TWISTED SISTER fait tout simplement partie de la légende ! Depuis 40 ans (avec un gros hiatus au milieu il est vrai) les Américains ont distillé leur Heavy Rock explosif sur toutes les scènes du monde ! Armé d’une série de tubes absolument irrésistibles, le groupe a toujours fait preuve d’une énergie incroyable. Cependant, même si l’alchimie de l’ensemble est indéniable, je ne suis pas loin de penser que la carrière de la sœur tordue aurait été toute autre sans son diabolique front-man : Dee SNIDER. En effet, le blond chanteur est probablement un des plus grands show-men que j’ai eu la chance de croiser en concert. A plus de 60 ans, il est fait toujours preuve d’un enthousiasme communicatif et d’une puissance vocale inégalée.
Seulement voilà, les meilleures choses ont une fin : TWISTED SISTER a annoncé depuis plusieurs mois, que le rideau allait tomber sur la petite troupe. Le décès inattendu d’A.J PERO, son batteur historique intervenu début 2015 a marqué la fin des festivités. Néanmoins, ce départ ne pouvait pas se faire sans un dernier tour de piste. En cet été 2016, les Américains se sont invités dans tous les grands festivals européens. En juin, Dee SNIDER et ses musiciens ont donc plié le public du HELLFEST sous un déluge de hits intemporels. Malheureusement, ces adieux ont été un peu éclipsés par les multiples hommages rendus par le festival clissonais au grand Lemmy de MOTÖRHEAD. Pour le coup, je suis resté un peu sur ma faim. J’avais le sentiment d’être un peu passé à côté.
De retour à la maison, je réalisais que cette prestation au HELLEFEST n’était pas la dernière sur le sol français. TWISTED SISTER était programmé dans le festival « Guitares en scène » non loin de Genève, soit à moins de 2 heures de Lyon. En creusant un peu plus, j’apprends que STEVE VAI joue également dans ce festival. 2 parfaites raisons pour convaincre Laurent, dit le « Grand Timonier » pour rallier Saint-Julien-en- Genevois en ce 14 juillet.
Après un trajet sans encombre sur l’autoroute des Titans qui conduit en Suisse, nous arrivons sans encombre dans la petite bourgade nichée au cœur des Alpes. Le festival « Guitares en scène » se tient sur le stade municipal. L’idée de cette manifestation est de mettre en valeur la guitare sur toutes ses formes. Dans ce but, quelques sommités de cet instrument sont invitées: JOE SATRIANI, CARLOS SANTANA, DWEEZIL ZAPPA, …. Mais ce soir, le programme propose STEVIE VAI et les vrais adieux de TWISTED SISTER : Miam !
La scène principale est dressée sur le terrain de football. Une grande tente a été montée pour protéger le tout et heureusement : car aujourd’hui, la pluie s’est invitée au programme. Il tombe des trombes d’eau. Mais, sous la toile, nous sommes à l’abri. En attendant le début de la prestation de STEVE VAI, je profite de l’attente pour consulter le programme de la manifestation. Depuis quelques années, « Guitares en scène » peut se targuer d’avoir accueilli pas mal de célébrités (dans toutes les styles) et chaque année, de bons groupes de Metal sont venus. Je tacherai de suivre la programmation de ce festival plus attentivement dans les années à venir.
STEVE VAI
Autant l’avouer tout de suite, je ne suis pas un fan de guitare instrumentale et surtout en Live. Au HELLFEST, la prestation pourtant réussie (il parait) de JOE SATRIANI m’avait bien cassé les pieds. Je ne suis donc pas complétement rassuré. Cependant, STEVE VAI fête le 25e anniversaire de son 2e album « Passion and Warfare ». Avec ce disque, l’artiste américain avait quand même pas mal secoué le cocotier en proposant une approche fun de la guitare instrumentale.
Avec le Grand Timonier, on arrive à se faufiler très près de la scène. Autant être le plus près possible pour apprécier la démonstration technique du virtuose. A 20h00 tout ronds, STEVE VAI débarque sur scène. Souriant, il est accompagné par 3 musiciens. Je suis surpris par l’extrême maigreur de STEVE VAI. Il faudrait qu’il s’alimente le mec. S’il veut des conseils pour grossir, je peux lui en donner gratuitement.
Quoiqu’il en soit, STEVE VAI attaque son set tranquillement. Bon, clairement, en termes de technique pure, on est tout en haut de la hiérarchie. Ça tricote à tout va, tout en restant mélodique et décontracté. Avec sa superbe crête d’Iroquois, le batteur frappe comme un taré couvrant presque les autres instruments. Après 4 premiers morceaux qui ne me parlent pas (je ne suis pas un spécialiste de la discographie du monsieur), STEVE VAI commence sa commémoration en jouant les premiers morceaux de « Passion and Warfare » : ça me parle un peu plus.
