les gens ne comprennent pas trop l’anglais, les mimiques du chanteur sont suffisamment explicites pour provoquer l’hilarité générale).

Ghost 1

En termes de set-liste, GHOST se concentre essentiellement sur son 3e méfait, “Meliora” en en jouant pas moins de 7 extraits. Du coup, on peut se rentre compte que ces chansons passent parfaitement l’épreuve du live. Elles ne dépareillent pas parmi les brûlots extraits d’ « Infestussumam » (« Year Zero » , « Zombie Queen » …) ou du premier disque « Opus Eponymous » (« Ritual » …) !
Les Suédois ont le bon gout de jouer l’excellente reprise de Roky Erickson « If you have Ghosts …». Ce morceau de pop prend une ampleur incroyable joué par GHOST. Quasi hypnotique avec son riff entêtant, il est une véritable pépite au charme presque vénéneux.

Le concert se clôture sur le tube sans doute le plus marquants de la carrière des Suédois: “Monstrance Clock” … Papa Emeritus III en profite pour nous éclairer sur le sens des paroles : “Come together, together as a one ! Come together for Lucifer’s son”. Il s’agit tout simplement d’une litanie incitant 2 lesbiennes à l’orgasme au nom de Satan ! Mon dieu …. Je ne l’avais pas envisagé comme ça !

Après 1h 30 de show, GHOST quitte les planches de la Coopé laissant un auditoire aux anges. C’est une évidence : ce soir, les Suédois ont marqué les esprits. Des tubes magistraux, une classe quasi surnaturelle, une ambiance de folie …. Tout y était ! Il faut espérer que GHOST continuera sur cette lancée pour atteindre le Panthéon des très grands. Mais, vu le talent affiché, je ne suis pas trop inquiet : GHOST sera tout en haut de l’affiche dans peu de temps. J’en prends le pari !

Set-liste GHOST – 02 décembre 2015
01. Spirit
02. From the Pinnacle to the Pit
03. Ritual
04. Con Clavi Con Dio
05. Per Aspera ad Inferi
06. Body and Blood
07. Devil Church
08. Cirice
09. Year Zero
10. Spöksonat
11. He Is
12. Absolution
13. Mummy Dust
14. Jigolo Har Megiddo
15. Ghuleh/Zombie Queen
16. If You Have Ghosts
—————————
17. Monstrance Clock

Ce contenu a été publié dans compte rendu de concerts, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.