SYLAK Open Air, 09/10 août 2014, Saint Maurice de Gourdans par Raph

Derrière le succès incomparable du Hellfest, de nombreux festivals plus modestes ont éclos à travers toute la France. Ben Barbaud, grand ordonnateur de la messe métallique a démontré qu’il était possible d’organiser des événements autour du Metal sans perdre (trop) d’argent. Inspiré par ce bel exemple, les courageux se sont lancés pour organiser leurs propres évènements intéressants. Ainsi, mue par une irrésistible passion, l’équipe du Sylak Open Air, a mis en place sa petite fête aux confins de la Plaine de l’Ain, dans le sémillant village de saint Maurice de Gourdans et cela depuis 5 ans maintenant.

A l’instar de son grand frère Clissonais, le Sylak Open Air est parvenu à franchir les paliers pour grandir de façon très intéressante au fil de ses éditions. Cette réussite se traduit par une affluence de plus en plus importante (6000 personnes cette année sur 3 jours) et une programmation tout à fait remarquable. Pour la première fois, les groupes présents sont si nombreux, que je vais enchainer 2 jours.

La proximité du Sylak avec Lyon permet également de faire découvrir dans des conditions pratiques intéressantes l’ambiance « festival » popularisée par la couverture médiatique du Hellfest. Les néophytes peuvent a peu de frais, plonger dans cette ambiance si rock n’roll. Ainsi aujourd’hui , nous en profitons pour emmener des curieux (Hail to Tristan and Mumu)

Depuis ses débuts, le site du Sylak n’a pas changé ; il est toujours organisé autour du stade municipal, sous les arbres dans une ambiance bucolique et campagnarde. Comble de bonheur, malgré des prévisions météorologiques pessimistes, la pluie n’a pas montré le bout de son nez.

Malheureusement, une affichette placardée à l’entrée du site nous apprend que les Portugais de MOONSPELL n’ont pas pu se déplacer pour assurer leur prestation prévue le samedi. Quelle tristesse ! Nous étions ravis de les voir. A priori, une grève des aiguilleurs du ciel portugais a cloué leur avion au sol. Comme quoi, il n’y a pas qu’en France que des grèves peuvent paralyser les transports aériens.

Samedi

MONONC’ SERGE

Nous arrivons sur place alors que MONONC’ SERGE est en pleine performance. Armé de sa simple guitare électro-acoustique, le Québécois pousse la chansonnette, dans un ton totalement décalé et humoristique. Parfois, le coquin utilise ses pédales pour balancer des effets ! Le SYLAK a toujours veillé à proposer un groupe ou un artiste « hors sujet » dans un esprit franchouillard (on se souvient avec émotion des concerts de Bernard MINET, CORBIER ou ELMER FOOT BEAT les années précédentes) : MONONC’ SERGE remplit parfaitement le cahier des charges sans toutefois soulever mon enthousiasme.

KORITNI

Après un petit laps de temps lié au changement de plateau (le SYLAK n’est équipé que d’une scène unique qui ne permet pas d’enchainer rapidement), les franco-australiens de KORITNI investissent la scène. Je constate avec plaisir que, affublé de son éternel Stanton, Manu LIVETOUT, un des meilleurs guitar-hero français, occupe toujours le poste de 2e guitariste. Mais, ce n’est pas la seule surprise : Vivi (le légendaire bassiste de TRUST) joue aussi avec KORITNI pour ce concert. Conséquence : nous aurons droit à une version massacrée du tube « Antisocial » mais qui aura le don d’enflammer l’assistance.

KORITNI s’appuie toujours sur son excellent dernier album « Welcome to the crossroads » en y puisant l’essentiel de sa set-liste (« Better of Dead », « Down At the Crossroard », « Party’s Over » …) Le groupe n’a pas son pareil pour distiller ses tubes rock metal qui font taper du pied et qui mettent de bonne humeur.

EVERGREEN TERRACE

L’avantage de la scène unique est qu’elle nous permet de tomber sur des petites pépites. EVERGREEN TERRACE fait partie des groupes dont je n’avais jamais entendu parler. Les Américains évoluent dans un Metalcore virulent teinté de Punk. Le groupe se caractérise pour ses refrains en voix claires parfaitement exécutés et balancés par le guitariste barbu et couvert d’un béret du plus bel effet ! Les ruptures syncopées typique du genre sont également de la partie et font mouche à chaque fois. Quand en plus EVERGREEN TERRACE s’appuie sur un hurleur ultra dynamique on obtient un concert exaltant et inattendu.

Une grosse découverte pour ma part. A tel point, que je repars avec leur dernier disque sous le bras, le réussi « Dead Horses ». Pour la petite histoire, le nom EVERGREEN TERRACE fait directement référence aux Simpsons : il s’agit tout simplement de l’adresse de la famille au teint jaunâtre.

