(Don) « Juan » en pièce(s) – théâtre au TNP
Posté le | mer 4 Mar 2015 | Commentaires fermés sur (Don) « Juan » en pièce(s) – théâtre au TNP
S’il est assurément très beau visuellement, parfois véritablement splendide même, le Juan mis en scène par (et avec !) David Mambouch au TNP jusqu’à ce dimanche 8 mars (20 heures en semaine, 16 heures dimanche) est un spectacle tout de même très spécial. C’est que, pour commencer, le texte n’en est pas tout à fait un car il provient d’une compilation d’extraits de Tirso de Molina (l’auteur espagnol originel, El Burlador de Sevilla y convidado de piedra, 1630), Molière (Don Juan ou le Festin de Pierre, 1665), Byron (Don Juan, 1824) – et même de Kierkegaard (Journal d’un séducteur, 1843) ! -, qui, joués dans un ordre (assumé) parfois aléatoire, font que le spectateur non averti peut s’estimer quelque peu perdu – mais, pour les happy few, reconnaître les différents passages est une vraie source de plaisir ! Par ailleurs, l’abondance de références, de réflexion(s), de sang (jeté – régulièrement ?… – à plein seau) nuit un peu à la bonne compréhension de l’intrigue. On suit donc, avec ou sans mal, quelques aventures de Juan (David Mambouch) ainsi nommé par Byron (Olivier Borle) présent lui-même sur scène puisqu’il assure une continuité entre les épisodes ; si ces deux personnages, avec celui de Sganarelle (Antoine Besson), sont bien identifiés, il y en a toute une galerie d’autres (Charlotte, Mathurine, Elvire, Pierrot, Don Carlos, Don Louis, M. Dimanche notamment) incarnés étrangement par cinq autres comédiens : leur investissement et la direction d’acteurs du metteur en scène ont beau être intenses, le registre assez unidimensionnellement mélodramatique fait tout de même que ce qui se joue sur un plateau sobre, sombre, austère – nu et froid, ce que disent des éléments de décor très réduits ainsi que le noir et le blanc des flocons de neige sur le sol et tombant par moments – est par trop sérieux. L’ambition de David Mambouch, avec ce Juan, est grande et admirable mais le résultat, la réussite sont difficiles à cerner, tant l’ensemble un peu décousu résiste à l’envie de se laisser emporter.