PERIPHERY / VEIL OF MAYA, lundi 14 décembre 2015, CCO, Villeurbanne par Raph

A quelques jours de la pause de Noël, le rythme des concerts de Metal dans la région ne ralentit pas. Témoin de la richesse du genre, les styles représentés sont très variés : ainsi peu avant la venue de SOILWORK et de son Death Metal mélodique dans ce même CCO et 4 jours après le Heavy Metal teutonique d’ACCEPT, c’est le Djent qui est à l’honneur dans cette nouvelle soirée organisée par les filles de SOUNDS LIKE HELL, l’organisation qui a le vent en poupe sur Lyon.

Pour l’occasion, ce sont 2 mastodontes américains du genre qui ont fait escale dans la capitale rhodanienne : VEIL OF MAYA et PERIPHERY. Malgré l’embouteillage créé par la pléthore de concerts en cette fin d’année, les SOUNDS LIKE HELL ont pris le risque d’organiser ce plateau en début de semaine, jamais propice à un succès. Malgré mes craintes, il s’avère que les filles ont eu le nez creux car le CCO affiche presque complet en ce lundi soir. Tant mieux !

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Il faut dire que le Djent rencontre un succès populaire incroyable depuis quelques temps. A tel point qu’on frise presque l’overdose tant les nouveaux groupes se multiplient et les albums sortent à un rythme industriel. Dans cet afflux perpétuel, PERIPHERY a tenté de se démarquer en sortant un double album monumental : « Juggernaut : Alpha » et « Omega ». 2 disques très denses exposant la bipolarité caractéristique du groupe : une galette sombre et violente « Alpha » et une autre plus aérienne et plus propice au calme « Omega ». La complexité et la technicité de hauts vols inhérents au Djent n’ont jamais empêché PERIPHERY de proposer des chansons entêtantes limite tubesques dont les mélodies restent longtemps en tête.

Cependant, malgré la qualité évidente du style, je suis longtemps resté imperméable au Djent (à part TEXTURES bien entendu !) Mais, mon acolyte de Noise Pollution (la plus grande émission Metal de la bande FM lyonnaise ! Diffusée tous les vendredis entre 20h-22h sur Radio Canut 102.2 FM) a fini par me convertir à la suite de ses multiples morceaux proposées dans les set-listes de l’émission. Et dans ce Djent presque stéréotypé (Polyrythmie caractéristique ponctuée d’innombrables contretemps, alternance chant clair / chant hurlé, technicité hors du commun, complexité des structures, …) PERIPHERY a réussi à me séduire. Du coup, je suis curieux de découvrir comment le groupe réussit à reproduire sa musique si riche sur scène.

GOOD TIGER

Avant d’attaquer les plats principaux avec la prestation des 2 fleurons américains, nous avons droit un hors d’œuvre : GOOD TIGER. Mené par un ex-chanteur de TESSERACT au nom d’Elliot Coleman, ce groupe propose la tambouille classique du Djent mais astucieusement agrémentée de refrains Pop un peu marquants. Cependant, malgré tous les efforts de son front-man qui se la joue « star » à grand coup de gestuels amples, GOOD TIGER ne déclenche par les vivats de la foule. Manifestement, les gens ne connaissent pas ce groupe et restent impassibles. Post concert, j’apprendrais que les Anglais viennent juste de sortir leur premier disque « A head full of Moonlight ». Vu la presque saturation observée dans les sorties Djent, cet album n’a clairement pas encore eu le temps de trouver son public. Quoiqu’il en soit, Le Grand Timonier et moi restons de marbre devant ce concert. Du coup, c’est l’occasion de se glisser un godet de houblon dans le gosier, histoire de ne pas complétement perdre notre temps.

VEIL OF MAYA

Après cette entré en matière un peu laborieuse et finalement guère passionnante, il est temps d’attaquer les choses sérieuses avec VEIL OF MAYA venu tout droit de Chicago. Pour le coup, ce groupe est quasiment un vétéran de la scène Djent avec plus de 10 ans de carrière et 5 albums derrière lui. D’ailleurs, VEIL OF MAYA, un groupe de Djent ? C’est vite dit : car pour moi, il est presque à classer dans la scène Deathcore, avec ses infra basses et surtout son chant growlé Death à mort. Technique et agressivité sont les maitres mots de la musique de VEIL OF MAYA. Sur scène, les Américains sont clairement là pour défendre leur dernier bébé, le tonitruant « Matriarch ». Ce soir, les musiciens vont en extraire par moins de 8 titres. Doté d’un organe vocal impressionnant, le chanteur, Lukas Magyar semble prendre beaucoup de plaisir à moduler ses parties passant sans aucune difficulté d’un chant hurlé à des structures plus mélodiques Mais, personnellement, je suis époustouflé par la prestation des musiciens notamment le bassiste et l’unique guitariste. Multipliant les effets et les démonstrations bluffantes de technicité, ces 2 artistes sont tout simplement monstrueux. Le batteur est au diapason : littéralement tentaculaire, il nous hypnotise par sa facilité. Même si le niveau technique affiché est ahurissant, cela n’handicape nullement l’efficacité des chansons jouées ce soir. Avec un bon équilibre entre agressivité, technique et mélodie, VEIL OF MAYA marque un grand coup pendant les 40 minutes qui lui sont alloués. Pas de temps mort ! Il faut jouer et convaincre.

