Décidément, le Djent Metal est un style à la mode. Les groupes de ce style de Metal un brin torturé multiplient les concerts et notamment les passages dans notre belle vallée rhodanienne. Après un PERIPHERY qui était venu nous asséner ses riffs syncopés juste avant Noël, ce sont les Hollandais de TEXTURES qui se présentent au CCO de Villeurbanne. Moins de 15 mois après leur dernier passage en ces mêmes lieux, les musiciens bataves sont déjà de retour. Il faut dire que cette fois, les prodiges néerlandais ont un nouvel opus à promouvoir : le dantesque « Phenotype » sorti tout récemment sur NUCLEAR BLAST, le fleuron des labels de Metal.
Leur dernier concert en novembre 2014 avait été l’occasion de fêter les 10 ans de leur premier disque « Polars » joué en intégralité ce jour-là. Aujourd’hui, nous aurons bien droit à une tournée plus classique de promotion. Nous aurons droit aux meilleurs titres de « Phenotype » associés aux meilleurs titres du groupe.
Comme la dernière fois, la soirée est organisée par l’association SOUNDS LIKE HELL qui ne cesse de nous proposer des affiches de qualité sur Lyon. Merci à tous ses membres de se démener de la sorte.
Pour l’occasion, TEXTURES est accompagné de 2 jeunes pousses issues de la scène française : NONSENSE et UNEVEN STRUCTURE. Bel effort ! Le concert se déroulant un samedi soir, les kids de la région se sont déplacés en masse pour profiter de la fête. Le pari est une nouvelle fois réussi pour SOUNDS LIKE HELL qui arrive à blinder le CCO. Les filles de l’organisation ont décidément le nez creux (ou s’appuient-t-elles sur une promotion efficace?) pour parvenir à faire bouger le public lyonnais parfois qualifié de « difficile ».
Personnellement, cette soirée se présente sous les meilleurs auspices. Car miracle des miracles, j’arrive sur les lieux suffisamment tôt pour assister à la fin de la prestation de la première première partie : NONSENSE.
NONSENSE
Jeune groupe lyonnais, NONSENSE est en passe de sortir son premier EP « On Earth ». Ici, on évolue en terrain connu et à l’écoute de leur musique, on comprend pourquoi ils sont en premier partie de TEXTURES. Les influences du groupe batave sont clairement identifiables. Même si la formation semble toute jeune, elle démontre une certaine maturité sur scène. Pas impressionnés, les musiciens arrivent à sortir leur épingle du jeu sur scène encouragés en cela pour une grosse fan-base toute acquise à leur cause. Manifestement, les familles se sont déplacées pour soutenir NONSENSE.
Si techniquement les choses sont bien en place et si l’énergie dégagée est positive, il reste encore pas mal de boulot pour rivaliser avec les plus grands, notamment des compositions un poil plus marquantes.
Malheureusement, le son du CCO ne leur rend pas hommage : le mix met trop la batterie en avant qui de ce fait écrase un peu le reste des instruments. Du coup, le public semble avoir du mal à accrocher. Il affiche un intérêt poli en headbangant gentiment.
Malgré ses petits défauts de jeunesse, ce concert est clairement encourageant. Le cœur y est et on comprend mieux pourquoi SOUNDS LIKE HELL a décidé de manager NONSENSE : le potentiel est là.
UNEVEN STRUCTURE
On continue de parcourir le panthéon des groupes français de djent avec UNEVEN STRUCTURE. Les Messins ont la chance d’accompagner TEXTURES sur toutes les dates françaises de leur tournée. C’est l’occasion rêvée d’afficher de quoi ils sont capables.
Immédiatement, on constate que le groupe affiche une plus grosse expérience de la scène que NONSENSE. Accompagné par un faible jeu de lights, UNEVEN STRUCTURE déploie son savoir-faire devant un public qui les découvre. Pleinement confiant de la qualité de ses chansons, le groupe ne fait pas de fioriture et se concentre sur l’essentiel. Conscients de l’enjeu, les jeunes musiciens font parler la poudre. Dans un style presque « Dickinson-ien », le chanteur se met en avant et affiche ses qualités de showman. Les morceaux sont plutôt longs et typiques du genre : plans saccadés, peu de refrains, grosse technicité et complexité globale des morceaux loin du diptyque classique : Couplet / Refrain.
