Petite devinette : pouvez-vous me citer un groupe de Metal (ou comme on disait « avant », un groupe de Hard) qui a atteint une popularité qui va bien au-delà des hordes de Métalleux sans renier ses origines de Rock « dur » (et même en ne modifiant rien de sa formule initiale) le tout en vendant des millions de disques à travers le monde ? Le succès est tel que ce groupe est rentré dans l’inconscient collectif, et qu’on peut considérer qu’il a sa place dans la Panthéon de la musique auprès des plus grands (je parle des ROLLING STONES et autre mastodontes).
N’y réfléchissez pas trop : il n‘y a qu’un groupe répondant à toutes ces conditions : AC/DC.
Depuis le début des années 70, les Australiens ont réussi à aligner des disques monstrueux truffés de tubes tout en acquérant une popularité incommensurable qui touche à l’universel. En traversant 4 décennies de furie, AC/DC a connu des hauts (succès planétaire) et des bas (disparition tragique de leur premier chanteur, Bon SCOTT). Après toutes ces années, les choses ne se sont pas calmées. Et même, au vue des dernières péripéties subies par le groupe (Maladie mentale pour Malcom YOUNG, tête pensante du groupe et gros pépin judiciaire pour le batteur, Phil RUDD) nous étions légitiment inquiets : AC/DC saura-il se relever encore une fois ?
Début 2015, quel ne fut pas notre bonheur de voir débarquer dans nos bacs un nouvel album: « Rock or Bust » ! Sans révolutionner le genre, AC/DC continue de proposer ce qu’il sait faire le mieux : c’est-à-dire un Rock Metal aux relents boogie furieusement « rentre – dedans ». Bon, il est vrai que ce nouveau disque se situe à un niveau loin des chefs d’œuvre des premières années. Mais vu les dernières nouvelles en provenance du gang australien, cette offrande est avant tout à prendre comme un soulagement : AC/DC est encore capable de proposer de nouvelles choses. Cela est rassurant et tend à démontrer le caractère invincible et quasi miraculeux du groupe.
Qui dit sortie d’un nouveau disque dit nouvelle tournée mondiale ! Compte tenu que les années passent (pour tout le monde d’ailleurs), et l’âge quasi vénérable du groupe, cette tournée des stades est probablement une des dernières opportunités de voir AC/DC en concert. En France, les enceintes susceptibles d’accueillir ces monstres de la musique sont rares : seuls le Stade de France (Saint Denis) et les enceintes de Marseille et Lille ont la capacité nécessaire. Cette fois-ci, il faudra donc se déplacer sur la capitale.
Même si les chansons de la dernière livraison « Rock Or Bust » sont de l’ordre de l’anecdotique, il était impensable pour le grand Timonier Laurent et moi-même de manquer l’événement. Le jour de l’ouverture de la billetterie, nous avons tout fait pour acquérir notre précieux sésame pour le Stade de France devant notre PC. Bien entendu, ce fut le rush absolu. Impossible de dégoter un billet par ce biais. Heureusement, E-BAY est mon ami. Et curieusement, passé le raz de marée, il a été relativement simple de trouver des places sur le célèbre site de revente. Je n’adhère pas à ces pratiques mais quand on n’a pas le choix ….
En ce début de samedi printanier, nous gagnons donc Paris dans un TGV rempli ras la gueule de fans die-hard d’AC/DC. Quand je vous parlais de la popularité du groupe ! Une fois sur place, les alentours du Stade de France sont noirs de monde ! D’ailleurs, on peut observer que ce public est très hétéroclite, composé à la fois de métalleux bien sûr, mais aussi de familles complètes, de gens propres sur eux, de jeunes (un peu), de vieux (beaucoup) … Les groupes de légendes tels qu’AC/DC rameutent large et font sauter tous les clivages.
