Dans notre belle capitale rhodanienne, cette fin d’année 2014 ressemble à un sprint pour tout bon métalleux qui se respecte : les affiches prestigieuses se succèdent avec frénésie. Ainsi, ce soir, les vétérans de SAXON posent leurs valises au Transbordeur. Ils sont accompagnés par d’autres illustres anciens, les Américains de SKID ROW.
Le ciel est bien gris pour accueillir ce superbe concert. Depuis quelques années, SAXON a repris du poil de la bête. Les années 90 furent terribles pour les vétérans de la NWOBHM, qui ont failli sombrer dans l’oubli, emporté par la vague Grunge et par des choix de carrière peu judicieux. Heureusement, le groupe s’est accroché, et a réussi à reconquérir une fan-base enthousiaste à coup de sorties régulières d’albums solides. En parallèle, les Britanniques ont multiplié les concerts ébouriffants et s’aventurent même de plus en plus en province, et notamment pas loin de la maison. Ainsi, après une date à la Coopé de Mai de Clermont-Ferrand il y a 3 ans pour célébrer l’album « Calls to Arms », les voici de retour ce soir chez nous avec un nouvel album sous le bras « Sacrifice ». Pas de grande nouveauté chez les Anglais : ils continuent de proposer leur Heavy Metal sans fioriture mais terriblement rentre-dedans. Les années passent, mais les Paul Quinn et autre Biff Byfford restent au somment de leur art.
Et, ce nouveau concert lyonnais ne va pas révolutionner la donne.
Accompagné de l’omniscient Grand Timonier (animateur de la plus grande émission radio metal de l’univers – tous les Vendredis – 20h-22H sur Radio Canut 102.2 FM – Lyon) je me présente devant la célèbre salle de Villeurbanne. Le temps est maussade et la pluie menace, mais cela n’a aucun impact sur notre volonté d’en découdre : nous allons en prendre plein les oreilles.
La date de ce soir est complétée par HALCYON WAY, formation totalement inconnue pour ma part. Compte tenu de notre retard mais surtout des copains rencontrés (Hail to Chacal & Fonz) et de l’appel de la bière fraîche, nous ne verrons que quelques secondes de cette première partie. Désolé.
SKID ROW
Au début des années 90, les américains de SKID ROW ont connu un succès incroyable avec leurs 2 premiers albums (l’éponyme premier disque et le fantastique « Slave to the Grind ») A l’époque, porté par leur chanteur très spectaculaire, Sebastian Bach, le groupe a collectionné les tubes interplanétaires et les premières parties extrêmement prestigieuses… Malheureusement, pour eux, le fantasque chanteur est parti avec pertes et fracas, provoquant leur passage dans l’anonymat. Le gang américain a eu du mal à s’en remettre, mais lui aussi, a fini par s’en sortir. IL a même commencé à recomposer accompagné d’un nouveau hurleur, Johnny Solinger.
La dernière fois, que j’ai vu SKID ROW en novembre 1995 (j’ai retrouvé mon billet !), le concert se déroulait au même endroit. A l’époque, le flamboyant Sebastian Bach portait le show sur ses épaules ! Du coup, près de 20 ans après, comment le groupe se comporte sans son charismatique chanteur historique?
Un immense back-drop aux couleurs de leur dernier album sorti tout récemment, décore la scène du Transbordeur comme pour montrer à tout le monde que SKID ROW avance encore et propose de nouvelles chansons.
Cependant, d’entrée, Johny Solinger veut marquer son territoire, et balance un « Slave to the Grind » percutant. Honnêtement, le nouveau chanteur s’en sort plutôt bien avec une voix finalement pas si éloignée de celle de son prédécesseur. La set-liste est bien sûr en grande partie composée d’extraits des 2 premiers albums. Ces disques ayant été vendus à des millions d’exemplaires, il aurait été inconcevable de faire l’impasse.
Mais, 2 nouveaux morceaux font leur apparition. Extrait des 2 disques sortis avec Johny, ils sont sans surprise : SKID ROW propose toujours son hard rock typiquement américain, très mélodique mais non dépourvu d’une sorte d’énergie primale limite violente. Les Californiens n’ont jamais fait dans la dentelle et ce n’est pas ce soir que ça va changer !
Le bassiste d’origine, Rachel Bolan, va se saisir du micro pour nous balancer une petite reprise des RAMONES qui va bien, dans un genre bien punk.
Manifestement, les musiciens semblent ravis d’être là et de faire parler encore la poudre après tout ce temps. Composé en grande partie de quadragénaires, le public se replonge dans ses vertes années et lève les poings avec véhémence sur les tubes intemporels joués par SKID ROW. La fête est belle !
La ballade « 18 & Life » reste un morceau extraordinaire, une ballade digne des plus grands et qui provoque des frissons. Et ce soir, elle fait encore son petit effet, même si sur ce morceau, je trouve l’ami Johny un peu à la ramasse. Peu importe, il se rattrape avec le titre final « Youth Gone wild », où mes cervicales hurlent de bonheur ! Purée ! Quel morceau grandiose pour clôturer une prestation de près d’une heure. SAXON ne s’est pas moqué de SKID ROW en leur proposant une belle tranche d’une heure.
