En ce deuxième week-end de septembre, les vacances semblent déjà bien loin. Après un été ensoleillé et agréable, le temps s’est bien gâté. Ce samedi, une pluie froide et pénétrante déchire le ciel … Grrrr ! Un temps typique à rester au fond de son lit sous une couette …
Mais non que diable ! Aujourd’hui marque le début du rush des concerts qui doit mener jusqu’à la pause de Noël. Et pour le coup, les organisateurs nous ont mis les petits plats dans les grands car d’ici la fin de l’année, on ne compte plus les soirées de folie. A croire que les groupes se sont donnés le mot pour se pointer en Europe en même temps … Et aujourd’hui, c’est la paire NILE / SUFFOCATION qui pose ses valises entre Saône et Rhône.
Une nouvelle fois, on retrouve l’organisation SOUNDS LIKE HELLS aux manettes. Cette récente structure fait feu de tout bois pour monter des concerts attractifs ! Merci à tous ses membres pour nous mitonner des évènements de cette ampleur.
L’affiche ne se résume pas aux 2 brutes américaines, 3 autres formations les accompagnent : CHABTAN, BLOODTRUTH et TRUTH CORRODED. Bon, j’avoue n’avoir jamais entendu parler de ces groupes. Pas grave ! J’imagine qu’on doit avoir à faire à des groupes de Death / Thrash plus au moins bien classé dans l’échelle de la brutalité. Le souci, c’est qu’avec 5 groupes au total à l’affiche, la soirée risque de commencer bien tôt pour respecter une heure de fermeture à peu prêt descente (en gros vers minuit). Bref, compte tenu de mes impératifs habituels, je me pointe au CCO aux alentours de 20h00 accompagné par des torrents de pluie. La classe ! Vous l’aurez compris ; comme d’habitude, il est déjà trop tard pour assister aux prestations des premières parties. Dommage … ça m’apprendra !
Heureusement, je suis un des derniers à rentrer dans la salle et ce soir, ça fait plaisir : le CCO est copieusement rempli. Après la saison des festivals, le public lyonnais est chaud et de nouveau prêt à en découdre. Une affiche de pur Death est une occasion rêvée pour reprendre ses bonnes habitudes.
SUFFOCATION
Je prends le temps de me caler à droite de la scène non loin des musiciens pour profiter de la déferlante de notes qui ne va pas tarder à nous tomber dessus. Il y a 3 ans déjà dans cette salle, j’avais assisté au concert des mêmes SUFFOCATION avec ORIGIN. A l’époque, j’avais été abasourdi par la débauche de technique et de maitrise ! Depuis quelques années, compte tenu de ses contraintes familiales (Rigolo ! Tiens lui aussi est confronté à ce genre de « détail ») le mythique hurleur Frank Mullen reste le plus souvent à la maison et ne participe quasi plus aux tournées de SUFFOCATION. Donc, ce soir c’est l’inconnu : qui va tenir le micro ?
Malgré cette interrogation, la conclusion est imparable : le gang américain va nous délivrer une véritable leçon de brutalité (comme d’habitude serais-je tenté de dire). Le degré de technicité semble avoir grimpé de quelques crans encore pour atteindre un niveau stratosphérique. Les riffs sont joués à la vitesse de l’éclair et rythmiquement, la musique est juste infernale : changement de tempo ultra rapide, accélérations de malade, innombrables breaks dans tous les sens… Purée ! A suivre c’est totalement épuisant, alors je n’imagine pas ce que ça doit être à jouer … Un truc de fou ! Le chanteur inconnu s’est sort très bien : il arpente les quelques mètres carrés qui lui sont alloués tel un boxeur avant le combat. Et ses borborygmes inaudibles sont parfaitement en place : facile ! (Post concert, je vais apprendre qu’il s’agit du batteur de DISGORGE qui s’essaie au chant : reconversion réussie!)
De son côté, le bassiste tout sourire, m’amuse : il joue bien entendu ses parties de façon impeccable tout en affichant une facilité déconcertante. Mais, en plus, il prend régulièrement la pose : ses jambes sont tellement écartées qu’il arrive à appuyer le corps de son instrument directement par terre.
Au début de « Mass Obliteration », au bout de 20 secondes, les vétérans américains sont obligés de s’arrêter pour reprendre le morceau. Gros plantage ! Ainsi, même si tout parait facile, ce « fail » nous rappelle quand même que SUFFOCATION n’évolue pas dans le « easy listening ». Ca calme ! Je m’interroge tout de même : derrière ce genre de concert, il doit y avoir des heures et des heures de répétitions pour maitriser ce répertoire hyper complexe. Et pour quel résultat commercial ? Seule la passion peut motiver ces mecs : ce qui les rend d’autant plus respectables !
Ce soir, nous avons donc droit à 45 minutes de tabassage en règle. Malgré les qualités techniques affichées et le son correct (c’est à souligner car avec un son approximatif, le Brutal Death peut rapidement tourner au grand n’importe quoi), je finis par tomber dans une sorte de somnolence : Ok ça blaste, ça ramone … mais je n’arrive pas (plus ?) à m’enthousiasmer pour ce type de brutalité finalement trop monocorde. Dommage !