BENIGHTED

Après l’enchainement MONONC’ SERGE, KORITNI et EVERGREEN TERRACE, on continue de monter en intensité avec les locaux de l’étape, les BENIGHTED. En effet, les Stéphanois sont venus en voisins. En ce début de soirée, nous avons donc droit à une grosse tartine grasse de Brutal Death. Avec leur dernier disque « Carnivore Sublime » sorti cette année, BENIGHTED a franchi un nouveau palier pour passer dans le groupe de tête des leaders du style. Jouant quasiment à la maison, le groupe profite de l’occasion pour enregistrer le concert pour une sortie d’un CD/ DVD live début 2015 : en voilà une bonne nouvelle !

Compte tenu de l’absence de MOONSPELL, BENIGHTED en profite pour allonger un peu la sauce et nous proposer quelques morceaux supplémentaires : une vraie boucherie.

Malgré un son un peu improbable (les guitares sont affreuses), les Stéphanois délivrent une performance extraordinaire de violence joyeuse. Dès le premier accord, le pit se transforme en gigantesque champ de bataille. Le public se jette dans une frénésie souriante et débridée. Un grand moment de communion !

Le Brutal Death ne se prête pas forcement à ce genre de mêlée joyeuse. Mais avec BENIGHTED, on a l’impression d’être en famille. Vu l’enregistrement du DVD, le groupe nous offre 2 featurings savoureux : un duo avec le chanteur de RECUEIL MORBIDE et le retour de l’ancien bassiste Candy pour un morceau joué dans l’allégresse. Pour résumer, le concert fut intense et une occasion d’agrandir ma collection de plaies et d’ecchymoses.

Le plus beau coup de poing dans la face du festival.

PHIL CAMPBELL’S ALL STARS BAND

La tension va nettement retomber avec le groupe suivant : PHIL CAMPBELL’S ALL STARS BAND. Compte tenu des pépins de santé de Lemmy, MOTORHEAD est quelque peu dans l’incertitude. Comme il faut bien manger, PHIL CAMPBELL, guitariste du légendaire trio, a profité du temps libre pour monter son propre groupe … avec ses 3 fils. C’est donc la famille CAMPBELL qui nous propose un set de reprises (essentiellement de MOTORHEAD d’ailleurs)

Du coup, le concert nous permet de vérifier que jouer du MOTORHEAD sans la voix si typique de Lemmy n’est pas forcément une bonne idée. Phil semble être victime du symptôme de Gilles de la Tourette, ne cessant de balancer des « Fuck » à tout va. Je crois que le sommet est atteint quand le monsieur quitte la scène en lâchant « Vive la France !! …. Fuck Off ! »

Bref, après la bourrasque BENIGHTED, on s’ennuie ferme.

GOJIRA

La tête d’affiche du samedi est tenue par le groupe de metal français le plus populaire du moment, les GOJIRA.

Après une longue attente liée a priori au réglage du son, les Biarrots débarquent et décident de montrer qu’ils sont bien les patrons en balançant directement un enchainement : « Explosia », « The Axe », « Backbone » et « The Heaviest Matter of The Universe » ! Difficile de faire plus rentre-dedans !

La multitude de concerts à travers le monde a permis à GOJIRA d’acquérir une sacrée maturité sur scène. Indubitablement, les Français sont très pros (mise en place impeccable, techniquement ça assure) mais inversement, cette maitrise semble se faire au détriment de la chaleur du groupe. Les musiciens affichent un petit côté prétentieux et une attitude un brin hautaine.

Le public n’en a cure et offre une sacrée ambiance à GOJIRA. Sur « Flying Wales », un Wall of Death démentiel va avoir lieu !

Personnellement, est-ce la fatigue ? Mais j’ai du mal à rentrer dans le délire. Je n’arrive pas à me défaire de l’idée que GOJIRA a beaucoup pompé chez MORBID ANGEL. Malgré une sacrée série de morceaux racés (retour du méconnu mais ultra efficace « Love » dans la set-liste), le concert m’apparait bien trop clinique.

En conclusion, une performance bien exécutée mais quelque peu impersonnel.

Dimanche

Après une bonne nuit de sommeil réparatrice, nous voici déjà de retour sur le site pour une 2e journée qui s’annonce prometteuse.

MISERY INDEX

MISERY INDEX est tout simplement le groupe qui m’a motivé pour faire le déplacement ce dimanche. Après une prestation ENORME au Hellfest en 2013 et la sortie de leur dernier bébé « The Killing Gods » chez SEASON OF MIST, j’avais vraiment hâte de les retrouver sur scène. En effet, le groupe américain se fait clairement rare de par chez nous. C’est sous un soleil radieux et estival que le concert se déroule.

Malheureusement, comme pour BENIGHTED, le son se révèle très incertain (manifestement les techniciens semblent avoir du mal à sonoriser le metal extrême) Du coup, difficile de discerner les solos ! Ce qui n’arrange rien, les musiciens de MISERY INDEX semblent fatigués. Peut-être l’enchaînement rapide et épuisant des concerts lors de leur tournée estivale.

A l’heure de la sieste (il est 15h) le public semble quelque peu amorphe et a probablement du mal à rentrer dans la musique violente proposée par MISERY INDEX. Dommage … même si moi, j’ai le sourire jusqu’aux oreilles !

THE REAL MC KENZIES

Le programmateur du SYLAK est dans doute un adepte des changements de style. Car, après le Death Metal de MISERY INDEX, voici clairement un exemple de passage du coq à l’âne avec le ska / punk / metal fortement teinté de musique celtique des THE REAL MC KENZIES.