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Après l’apathie devant le concert de GOOD TIGER, le public réagit nettement plus : il y a manifestement une solide fan base de VEIL OF MAYA dans les parages. Résultat : ça bouge bien dans le pit du CCO. Au bout des 12 morceaux, j’en arrive à en espérer plus : clairement, VEIL OF MAYA aurait mérité un temps de jeu plus conséquent à défaut d’être plus haut sur l’affiche. L’efficacité de leur musique a fait mouche. A revoir très vite !

Set-liste VEIL OF MAYA – 14 décembre 2015
01. Nyu
02. Leeloo
03. Ellie
04. Lucy
05. Mikasa
06. Punisher
07. Unbreakable
08. It’s Not Safe To Swim Today
09. Phoenix
10. Subject Zero
11. Three-Fifty
12. Aeris

PERIPHERY

Après cette prestation convaincante de VEIL OF MAYA, la bande de Misha Mansoor va devoir se mettre au niveau. PERIPHERY évolue dans un registre plus mélodique et moins agressif mais qui reste néanmoins bien efficace. Et comme évoqué en introduction, le groupe du Maryland a la possibilité de s’appuyer sur son dernier double-album, véritable mine de tubes percutants (« The Bad Thing » , « Psychosphere », « 22 faces » …)

C’est sur une introduction tout droit sorti de STAR WARS (bien dans l’air du temps compte tenu de la sortie du 7e opus, le « réveil de la force ») que PERIPHERY déboule sur scène. Enfin les musiciens (dont les 3 guitaristes ! Oui ! 3 guitaristes là où VEIL OF MAYA s’appuyait sur un seul soliste). Du coup, sonoriser tout cela doit s’avérer bien complexe et malheureusement, cela va se sentir dans le CCO. Le concert va me paraitre brouillon et il va être bien compliqué de suivre toutes les subtilités déployées par les musiciens. Au final, je ne suis pas convaincu par cette formation hypertrophiée : 3 guitaristes ? N’y en a-t-il pas une de trop ? M’enfin … La star, Misha Mansoor, véritable parrain du Djent, affiche toute sa dextérité avec sa 7 cordes !

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De son coté, Spencer Sotelo va prendre son temps pour montrer le bout de sa truffe. Caché sous sa capuche, le petit chanteur barbu se la joue un peu mystérieux. Compte tenu des incertitudes sur le son, il va parfois être un peu difficile de l’entendre complétement. Moche quand on connait la qualité de son timbre.

Au contraire de VEIL OF MAYA, PERIPHERY a parfaitement équilibré sa set-liste piochant dans sa riche discographie. Ce n’est que la 2e partie du concert qui sera consacrée au fameux « Juggernaut Alpha & Omega ». Les tubes des albums précédents sont joués : monstrueux « Make total Destroy » (Attends ? c’est MESHUGGAH ou PERIPHERY, ce soir ?), version bien allumée de « Flight of Icarus » ….

Sous le déluge de notes, le public parait hypnotisé. Personnellement, je reste un peu en retrait ayant du mal à me lâcher pour me laisser happer par le concert. Tout est parfaitement exécuté, c’est une certitude mais je ne sais pas : c’est compliqué de s’accrocher. Même si les riffs de tueurs s’enchainent, si les parties bien allumées sont flamboyantes, sur scène, cela semble bien synthétique.

Cependant, certains morceaux provoquent un début d’enthousiasme : « Four lights », « The scourge » ou « Alpha » (avec son intro / outro en sonnerie 8-bits vraiment géniale). Malheureusement, mon morceau préféré de « Alpha » n’arrivera jamais : « Heavy Heart », probablement trop mièvre pour être jouer en live. Finalement, je ne ressens pas le même enthousiasme que pendant la prestation de VEIL OF MAYA.

Au bout d’une heure 15, la messe est dite. Pas de fioriture ! C’est maigre mais je comprends : les groupes sont lancés dans une vaste tournée européenne qui doivent les conduire jusqu’à Noël. En bons professionnels, ils préservent leurs forces : il s’agit d’aller jusqu’au bout.

Cependant, je reste clairement sur ma faim. PERIPHERY ne s’est pas mis en danger et a simplement fait le boulot : maitrisé certes mais sans passion débordante. Le groupe peut mieux faire c’est une certitude.

Allez plus qu’une étape avant la trêve des confiseurs : SOILWORK samedi prochain. Et figurez-vous que c’est encore l’association SOUNDS LIKE HELL qui régale. Décidément ! Merci les Filles !

Set-liste PERIPHERY – 15 décembre 2015
01. Muramasa
02. Ragnarok
03. Masamune
04. Psychosphere
05. The Scourge
06. Make Total Destroy
07. Icarus Lives
08. The Bad Thing
09. Alpha
10. Graveless
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11. 22 Faces
12. Four Lights
13. Stranger Things

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