Nous y sommes enfin : le dernier concert de 2015. Après un mois de décembre particulièrement riche en évènements, il est temps de clôturer la saison. Et quoi de mieux qu’un des plus fiers fleurons du Death mélodique pour finir cette année en beauté ? Au même titre qu’IN FLAMES ou DARK TRANQUILLITY, SOILWORK fait partie des grands groupes du genre venus tout droit de Suède. Au contraire de ses 2 compatriotes, SOILWORK s’est fait extrêmement rare dans notre beau pays. Escroqué par un promoteur véreux lors de son dernier passage en France il y a plus de 10 ans, les Suédois n’ont pas osé retenter l’aventure chez nous. Du coup, pour avoir une chance d’apercevoir SOILWORK, il fallait se pointer soit au Hellfest en 2014 ou soit au FuryFest en 2005. Dur ! Cependant, cette année, les choses semblent avoir changé : sans doute mieux accompagnée, la bande de furieux s’est lancée dans une tournée française de 8 dates. Et comble de bonheur, le dernier concert se tient à la maison, au CCO.
Après un début de carrière tonitruant avec des albums gavés de groove genre « Natural Born Chaos », « Figure Number five » ou « Stabbing your drama », SOILWORK réussit le tour de force de rejoindre l’écurie NUCLEAR BLAST, le Saint Graal de la maison de disques Metal. Malheureusement, en 2005, le groupe subit un gros coup de mou avec le départ de son guitariste et principal compositeur, Peter Wichers. SOILWORK va mettre plusieurs années à se remettre de ce départ.
Recentré autour de son talentueux chanteur, Björn « Speed » Strid, SOILWORK a su se renouveler en allant chercher de nouveaux musiciens extérieurs, notamment le Français, Sylvain Coudret (ex-SCARVE) et le surdoué batteur belge, Dirk Verbeuren. Après de gros efforts et un travail acharné, le retour aux affaires de SOILWORK est concrétisé en 2013 avec la sortie du gigantesque double album de MeloDeath : « The Living Infinite ». Ce disque est un monument de Metal bourré de tubes dont SOILWORK a le secret. Cet opus résume parfaitement la musique des Suédois à la fois puissante, mélodique et racée. Porté par les vocalises de « Speed », le disque a rencontré son public. Battant le fer pendant qu’il est chaud, SOILWORK multiplie alors les concerts à travers le monde : c’est à cette occasion que nous les avons enfin recroisé en France au Hellfest. Le nouveau disque « The Ride Majectic » est dans la continuité de « Living Infinity » : toujours aussi réussi.
Cette nouvelle soirée organisée par les filles de SOUNDS LIKE HELL (SLH pour les intimes) est l’occasion de recroiser SOILWORK en tête d’affiche et en salle. Pour l’occasion, les Français de T.A.N.K et les Danois de HATESPHERE complètent un plateau du coup bien dense. Ce soir, SLH a encore réussi son pari avec un CCO affichant un taux de remplissage tout à fait satisfaisant A vue de nez, je dirais que 500 personnes se sont déplacées pour ce concert hivernal. Pour ma part, et exceptionnellement, je réussis à arriver suffisamment tôt sur les lieux pour pouvoir apprécier les premières parties. Pour une fois ! Comme quoi, ça a du bon d’être en Week-end.
T.A.N.K
Pour cette dernière date de la tournée, les Parisiens de T.A.N.K sont remontés comme des coucous suisses : heureux d’en finir et de montrer de quoi ils sont capables ! Officiant eux aussi dans un Death mélodique, les musiciens font feu de tout bois ! Le chanteur est manifestement ravi d’être là, les 2 guitaristes se montrent très à l’aise et dotés d’une belle technique. Ne connaissant pas vraiment T.A.N.K, j’ai un peu de mal à rentrer dedans. Les refrains en voix claire sonnent peut-être de façon un peut trop « much » mais le mélange mélodie / Death / Thrash apparait efficace : je reconnais que c’est bien fait ! T.A.N.K apparait comme un parfait groupe de première qui aura rempli sa mission : démontrer en 30 minutes son talent tout en chauffant la salle pour la suite.
HATESPHERE
Après les petits jeunes de T.A.N.K, on change de génération avec les vétérans de HATESPHERE. Voici un groupe dont j’entends le nom depuis longtemps sans avoir eu l’occasion de les voir récemment. La dernière fois, cela devait être pour un festival REPERKUSOUND organisé à EUREXPO à Lyon. Une paille ! A l’époque, les Danois étaient menés par Jacob Bredahl, un chanteur aussi impressionnant physiquement que virulent vocalement : une véritable figure de proue. Malheureusement, depuis cette époque, Jacob a quitté le navire et il n’est pas le seul puisque les musiciens ont beaucoup changé au sein de HATESPHERE. A tel point qu’aujourd’hui, il ne reste plus qu’un guitariste de la formation initiale. Avec ce turnover effréné, HATESPHERE s’est un peu perdu et est resté confiné dans une sorte de 2e division du Trash Death européen. Mais, avec son nouvel album, « New Hell », HATESPHERE compte bien remettre les pendules à l’heure.
