Si vous suivez un peu mes aventures (sur Radio Canut notamment) vous savez déjà qu’EVERGREY fait partie de mon panthéon personnel. Depuis un coup de foudre musical en première partie de THERION en 2001, ce groupe fait partie de mes chouchous. Porté par la voix incroyable du charismatique Thomas Englund, le power Metal progressif des Suédois est tout simplement irrésistible. Les albums de référence se sont multipliés à un rythme soutenu durant des années : « In search of Truth », « The Inner Circle », « Recreation day » … Cependant, malgré la qualité indéniable de la musique d’EVERGREY, le groupe n’a jamais réussi à avoir plus qu’un succès d’estime. A mon plus grand regret …
En 2006, pour tenter de séduire un plus grand nombre de gens, EVERGREY s’aventure à simplifier sa musique. Comme pour beaucoup d’autres groupes avant lui, ce choix se révèle catastrophique, car EVERGREY se coupe d’une grosse partie de sa fan-base sans gagner de nouveauw fans. Avec l’album « Monday Morning Apocalypse » et ses morceaux moins complexes, le groupe a bien clôturé un cycle vertueux. Depuis cet évènement malheureux et malgré un retour au style de départ, les Suédois vivotent, sortant des albums confidentiels (et pourtant terriblement acrrocheurs) et ne tournant quasi plus. L’ascension des Suèdois a été stoppée nette : EVERGREY est ainsi resté bloqué dans une 2e division n’intéressant plus que les fans de la première heure, dont moi. Pourtant, de retour dans un style plus personnel, le groupe a sorti des disques intéressants comme « Torn » ou « Glorious Collision ». Les mouvements de musiciens se sont accélérés et seul Thomas Englund a maintenu la barre. Devant ces difficultés, le chanteur / leader a même failli tout arrêter.
Après quelques années de vache maigre, en 2014, Jonas Ekdahl et Henrik Danhage sont revenus dans EVERGREY. Ainsi, le groupe a retrouvé sa formation du début des années 2000, la meilleure. Cette véritable renaissance s’est concrétisé avec un album fantastique « Hymns for the broken ».Malheureusement, toujours aussi rare sur scène, EVERGREY ne proposera qu’une seule date française (à Thionville plus précisément) pour promouvoir ce disque du retour.
En 2016, les choses évoluent dans le bon sens puisque EVERGREY sort un nouvel album « The Storm Within ». Même si pour la première fois depuis « Monday Morning Apocalypse » je ne suis pas complétement convaincu par le contenu, je suis ravi d’apprendre qu’EVERGREY a réussi à se placer en première partie de la tournée européenne de DELAIN. C’est enfin l’occasion enfin de voir les Suédois à la maison.
Bon, il ne s’agit que d’une première partie, mais c’est mieux que rien. La soirée risque d’être un peu courte pour moi. En effet, DELAIN évolue dans un style auquel je suis complètement allergique : le Metal épique à chanteuse. Dans ces conditions, il y a peu de chance que je reste plus que nécessaire.
En ce lundi soir, je file donc vers le Ninkasi Kao dans le quartier de Gerland. Chose incroyable, je réussis à arriver vers 19h25. Vu l’horaire, j’ai bon espoir de profiter de KOBRA AND THE LOTUS, premier groupe de première partie. Mais, aussi curieux que cela paraisse, les Canadiens ont déjà joué. Houlà, j’en déduis que les Canadiens ont dû commencer leur prestation bien avant 19h00. Aussi tôt, pour un jour de semaine, le public devait être plutôt réduit.
Je constate un grand nombre de tee-shirts d’EVERGREY, ce qui fait plaisir. Nombre de spectateurs se sont déplacés pour les Suédois : ce qui est une bonne nouvelle. Devant un back-drop à l’effigie du dernier album de DELAIN et un gros kit de batterie réservé aux hollandais, la scène semble particulièrement encombrée. Il reste peu de place pour les premières parties.
EVERGREY
19h30 précises, les lumières s’éteignent. Malgré l’encombrement, les musiciens réussissent à se faufiler sur scène et attaquent avec « Passing Through », issu de « The Strom Within ». Même si les petits touches électroniques du clavier sont un peu surprenantes, cette chanson a toutes les caractéristiques du titre typique d’EVERGREY: refrain addictif, rythmique impeccable, solos aérien … La classe !
Ensuite, arrive « The Fire », issu de « Hymns of the Broken ». Là aussi, avec son riff bien tranchant et sa ligne mélodique bien accrocheuse, le titre est propice au headbanging sauvage. Ces 2 premiers morceaux sont parfaits pour entamer un concert ! Le public semble ravi et rugit de plaisir.