Honnêtement, la aussi, c’est très bien fait. Cependant, il est difficile d’accrocher aux chansons : les mélodies auxquelles se raccrocher sont rares et finalement, tout cela ressemble à un grand patchwork musical. Au total, j’ai le sentiment diffus d’avoir passé un bon moment sans cependant réussir à mettre en avant tel ou tel morceau. Efficace mais peu marquant.
TEXTURES
Malgré tous les efforts de nos compatriotes, il est clair qu’ils leur reste du chemin à parcourir pour atteindre le niveau de TEXTURES. Car dès les premières notes jouées, on sent bien que nous avons changé de dimension. Les Hollandais n’ont besoin d’aucun artifice hormis un backdrop aux couleurs de « Phenotype » pour en imposer.
Les troupes de Daniel DE JONGH apparaissent hyper décontractées ce qui ne les empêche pas d’envoyer du copeau par paquet de 12. Le groupe choisit de commencer son concert avec un titre issu de leur disque référentiel sorti en 2008 « Silhouettes » : « One Eye for A thousand ». Ce morceau agressif et percutant nous permet tout de suite de plonger dans l’ambiance. Ça déménage d’entrée ! Alors que, jusque-là, le public était resté relativement discret, il se lâche complétement à l’arrivée de TEXTURES. Ça s’agite et se frotte les poils dans tous les sens.
Promotion oblige, dès la 2e chanson, TEXTURES se recentre sur son petit dernier « Phenotype » avec un terrible « Ocean Collide » qui s’ouvre sur un hurlement exutoire de Daniel DE JONGH! Ebouriffant ! Tout le morceau est une ode au head-banging de furieux avec des rythmes à la MESHUGGAH (en moins écrasants tout de même) sans oublier des parties claires tout à fait planantes. Une vraie réussite !
TEXTURES enchaîne avec « Old Days Born Anew » toujours issu du terrible « Silhouettes ». En 3 morceaux, TEXTURES vient de poser sa grosse patte velue sur son public et ne va plus le lâcher. Issus de toute leur riche discographie, les tubes s’enchainent : «New Horizons », « Swandive » …
Je reste émerveillé par la puissance dégagée par les Hollandais. Sur scène, les musiciens sont hallucinants de facilité et de décontraction : tout semble facile pour eux. TEXTURES a la chance de pouvoir s’appuyer sur des chansons d’une richesse incroyable : c’est l’ascenseur émotionnel permanent. La musique passe de la folie syncopée lourde digne d’un THE DILLINGER ESCAPE PLAN (« Shaping A Single Grain Of Sand », « Illuminate the Trail » …) à des mélodies implacables (« Reaching Home », « Awake » …) La démarche éprouvante est néanmoins une réussite me faisant penser à notre GOJIRA national, qui arrive aussi à produire cette alchimie si particulière.
La première partie du concert se termine par la doublette « Zman » / « Timeless » absolument démentielle. « Z-man » est une longue introduction mélodieuse jouée uniquement au piano. Cet instant de grâce et de calme permet d’enchaîner sur le terrifiant « Timeless » qui claque comme un obus : chant clair qui mue en hurlement puissant sur un final dantesque, refrain entêtant, mélodies implacables et très émotionnelles. « Timeless » fait partie de ses morceaux qui donnent la chair de poule et qui fait presque monter les larmes. Equilibre parfait entre l’émotion et la puissance, je promets le plus grand avenir à cet enchainement magique lors des futurs concerts de TEXTURES.
Après une courte pause, les Bataves viennent finir le travail avec un rappel composé de pas moins de 4 morceaux dont un « Laments of Icarus » final qui incite un public déjà très remuant à lâcher ses dernières forces dans un tourbillon de sueur.
Après cette soirée, un constat s’impose : le dernier disque de TEXTURES passe haut la main l’épreuve du Live. Je pronostique même que certaines chansons extraites de cet opus vont devenir de véritables classiques sur scène. C’est une certitude : TEXTURES est en passe de devenir un véritable titan du Djent européen. La qualité de ses opus et de ses prestations live leur promettent un avenir radieux.
Set-liste TEXTURES – 27 février 2016
01. One Eye For A Thousand
02. Oceans Collide
03. Old Days Born Anew
04. New Horizons
05. Shaping A Single Grain Of Sand
06. Swandive
07. Reaching Home
08. Illuminate the Trail
09. Awake
10. Zman
11. Timeless
———————
12. Drive
13. Regenesis
14. Singularity
15. Laments Of An Icarus