Beckett aux Célestins : « Godot » pour commencer
Posté le | mer 30 Sep 2015 | Commentaires fermés sur Beckett aux Célestins : « Godot » pour commencer
Et, une fois cette première pièce (1952) du dramaturge anglais qui écrivait en français terminée, ce sera ensuite au tour de Premier amour (1945) ! Pour l’heure (du mardi 29 septembre au samedi 3 octobre), c’est En attendant Godot qui est donné dans la grande salle des Célestins ; et c’est bien. Très bien. Très fort. Si Jean-Pierre Vincent, le metteur en scène, a choisi de privilégier, notamment, le burlesque avec les deux clowns (tristes ?) que sont Vladimir et Estragon – ce dont certains lui tiendront rigueur -, on ne peut qu’être stupéfait par la force d’incarnation des comédiens qu’il a choisis avec un talent fou (le sien et le leur !) : Abbes Zahmani (Estragon) et Charlie Nelson (Vladimir) sont saisissants, aussi sympathiquement pathétiques que terriblement émouvants. Et que dire de Frédéric Leidgens (Lucky), absolument stupéfiant en esclave épuisé, « porc » (le doux nom que lui lance régulièrement Pozzo) poignant, pantin dégingandé mais ingambe, qui force le respect dans sa tirade dingue et délirante ! La pause qui sépare les deux actes est la bienvenue tant le propos, pour peu qu’on y soit bien attentif, est prenant, déroutant et très moderne – l’attente ridicule, tragique, de quelque chose qui ne vient pas et ne viendra même jamais mais qu’on attend quand même car on ne sait pas quoi faire d’autre… En attendant, allez donc voir cette pièce qui, mélangeant les genres, réussit aussi à faire rire – et c’est déjà beaucoup !