Quelle joie de retrouver EVERGEY : le dernier concert datait de 2010 au Marché Gare. A l’époque, le groupe était au creux de la vague, victime d’un vol de matériel en Italie. Contraint d’annuler toute sa tournée, EVREGREY rentrait piteusement en Suède assurant juste cette date intimiste lyonnaise avec des instruments empruntés. Triste !
Mais aujourd’hui, ces vieilles histoires sont oubliées : la page a été tournée. Les musiciens font des grands sourires. Par contre, physiquement, Thomas Englund est méconnaissable. Après toutes ces années de galère, le gaillard a facilement pris 15 kilos. Heureusement son timbre de voix chaleureux et puissant n’a pas changé. Entre les morceaux, le leader d’EVERGREY n’hésite pas à plaisanter avec le public qui lui rend bien. L’ambiance est bon enfant.
En 45 minutes, EVERGREY essaie de convaincre en proposant essentiellement des titres à gros riffs. C’est percutant ! Après « The Fire », on poursuit avec un maitrisé « Leave it behind us » issu du mésestimé « Glorious Collision » où le chanteur peut une nouvelle fois démontrer toute l’étendue de son talent vocal. La prestation est émotionnelle au possible : on ressent presque les vagues de plaisir parcourir le public. On continue avec un retour sur « Hymns for the Broken » avec un tonitruant « Black Undertow ». Purée quel groupe ! Malgré la fatigue, la place réduite et les conditions difficiles, les musiciens restent dans le coup et arrivent à s’imposer. Il faut préciser que pour une fois au Ninkasi Kao, le son est bon pour une première partie.
Après ces 3 morceaux carrés et puissants, il est temps de calmer le jeu et de se pencher sur le nouveau disque, « The Storm Within ». EVERGREY choisit d’interpréter « In Orbit », la ballade joué en duo sur album avec la belle Floor Jansen. Bon malheureusement, la chanteuse de NIGHTWISH n’est pas là ce soir mais le morceau fait son petit effet avec notamment son refrain bien marquant.
Après ce long titre, EVERGREY passe sur l’album « Torn », avec le terrible « Broken Wings ». J’adore ce morceau et c’est le moment de se briser la nuque sur cette cavalcade furieuse.
Malheureusement, EVERGREY choisir de poursuivre avec un solo de guitare, fort dispensable, d’Henrik Danhage. Compte tenu de ce temps de jeu très réduit, il est dommage que le groupe n’est pas interprété un morceau de plus à la place de cet exercice réussi mais totalement futile.
Heureusement, il reste 2 titres. On enchaîne avec le classique absolu « Touch of Blessing » issu de « The Inner Circle » en 2004. Cette chanson est le dernier vestige d’une époque maintenant révolue.
Le voyage offert par EVERGREY se termine par le terrible « King of Error », heavy à souhait, qui fait un carton dans les premiers rangs du Ninkasi Kao. Le charme a opéré. Le public est subjugué par ce Metal progressif et sombre. C’est une grosse ovation qui accompagne la sortir de scène des Suédois.
A mon grand regret, le groupe a choisi de composer une set-liste bien particulière articulée autour des 3 derniers albums. Nombre de classiques qui ont fait la gloire d’EVERGREY sont ainsi passés à la trappe (« The Masterplan », « Nosferatu », « Rulers of the Mind », « Recreation day », « Blinded » ….) EVERGREY a privilégié l’efficacité. Mais vu le succès rencontré, ce choix est gagnant. Gageons que le groupe a réussi à séduire de nouveaux fans. Personnellement, le sentiment est plus mitigé. J’avoue que globalement, j’ai eu du mal à rentrer dans la prestation de mes chouchous. J’attendais sans doute trop de ces retrouvailles.
Maintenant, après ce concert plutôt concluant, j’espère une vraie tournée européenne en tête d’affiche avec une date dans les parages. J’ose même espérer une prestation au HELLFEST. (A posteriori, Ben Barbaud aura entendu ma requête puisque en fin d’année, l’organisation du plus grand festival français confirmera la présence d’EVERGREY dans son édition de 2017. Enfin !)
EVERGREY est reparti à la conquête du monde ! Alléluia !
Set-liste EVERGREY – lundi 31 octobre 2016
01. Passing Through
02. The Fire
03. Leave It Behind Us
04. Black Undertow
05. In Orbit
06. Broken Wings
07. A Touch of Blessing
08. King of Errors