Malheureusement, nos places se trouvent loin de la scène, hauts dans les gradins. Pas grave ! Malgré la déception de ne pas être en Pelouse, nous avons quand même l’impression d’être en ce samedi soir à « The Place to be ». Le temps de rejoindre nos emplacements dans le gigantesque stade, nous manquons la prestation de [NO ONE IS INNOCENT]. Comment ce genre de groupe français de néo metal a-t-il pu se retrouver dans cette position ? C’est un vrai mystère. Peu importe … Pour tout vous avouer, j’ignorais même que ce groupe existait encore. Quoi qu’il en soit, ne voyant pas une seconde de ce concert, j’aurais bien du mal à vous en parler.
VINTAGE TROUBLE
Sur ce type de concert, les premières parties proposées ont toujours un rôle un peu casse-gueule. En effet, difficile de marquer les esprits alors que tout le monde est là pour la tête d’affiche. Aujourd’hui, ce sont les illustres inconnus de VINTAGE TROUBLE qui tentent l’exercice. Totalement inconnus au bataillon pour ma part.
Vu le logo du groupe et la présence du terme TROUBLE dans le nom, j’ai cru un instant que nous étions devant une formation rendant hommage au fameux TROUBLE, groupe quasi mythique de Doom (auteur notamment du monumental « Manic Frustration » au siècle dernier) Peine perdue ! Ces quelques indices n’étaient malheureusement que de simples coïncidences !
En fait, VINTAGE TROUBLE est une simple formation qui joue du rock. C’est plutôt bien exécuté du reste mais cela n’a strictement rien à voir avec le Doom (ou même plus globalement avec le Metal). Emmené au chant par un parfait clone de James Brown, le groupe propose une musique sympathique mais absolument pas transcendante. Bon point : le chanteur se démène sur scène prenant des attitudes de rock star. Histoire de faire bouger un peu les choses : il poussera le vice jusqu’à aller se promener dans la fosse aux photographes. Bel effort ! Mais honnêtement, je doute que cette musique un poil sucrée ait marqué les fanatiques présents uniquement pour AC/DC. VINTAGE TROUBLE est donc à ranger dans les catégories des premières parties agréables mais totalement dispensables. Je suis persuadé qu’à l’issue de la soirée, tout le monde aura oublié la prestation de ce gentil groupe américain.
AC/ DC
Avant la rentrée sur scène d’AC/DC, la pause s’étire en longueur : l’impatience gagne les rangs. La nuit commence même à tomber doucement sur le Stade de France. C’est l’occasion pour nous d’observer un étrange phénomène. En arrivant, nous avions bien remarqué les nombreux vendeurs à la sauvette qui distribuaient des cornes diaboliques rouge clignotantes en plastique (bon 10 euros la paire de cornes tout de même !). Bon business ! Mais avec la pénombre, on constate que le nombre de cornes dans l’enceinte est absolument hallucinant. L’effet donné par ses milliers de cornes clignotantes est des plus saisissants. A la fin du show, à la nuit noire, on aura même l’impression d‘évoluer au milieu d’un océan sanglant. Réussi !
A 21h tapantes, le concert démarre enfin déclenchant une clameur comme j’ai rarement entendu. Avant que les héros déboulent sur scène, une vidéo est diffusée sur les immenses écrans géants. Dans un bon esprit taquin, un dessin animé nous montre le débarquement des Américains sur la lune sur 1969. Les petits astronautes découvrent alors le logo AC/DC en fusion ! Excellent pour lancer la soirée et faire monter la pression !
Dès la fin du court-métrage, les Australiens déboulent enfin sur scène dans une explosion. Inutile de vous préciser que c’est du délire dans le public : les 80,000 fans sont en transe (nous, y compris). Histoire de bien fixer les choses, AC/DC commence son show par « Rock or Bust », titre éponyme de son nouvel album. Ca le fait tout de suite ! Mais, rapidement, les Australiens commencent à égrener leurs tubes : « Shoot to Thrill », « Hell Ain’t a bad Place to Be » et le monstrueux « Back In Black »
C’est excellent! Cependant, malgré mon enthousiasme, je suis bien obligé de parler des sujets qui fâchent. Déjà malheureusement, je constate une fois de plus qu’il est bien compliqué de sonoriser un stade, surtout quand il est de la taille du Stade de France. De mon siège, le son est brouillon et « baveux ». Heureusement qu’AC/DC ne fait pas du Brutal Death … Autre constat : la scène est vraiment très loin … c’est gigantesque. Du coup, difficile d’apercevoir les musiciens. Par dépit, on finit par regarder plus les écrans géants que la scène elle-même. Dernier détail : assis dans les gradins, difficile de head-banger et de « vivre » le concert : j’ai l’impression de « regarder » un spectacle et pas du tout de participer à un concert de Rock. Triste!
