Spectaculaire

émission à caractère culturel (un peu mais pas trop quand même) les mercredi de 14h à 15h

Divagations, digression, dépression : « dispersion » aux Célestins

Posté le | mer 20 Mai 2015 | Commentaires fermés sur Divagations, digression, dépression : « dispersion » aux Célestins

C’est sur un extrait de la chanson « Nobody’s baby now » de Nick Cave (paroles reprises par les personnages) que s’ouvre la pièce Dispersion de Harold Pinter (tirée de Ashes to ashes, 1996 – mots également repris !) donnée encore seulement jeudi 21 et samedi 23 mai (annulation vendredi 22) sur la scène principale des Célestins (une autre pièce de la saison de l’auguste théâtre lyonnais est jouée au Centre commercial de la Part-Dieu : guettez le compte-rendu à venir pour Dans la solitude des champs de coton de Bernard-Marie Koltès par Roland Auzet avec Anne Alvaro notamment). Gérard Desarthe, metteur en scène et acteur, explique, dans une vidéo en ligne sur le site des Célestins qu’il a choisi Carole Bouquet car il trouvait cette actrice « troublante et énigmatique, tellement belle et tellement distante » : c’est assurément un excellent choix tant Carole paraît effectivement folle dans le rôle de Rebecca, une magnifique mythomane magnétisée par son amant (existe-t-il vraiment ?), mue par des réminiscences et des émotions, sables (é)mouvants desquels elle ne peut se sortir, finissant par tomber le masque dans une fin déroutante, mer(e) dans laquelle elle se noie littéralement… Difficile d’en dire plus sur cette pièce qui, se déroulant dans un classique salon bourgeois (certes contemporain), s’articulant autour de la trame classique également du trio de la pièce bourgeoise mari-femme-amant, joue toutefois sur ces codes puisque l’amant est absent et que le salon, baigné dans un noir total à intervalles quasi réguliers, est un lieu que le couple traverse, oublie, nie, Devlin buvant de plus en plus, dans différents verres, différentes bouteilles de whisky et Rebecca divaguant en ville et dans le Dorset (!). Il faut quand même écouter ce qu’elle a à dire (et comment Carole Bouquet le dit), la pièce étant brève (cinquante-cinq minutes) et le propos dérangeant.

Dispersion03

Carole Bouquet dans "Dispersion"

Comments