Les Ecossais (avec kilts et cornemuse) sont là pour faire la fête et nous faire partager un bon moment. Le chanteur au talent vocal relativement limité, possède par contre un vrai don pour raconter des bêtises et nous faire rire. (Bon je ne suis pas sûr que tout le monde ait bien compris son anglais à l’accent prononcé)

On sent que THE REAL MC KENZIES a une vraie passion pour la Reine d’Angleterre. Le hurleur nous a ainsi plusieurs fois incité à lui astiquer le fondement. La pauvre !

Même si je suis incapable aujourd’hui de me souvenir de ce que le groupe a joué, l’ensemble du SYLAK passe un moment festif sous les ritournelles punkisantes de THE REAL MC KENZIES.

DEW SCENTED

Les Allemands de DEW SCENTED ont été invités au dernier moment pour remplacer DEATH ANGEL. Fan inconditionnel des Américains, j’ai été très déçu de cette annulation. DEW SCENTED s’en sort pourtant très bien et relève le défi sans problème. Alors qu’ils ont encore joué au BRUTAL ASSUALT la veille (au fin fond de la République Tchèque) DEW SCENTED est bien présent cet après-midi pour nous en mettre plein les oreilles.
Le Trash / Death à l’ancienne de DEW SCENTED passe plutôt bien en festival. Le chanteur Leif, dernier membre d’origine du groupe fait l’effort de parler en français, il reçoit en retour des applaudissements nourris. Humble, il remerciera l’organisation, ses partenaires et les groupes amis croisés sur le site.

Une prestation efficace qui nous aura presque fait oublier l’absence de DEATH ANGEL.

RED FANG

Je n’ai jamais vraiment accroché au stoner metal de RED FANG, malgré des qualités indéniables. Les 2 derniers disques ont pourtant pas mal tournés à la maison. Mais, depuis ce concert, les pendules ont été remises à l’heure.
Car, sur scène, RED FAND prend une tout autre dimension et l’enchainement des morceaux est juste irrésistible. Malgré un backdrop ridicule (limite caricatural), et une mise en scène minimaliste, le groupe suinte la passion et le plaisir (tout le contraire d’un GOJIRA, à tout hasard) Ça joue, ça swingue, ça tabasse … Malgré leur son gras au possible et leur communication minimaliste, les musiciens arrivent à nous faire tripper méchamment avec leurs morceaux bien accrocheurs et taillés pour la scène. Le show se révèle juste incroyable.

Le public ne s’y trompe d’ailleurs pas : il y a foule devant la scène. Le SYLAK a eu le nez creux en nous proposant ce groupe. A revoir (Au printemps à l’épicerie Moderne par exemple)

CORONER

2e tête d’affiche du SYLAK, les légendaires Suisses vont nous balancer un concert ultra efficace, mais malheureusement très court. Déjà, leur arrivé sur scène est retardée de plus d’un quart d’heure. Et en fin de set, malgré un gros flottement qui nous tient en haleine, nous n’aurons droit à aucun rappel. Triste …

Heureusement, le concert est juste magique. A la basse, Ron nous parle en français et multiplie les tueries issues essentiellement de leurs 2 derniers albums, « Mental Vortex » et « Grin ».

Après leur prestation du HELLFEST il y a quelques années, j’étais plutôt dubitatif sur leur retour. La prestation de ce soir m’a clairement rassurée : CORONER reste une machine de guerre toute en puissance, feeling et maitrise.

Même en ayant changé de batteur, les Suisses ont gardé leur sens incroyable de la technique. CORONER s’est montré à la hauteur de sa réputation malgré un set raccourci.

TURBONEGRO

Le SYLAK arrive à son terme avec le dernier groupe, TURBONEGRO. Juste avant le concert, la fosse est envahie par les fameux fans à la veste en jeans, les TurboJugend. . On les a croisé sur le site toute la journée mais c’est seulement à l’approche du concert de leurs favoris que les TurboJugend se déplacent devant la scène.

Musicalement, TURBONEGRO est à ranger dans la case Punk Metal. Armé d’une discographie longue comme le bras, et d’une mise en place impeccable, les Norvégiens délivrent un concert maitrisé. Leur humour salace et leur bonne humeur ravissent les afficionados.

TURBONEGRO a réussi à construire son univers déjanté autour de morceaux simples et assez accrocheurs. Affublés de déguisements Gay-Friendly (Terrible le guitariste avec son bob de marin) les musiciens ont le sourire. Les premiers rangs de spectateurs semblent très agités.

On aura droit à une reprise de « Money for Nothing » de Dire Straits complément décalée et parfaitement exécutée.

C’est sur cette prestation des Punks à paillette que se termine cette nouvelle édition du SYLAK OPEN AIR. Avec une météo clémente et une dimension familiale bien agréable, ce festival est une vraie réussite. Un parfait compromis entre le gigantisme du Hellfest et un concert local.

En espérant une programmation 2015 tout aussi réussie que cette année, on se retrouve avec plaisir l’été prochain.

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