mais – joie ! – j’huais ! : « mai (1968), juin, juillet » au TNP
Posté le | mer 27 Mai 2015 | Commentaires fermés sur mais – joie ! – j’huais ! : « mai (1968), juin, juillet » au TNP
Quel souffle ! Quel vent de folie sur la scène principale du TNP pour la pièce Mai, juin, juillet (dans les théâtres de 1968) de Denis Guénoun (2012) jouée (incarnée !) pendant deux semaines jusqu’au samedi 6 juin (attention à l’horaire : 19h30) ! Si le texte (chronique, du point de vue du théâtre – mais toute cette époque ne fut-elle pas effectivement dramatique ? – des événements de mai 68) est déjà d’une grande richesse dans ses trois parties mensuelles, le passage à la scène est formidable ! Dès le début (les premières mesures, les premières notes – car, oui, ce texte est une vraie partition !), la douce atmosphère créée par la voix légère et délicate de Marcel Bozonnet (Jean-Louis Barrault, le directeur du prestigieux théâtre parisien l’Odéon) est brisée et emportée par la fougue des étudiants, qui, en foule, apparaissant dans des portes de part et d’autre de la scène, prennent possession des lieux et de l’Histoire ! Pendant trois heures – bah, va-t-on nous croire ? on le dit quand même : on ne les voit pas passer ! -, des oppositions tranchées vont ainsi alterner, dans les personnes et les idées : aux monologues des épistoliers Barrault et Jean Vilar (Robin Renucci), répondent des discussions en assemblées entre étudiants (coucou Dany Cohn-Bendit !), politique (hello De Gaulle et Pompidou !) et dirigeante (qu’ils sont nombreux, les directeurs des théâtres de province !). Et quand on voit l’auteur lui-même (en fait « elle-même » ; après tout, Denis Guénoun a le droit d’aller au bout de ses idées féministes !) parler de la pièce et converser avec Mai, Juin et Juillet ainsi qu’avec la Révolution et la Poésie (autour d’un verre de rosé…), on achève de considérer cette oeuvre comme littéralement sidérante et de tenir Christian Schiaretti, le metteur en scène, pour un prodigieux chef d’orchestre, aussi habile dans les soli que les tuttis ! On ne peut forcer personne mais on tient à le dire : il FAUT aller voir cet impressionnant spectacle avant qu’il ne se termine (après sa création en octobre 2012 à Villeurbanne et sa reprise au festival d’Avignon en juillet 2014) !