Pour éviter de sombrer dans la démonstration technique pure, STEVE VAI a l’intelligence d’habiller un peu son concert. Ainsi, l’écran tendu derrière le kit de Batterie, diffuse les vidéo-clips sortis à l’époque. Il est drôle de voir le musicien avec 25 ans de moi. Honnêtement, les tenues de l’époque paraissent bien décalées. C’est un grand moment. Dans le même esprit, STEVIE VAI simule un dialogue avec des musiciens célèbres via l’écran. Ce sont des petits films ou JOE SATRIANI ou JOHN PETRUCCI, le guitariste de DREAM THEATER dialogue avec STEVIE VAI. C’est entièrement préparé mais l’effet est très réussi et divertissant. Ces échanges se terminent par un duel de solo virtuels qui décoiffent sur les morceaux de « Passion and Warfare ».
Au bout de plusieurs minutes, STEVIE VAI prend enfin le micro pour nous adresser quelques mots : il est ravi d’être invité pour la 3e fois dans ce festival. Je craignais le pire mais ce concert du maestro se relève finalement plutôt agréable.
TWISTED SISTER
Malgré ce bon moment, il ne faut pas oublier que je suis là pour dire « au revoir » au légendaire groupe new-yorkais, TWISTED SISTER. La tension monte peu à peu : le public est bien plus nombreux. La chanson « It’s a long way to the top » d’AC/DC retentit dans les enceintes. C’est le signal que les fans attendaient. Des photos de toute la carrière du groupe défilent alors sur les écrans : séquence nostalgie. Que de chemin parcouru depuis les années 70. A 22 heures précises, le groupe apparait sur scène, et c’est l’explosion dans la foule. En cette journée de fête nationale, les gens sont là pour prendre du bon temps et rien de tel qu’une décharge de Heavy rock pour décoller.
Depuis le décès d’AJ PERO, c’est MIKE PORTNOY qui a repris les baguettes du gang. Le musicien est un fan de très longue date : son implication et son émotion de jouer avec ses idoles est palpable. Dès les premières notes, le constat est implacable. Pour son chant du cygne, Dee SNIDER est plus en forme que jamais. Vocalement, il est à fond ! Ce mec est une pile électrique. Il doit s’entrainer durement pour être autant affuté. Les plus jeunes devraient en prendre de la graine. Autour de lui, les musiciens sont à l’avenant : Jay Jay FRENCH notamment est surexcité !
Comme au HELLFEST, les blagues fusent sans arrêt. « C’est le dernier concert de TWISTED SISTER en France : alors profitez-en » « Nous ne sommes pas comme SCORPIONS ou JUDAS PRIEST, on s’arrête vraiment après cette tournée ». Particulièrement volubile, Dee SNIDER ne cesse d’haranguer le public. D’ailleurs, l’assistance est plutôt bon enfant, loin des metal-heads du HELLFEST. Cependant, ça le fait super bien : les tubes toujours efficaces font mouche ! Les refrains sont repris systématiquement par les fans. Le « We’re Not Gonna Take It » est l’occasion pour Dee SNIDER de faire un discours plein de compensions pour la France et les victimes des attentats. Sur le côté de la scène, STEVE VAI ne manque pas une miette de ce concert de TWISTED SISTER.
La prestation globale est magistrale : pleine de maitrise et de bonne humeur ! Quel regret qu’un groupe de cette trempe s’arrête alors que d’autres bien plus médiocres continuent de se produire à travers le monde. Cette magnifique soirée va malheureusement se terminer dans les pleurs et l’incompréhension.
Lors du rappel, alors que TWISTED SISTER s’apprête à interpréter le « S.M.F » final, Dee SNIDER revient sur scène avec le masque. Il a l’air profondément choqué. Quel contraste avec sa prestation enjouée durant une heure 30 ! L’attentat de Nice vient de se produire en ce jour de fête nationale et le chanteur vient de l’apprendre. L’annonce fait l’effet d’une douche froide. C’est d’ailleurs un peu l’incompréhension autour de nous, les gens n’ont pas l’air de bien saisir ce qu’il se passe.
TWISTED SISTER exécute une nouvelle fois sur « We’re Not Gonna Take It » dans une version plus sauvage que jamais. Le concert se termine sur cette interprétation rageuse, pleine de doigts tendus bien hauts adressés aux terroristes.
Les adieux de TWISTED SISTER sont ternis par cette triste nouvelle. Néanmoins, chapeau bas les gars ! Merci pour ces belles années ! Et une question me vient en tête : quel groupe aura le talent pour combler le vide que laisse la Sœur tordue derrière elle?
Set-liste TWISTED SISTER – jeudi 14 juillet 2016
01. What You Don’t Know (Sure Can Hurt You)
02. The Kids Are Back
03. Burn In Hell
04. Destroyer
05. Like A Knife In The Back
06. You Can’t Stop Rock ‘n’ Roll
07. The Fire Still Burns
08. I Am (I’m Me)
09. We’re Not Gonna Take It
10. The Price
11. I Believe In Rock ‘n’ Roll
12. Under The Blade
13. I Wanna Rock
14. Shoot ‘Em Down
15. We’re Not Gonna Take It