Une fois, ces détails évoqués, il reste quand même un concert de véritables légendes du Metal ! AC/DC a composé tellement de tubes que j’ai l’impression qu’ils ne jouent que ça. Seuls quelques extraits du nouvel album viennent perturber une set-liste en béton armé. Devant cette litanie de morceaux qu’ils sont obligés de jouer, il reste peu de place pour des titres plus rares. Heureusement, nous aurons droit à quelques surprises notamment un « Sin City » bien Blues qui fait plaisir !
Sur scène, le groupe se divise clairement en 2 ! D’un côté, les leaders : Brian JOHNSON et Angus YOUNG occupent tout l’espace et n’hésitent pas à se promener de long en large. De l’autre la section rythmique organisée autour de Chris SLADE : Cliff WILLIAMS (le bassiste) et Scott YOUG (le remplaçant de Malcom YOUNG) ne bougent pas d’un iota. Je veux dire qu’ils ne font même pas un pas de côté. Cet immobilisme est incroyable ils ont reçu des consignes ou quoi ?… En tout cas, il faut noter le retour de Chris SLADE. Le batteur de près de 70 ans fait un travail incroyable : sa frappe de Titan donne un côté massif à la musique d’AC/DC.
J’avais déjà assisté à un concert d’AC/DC en 1995 pour la tournée « Ballbreaker ». Depuis cette date, beaucoup d’années se sont écoulées et on peut constater que les choses ne sont plus les mêmes sur scène : il y a moins de folie. Entre les morceaux, le groupe prend de longues secondes à souffler. Autre grief : sur scène, il y beaucoup moins d’effets visuels. Compte tenu des moyens dont dispose AC/DC aujourd’hui, on pouvait s‘attendre à une débauche d’effets spéciaux. Rien de tout cela. Sur « Hells Bells » on a bien une cloche qui apparait. Mais elle fait plus « carton-pâte » que réellement massive. Sur « Whole Lotta Rosie », on retrouve avec plaisir le célèbre mannequin gonflable ! Mais rien d’ultra-spectaculaire. C’est clair : la mise en scène est réduite à sa plus simple expression. Dommage !
Heureusement, il reste quelques éléments immuables dont le solo jouissif du père Angus YOUNG. Même si le petit guitariste a vieilli (plus de striptease), il continue de courir partout et de nous faire plaisir.
Attention cependant ! Malgré ces quelques réserves, c’est un véritable plaisir d’assister à ce qui apparait comme une grande communion Rock’n Roll. Les légendes méritent bien leurs succès !
Au bout de 2 heures, le concert se conclut dans une salve de canons sur les dernières notes « For Those About to rock ». Debout sur mon siège, j’applaudis à tout rompre. J’ai un petit pincement au cœur : est-ce la dernière fois que je vois mes idoles ? Vu le spectacle proposé et la trace indélébile qu’ils laisseront dans l’histoire de la musique, merci pour tout !
Set-liste AC/DC – 23 mai 2015
01. Rock Or Bust
02. Shoot To Thrill
03. Hell Ain’t a Bad Place To Be
04. Back In Black
05. Play Ball
06. Dirty Deeds Done Dirt Cheap
07. Thunderstruck
08. High Voltage
09. Rock n’ Roll Train
10. Hells Bells
11. Baptism By Fire
12. You Shook Me All Night Long
13. Sin City
14. Shot Down In Flames
15. Have a Drink On Me
16. T.N.T.
17. Whole Lotta Rosie
18. Let There Be Rock
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19. Highway To Hell
20. For Those About To Rock (We salute you)