Honnêtement, j’étais plutôt dubitatif à l’idée de voir SKID ROW sans son chanteur initial. Et finalement, ça le fait plutôt bien ! En fait, il manque juste une chose à ce « nouveau » chanteur (ben, c’est vrai que ça fait « juste » 15 ans qu’il est dans le groupe) ; le côté show man complétement déjanté qu’avait Sebastian Bach. A noter que quelques mois après ce concert du Transbordeur, Johny sera viré … c’est dommage car malgré tout, il avait démontré qu’il pouvait occuper le poste.
Set-Liste SKID ROW – 25 novembre 2014
01. Slave to the Grind
02. Piece Of Me
03. Let’s Go
04. Big Guns
05. 18 & Life
06. Thick Is the Skin
07. Psycho Therapy
08. Monkey Business
09. We Are the Damned
10. Youth Gone Wild
SAXON
Après cette très sympathique entrée en matière, il est temps de passer au plat de résistance avec SAXON. Après plus de 35 ans de carrière, les Britanniques font figures de légendes à côté des JUDAS PRIEST et autre IRON MAIDEN. Sans avoir remporté le succès populaire de ces autres illustres du heavy anglais, SAXON n’a pas à rougir de son histoire (21 albums studio) et fait toujours preuve d’un enthousiasme communicatif.
Aux alentours de 21 heures, le Transbordeur se retrouve plongé dans le noir alors que la sono crache le classique d’AC/DC « It’s a long way to the top » (Tout un symbole). L’excitation monte dans la foule ! Au contraire de leur dernier passage, le rideau qui coupe la salle en 2 n’a pas été déployé : sans être complet, le Transbordeur affiche une affluence très honnête. Preuve supplémentaire que la popularité du groupe reste bonne !
SAXON débarque enfin dans un fracas de bécane : le groupe attaque d’entrée avec un toujours efficace « Motorcycle Man ». Quel plaisir de retrouver les Britanniques en plein forme ! Sanglé dans sa grande redingote, Biff Byford a toujours autant la classe : il arpente la scène de long en large arborant un grand sourire et chantant avec puissance et justesse. A plus de 60 ans, le mec fait encore le spectacle au contraire de son compère de toujours, Paul Quinn qui distille ses solos avec un flegme tout britannique (en gros, il est statique et semble un peu absent). Heureusement, les 2 derniers musiciens qui ont intégré SAXON (il y a presque 20 ans tout de même) apportent une certaine fraîcheur. Notamment, le bassiste Nibbs Carter semble complétement possédé sur scène : relançant sans arrêt le public et s’escrimant sur son instrument, le tout torse nu et en headbangant comme un sauvage. Le gars assure méchamment. Derrière, à la batterie, Nigel Glockler est une véritable machine, un vrai métronome même.
Malgré un son relativement déplorable, SAXON fait ce qu’il sait faire : balancer sa ribambelle de tueries avec justesse. Cependant ce soir, le groupe va proposer une set-liste quelque peu étonnante. En effet, il fait le choix de faire l’impasse sur quelques classiques pour faire un peu de place à des morceaux moins évidents. Artistiquement, je peux comprendre la démarche : tenter de varier les plaisirs. Mais, c’est un exercice toujours délicat car les fans (dont je fais partie) ont quelques attentes. Ainsi ce soir, j’attendrais en vain un « Dogs of War », un « Red Star Falling » ou un « Dallas 1 PM ».
Mais, ne faisons pas la fine bouche, la liste des « hits » joués ce soir est longue comme le bras. La tournée ayant été baptisé « Warriors of the Road », le gang anglais s’appuie en grande partie sur ses 3 premiers albums, véritable sainte trilogie du Heavy Metal. Le public ne s’y trompe pas et reprend à tue-tête les refrains fédérateurs dès que possible, ce qui semble ravir les musiciens.
Pour moi, le clou d’un concert de SAXON est toujours « Crusader », ce morceau merveilleusement épique est juste une pépite. Et heureusement, le groupe ne fera pas l’impasse !
En conclusion, cette soirée fut bien sympathique avec la sensation de retrouver des vieux potes. Certes, ce ne fut pas le meilleur concert de SAXON qui m’a été donné de voir mais j’ai passé un excellent moment. Et même si le ciel était gris ce soir sur Lyon, le soleil brillait au Transbordeur.
Bon allez, je rentre vite me coucher car demain, on remet le couvert avec la doublette ARCH ENEMY / KREATOR ! Certes pas le même style, mais une énergie folle ! Il va falloir assurer.
Set-Liste SAXON – 25 novembre 2014
01. Motorcycle Man
02. Sacrifice
03. Power and the Glory
04. Solid Ball of Rock
05. Lionheart
06. Strong Arm of the Law
07. I’ve Got to Rock (To Stay Alive)
08. And the Bands Played On
09. Frozen Rainbow
10. Heavy Metal Thunder
11. Suzie Hold On
12. The Eagle Has Landed
13. To Hell and Back Again
14. 747 (Strangers in the Night)
15. Forever Free
16. Crusader
17. Princess of the Night
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18. Wheels of Steel
19.Denim and Leather