NILE
A l’instar de SUFFOCATION, NILE fait partie de des formations séminales du genre répandant depuis des années leur savoir-faire. Techniquement, NILE est aussi constitué de musiciens ultra-talentueux : la triplette, Karl SANDERS, Dallas TOLER-WADE (avoir un mec qui s’appelle « Dallas » dans son groupe c’est pas la classe ultime ?) et George KOLLIAS. Rien que ça ! (Bon, je n’oublie pas le bassiste mais difficile de retenir son nom, vu qu’il change toutes les tournées) Par contre, NILE a su insuffler quelques nouveaux éléments dans son Brutal Death : notamment des paroles intelligentes s’appuyant sur l’égyptologie, des gros riffs bien reconnaissables et quelques pincées de mélodie (pas trop quand même, hein ?)
Cette année, NILE est en Europe pour promouvoir son dernier album « What Should Not Be Unearthed » (Littéralement « Ce qui ne devait pas être mis à jour » ! Brrrr : inquiétant !) sorti chez NUCLEAR BLAST, la « Champion’s League » des labels de Metal. Un backdrop sombre aux couleurs de ce disque a été tendu derrière l’imposant kit de batterie.
Après un instrumental aux teintes orientales, NILE attaque direct par un de ses plus gros tubes « Sacrifice unto Sebek » histoire de bien rappeler qui est le patron. Le son étant resté au top, je prends la baffe de façon magistrale : énorme craquage de cou ! Mon dieu ! Merci de tout cœur à l’ingé son de ce soir, qui a réussi à nous concocter une sonorisation parfaite : idéale pour apprécier la prestation de NILE. Quelle puissance !
Chose étonnante depuis mon dernier concert de NILE, les musiciens sont maintenant souriants et manifestement ravis d’en découdre. Incroyable ! Alors que Karl SANDERS faisait systématiquement la gueule en faisant les gros yeux, il apparait aujourd’hui détendu et tout heureux de partager son art avec ses fans. Quel changement ! Il a mangé un clown ou bien ? En tout cas, cette attitude détendue couplée à un son énorme et à une set–liste incroyable me permet d’assister au meilleur concert de NILE qui m’est été donné de voir.
Les chansons parfaitement exécutées claquent comme jamais. Sur quasi chacun de ses morceaux, NILE a le don pour immiscer une espèce de malaise et d’atmosphère glauque qui fait mouche systématiquement. Mention spéciale à cette interprétation quasi doom de « Sarcophagus » qui fait rentrer le public dans une transe divine ! Il faut dire que l’assistance est déchainée ! Les tubes de NILE se succèdent pour le plus grand bonheur de tous.
Sur scène, pour décupler la puissance de ses morceaux, le groupe alterne les chanteurs : les 2 chanteurs et le bassiste se partagent le chant. L’effet est garanti. Aujourd’hui, NILE représente sans doute la quintessence de la brutalité avec cette pointe de subtilité qui fait toute la différence.
Le groupe va parcourir sa large discographie en jouant leurs plus belles pépites. Étonnamment seuls 3 morceaux sont issus du dernier disque : mais rassurez-vous ! Ils s’insèrent parfaitement dans le reste de leur set-liste. A noter, que Karl SANDERS prendra quelques instants pour introduire « Call to destruction », un des premiers morceaux de NILE qui ne parlent pas d’égyptologie et des dieux antiques. En effet, ici, les Américains fustigent ISIS (Daech) pour sa volonté de détruire toutes les traces des civilisations pré-musulmans (genre les pyramides). Autant dire que le sujet est sensible ! Mais NILE se ne dégonfle pas : gros moment de la soirée !
Comme d’habitude avec les Américains, le concert se termine sur un tonitruant « Black seeds of Vengeance » dont le refrain est repris jusqu’à l’extinction de voix par toute l’assistance. Et même par les membres de SUFFOCATION qui s’invitent sur scène pour hurler avec tout le monde ! Au bout de 1 heure 15, la messe est dite. Vu les efforts des musiciens, je comprends qu’il soit compliqué de jouer plus longtemps.
Merci à SOUNDS LIKE HELL pour ce concert mémorable : NILE est au sommet de sa forme et nous a permis de passer un excellent moment. Après ce petit échauffement, nous sommes prêts pour enchainer les « lives ». Vivement la suite …
Set-Liste NILE – 12 septembre 2015
01. Sacrifice Unto Sebek
02. Defiling the Gates of Ishtar
03. Kafir!
04. Hittite Dung Incantation
05. Call to Destruction
06. In the Name of Amun
07. The Blessed Dead
08. Ithyphallic
09. The Howling of the Jinn
10. The Inevitable Degradation of Flesh
11. Evil to Cast Out Evil
12. Sarcophagus
13. Lashed to the Slave Stick
——————————-
14. Black Seeds of Vengeance
« Cette année, NILE est en Europe pour promouvoir son dernier album « What Should Not Be Unearthed » (Littéralement « Ce qui ne devait pas être mis à jour » ! Brrrr : inquiétant !) »
Oh, la grosse allusion « pro », ah ah ah !!! Bien vu !!!