Sur scène, le râblé nouveau chanteur, Esse Hanson, mène ses troupes au combat avec une tonne d’énergie à revendre. Le public semble accrocher immédiatement au set des Danois : ça s’anime très largement dans le pit. Néanmoins, malgré le dynamisme et la bonne humeur du groupe, je reste un peu de marbre. Le son du CCO n’est pas exceptionnel (très brouillon) et HATESPHERE n’a guère de morceaux marquants à proposer : pas de tube sur lequel s’appuyer ou d’hymne susceptible de provoquer l’adhésion immédiate.
C’est le moment où je croise le père Fully, l’infatigable arpenteur des scènes métalliques. L’ami m’apprend qu’il était la veille à Limoges pour assister à la prestation de SOILWORK. Bluffé par ce qu’il a vu, il a décidé de revenir ce soir sur Lyon. Quand on aime, on ne compte pas. Il m’apprend que les Danois portent exactement les mêmes vêtements que la vieille : bonjour les odeurs ! Ça doit méchamment fouetter.
En conclusion, cette prestation joyeuse mais un peu brouillonne de HATESPHERE ne me laissera pas un souvenir impérissable.
SOILWORK
22H00 pile poil et les Suédois prennent d’assaut les planches du CCO. C’est la fin de tournée, et SOILWORK a hâte d’en découdre. Le magnifique « The Ride Majestic » retentit et ouvre les hostilités. Alors que HATESPHERE a bénéficié d’un son un poil incertain, SOILWORK a plus de chance : c’est clair et précis malgré un petit manque de puissance. Rien de grave cependant ! Voulant profiter au maximum de la déflagration, je me suis glissé dans la fosse parmi les fans les plus agités.
Pendant une heure 30, les Suédois vont parcourir leur riche discographie avec succès en appuyant quand même par mal sur leur dernier méfait : 5 chansons en seront extraites. Sur scène, Bjorn « Speed » Strid se révèle un leader au charisme certain. Après cette longue succession de concerts, on aurait pu imaginer le chanteur un brin fatigué : il n’en est rien : Avec son chant si caractéristique, Speed enchaîne les moments de bravoure et les paroles particulièrement éprouvantes : facile pour lui !
Déjà bien chauffé par HATESPHERE, le public se laisse envahir par la passion du groupe enchainant les circle-pits et autres Walls of Death sans s’arrêter. Quelle ambiance dans le CCO ! D’ailleurs, c’est assez étonnant mais l’assistance est un parfait patchwork des générations de metalleux lyonnais : du jeune boutonneux au vieux routier, SOILWORK peut se targuer de brasser un large public. Tant mieux, cela démontre que la musique du groupe a réussi à s’affranchir des générations et plait au plus grand nombre.
Le niveau technique affiché par les musiciens est impressionnant. Cependant, la disposition de la scène ne nous permet pas d’apprécier à sa juste valeur la technique de Dirk Verbeuren. Le petit batteur est relégué tout au fond. Il disparait presque derrière son impressionnant kit. Il n’est même pas surélevé : difficile dans ces conditions, d’apprécier son jeu si spectaculaire. C’est bien dommage.
Le morceau « Stabbin the Drama » clôture la première partie du show : bon choix car c’est l’occasion pour les fans de reprendre en chœur le refrain si particulier. Effet garanti ! Après une courte pause, SOILWORK est de retour pour un rappel constitué de 5 morceaux au bas mot. Un vrai cadeau de noël !
Pendant ce rab, les Francophones du groupe prennent la parole pour un speech complètement improvisé. Les 2 musiciens en profitent pour souligner le plaisir de finir la tournée en terres lyonnaises. Pendant ce temps, Speed ouvre une bouteille de champagne et commence à trinquer aux vacances.
Après un hiatus de 10 ans, SOILWORK a enfin mis un terme à son absence en province. Ce fut un vrai plaisir de découvrir en live un groupe rasséréné par ses nouveaux membres, fier de ses chansons et porté par un chanteur emblématique à souhait.
Ainsi se termine l’année 2015. On se retrouve très vite pour la suite : avec 2016, qui s’annonce d’ores et déjà comme un grand cru.
Set-liste SOILWORK – samedi 19 décembre 2015
01. The Ride Majestic
02. Nerve
03. Bastard Chain
04. The Crestfallen
05. Death In General
06. Alight In The Aftermath
07. Tongue
08. Follow The Hollow
09. Petrichor By Sulphur
10. This Momentary Bliss
11. The Chainheart Machine
12. Stabbing The Drama
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13. Let This River Flow
14. Late For The Kill, Early For The Slaughter
15. Rejection Role
16. Whirl Of Pain
17. Spectrum Of Eternity