« Maria de Buenos Aires » à l’Opéra : malgré la grâce, patatras…
Posté le | lun 17 Jan 2022 | Commentaires fermés sur « Maria de Buenos Aires » à l’Opéra : malgré la grâce, patatras…
« Too much » dit-on en anglais ; oui, c’est un peu le cas pour l’opéra-tango d’Astor Piazzolla et Horacio Ferrer (1967) que donne l’Opéra jusqu’à ce dimanche 23 janvier (20h en semaine ; 16h dimanche) : trop de beaucoup de choses et peut-être pas assez d’essentiel (de la musique et de la poésie argentines !). Si le plateau est très beau (la mezzo-soprano est absolument magnifique), avec les lumières, les costumes, ce qui s’y passe est souvent de trop par rapport à la musique et au livret car en plus de deux chanteurs – il en manque en fait un, le baryton incarnant aussi le narrateur, le fameux Duende (et cette économie est en réalité fort malvenue, bien à l’image du choix de la production…) -, la scène est littéralement envahie par des danseurs, brillants athlètes, superbes circassiens, qui tirent l’oeuvre vers la performance physique au lieu de laisser chanter l’émotion porteña (de Buenos Aires, qu’a voulue Ferrer) ! Quel dommage car, à trop admirer les figures de la compagnie Circa, on perd de vue les beautés âpres et rudes de la musique de Piazzolla et du texte de son librettiste – un peu ampoulé parfois, souvent prétentieux, toujours canaille et populaire : bref totalement argentin ! Et quand résonnent les applaudissements du public à la fin du spectacle – tant mieux s’il a, pour sa part, été comblé ! , on se dit que la (sainte) Marie argentine ne valait pas tant d’acrobaties…
Pour une écoute de l’oeuvre avec un Duende plus causeur, hâbleur, que chanteur lyrique, c’est avec Gidon Kremer (et, pour le rôle du « narrateur », le fameux, himself, Horacio Ferrer) !