« Perfecting sound forever – une histoire de la musique enregistrée » par Greg Milner

Ce livre, très riche en histoires et exemples, raconte l’évolution de l’enregistrement (et de la commercialisation) de la musique. On y découvre les batailles historiques : disque plat contre cylindre, acoustique contre électrique, 33 tous contre 45 tours, numérique contre analogique.

Si vous vous intéressez à la musique à travers ses techniques d’enregistrement, ses supports de diffusion, ce livre est vraiment excellent, très détaillé, précis, technique, bref vraiment très bien fait.

Un petit résumé des différents chapitres :

Les chapitres 1 et 2 racontent les débuts de l’enregistrement avec différentes technologies, différents buts. Notamment Edison qui est à la recherche d’un enregistrement le plus réaliste (c’est à dire neutre) possible.
La bataille entre l’acoustique et l’électrique commence notamment entre Edison et Victor. On y découvre que les premiers lecteurs de disque d’Edison ont certes besoin d’électricité pour alimenter le moteur qui fait tourner le disque ou le cylindre mais que pour le reste tout est mécanique. Le son, qui est une variation mécanique de l’air, est gravé sur le disque ou le cylindre. Cette gravure, lorsqu’elle est lue, actionne mécaniquement la membrane d’un haut parleur, qui crée la variation mécanique de l’air donc du son. Face à cette technologie (qui va bien sûr disparaître), apparaît l’électricité comme intermédiaire entre le son gravé et le haut-parleur, avec la possibilité de modifier le son (de l’amplifier ou de la diminuer essentiellement).

Chapitre 3. Les cow-boys de l’aluminium

Cette partie raconte l’histoire des début des enregistrement de musique. Il apparaît 2 voie : l’enregistrement à des fin mémorielles (historiques) et à des fins commerciales. L’auteur nous raconte ainsi l’histoire de Lomax et d’autres qui cherchent a écrire une histoire musicale de la musique folk américaine, notamment celle des noirs. On suit ainsi l’histoire du chanteur Lead Belly, lui aussi partagé entre la musique folk traditionnelle et la musique commerciale. Tout ça se faisant sur cylindres aluminium ou sur disque de cire.

Chapitre 4. Du pseudo-réalisme rose

Ce chapitre raconte l’histoire de l’apparition de l’enregistrement sur bande magnétique (entre 1930 et 1950). Tout d’abord sur fil métallique et ensuite sur bande avec l’Allemagne nazie à la pointe du progrès. C’est l’écoute de concerts de musique diffusés la nuit par la radio allemande qui vont convaincre certains scientifiques américains de la possibilité d’enregistrer en haute qualité sur bande. Ce sont d’ailleurs 2 modèles allemands ramenés à la fin de la guerre par Jack Mullin qui seront les premiers magnétophon (sans le « e ») qui seront utilisé par une radio américaine (les 2 seuls modèles au monde qui étaient performant grâce à une nouvelle technologie).
On apprend notamment qu’apparaît alors la possibilité de tricher, c’est à dire de monter l’émission (couper les blancs ou erreurs, ..). En effet jusqu’à cette époque là les émissions étaient soit en direct, soit enregistrées sur disques (avec les imperfections que l’on connaît). Même si c’était faisable avec les disques (le guitariste Les Paul avait, entre autre, déjà fait des essais), c’est l’arrivée du magnétophone version USA (de marque Ampex) qui va changer la donne et permettre de « tricher », c’est à dire de couper, d’insérer, modifier, ….

Chapitre 5. Présence

C’est la période qu’on pourrait qualifier de moderne (1947 – 1990) avec la bataille « 33 tours contre 45 tours » (bataille économique avant tout).
C’en est fini de la haute fidélité, de la recherche de l’enregistrement parfait en tant que reproduction. Avec la pop naissante, le son est trafiqué pour plaire et passer dans des petits postes de radio.
La technologie passe à 2 pistes puis 4 puis 8 puis 16 et 24 avec dégradation de la qualité au fur et à mesure mais augmentation des capacités.

L’auteur site l’album de Def leppard « hysteria » comme la quintessence du disque analogique.

On suit l’histoire à travers l’exemples de producteurs , ingénieurs, comme Wallace, des groupes comme The clash, the Pixies, Def Leppard, Nirvana, ….

Chap 6 : Un son parfait ? Comme vous voudrez …

C’est le début de l’ère numérique, (enregistrement et diffusion). Certes les débuts sont difficiles (par exemple des sifflements lors de la présentation du CD en 1982 à New York par Sony et Philips) puis le succès arrive avec bien sûr le début de la guerre analogique contre numérique.

Chap 7 : L’histoire d’un groupe qui s’est écrêté à mort

L’évolution suivant concerne le traitement numérique qui se généralise en studio et en radio et la guerre de la compression qui commence (l’auteur cite entre autre l’album des Red Hot Chilli Peppers « californication » pour son extrême compression). Les explications techniques illustrées montrent très bien les horreurs liées à la compression et le but de celle-ci (sonner toujours plus fort).
La dynamique bien supérieure du CD sur le vinyle est ainsi totalement annihilée par la compression.

Chap 8 : Le fantôme de Tubby

Ce chapitre final s’intéresse à l’informatisation de la musique et de l’enregistrement. D’abord l’auteur
fait remonter les bases conceptuelles à la Jamaïque des années 70 puis il décrit les premiers pas de l’informatisation dans la musique (synclavier, boite à rythme, séquenceurs, échantillonneur) et enfin à l’enregistrement informatisé avec notamment Protools (qui peut tout faire même être utilisé pour le mixage) avec toutes les corrections possibles notamment le célèbre « autotune » qui fait que même si les spices girls chantaient faux, auto-tune réajustait tout ça.

Dans la conclusion l’auteur se penche sur la compression numérique (mp3, AAC, …), va tester différentes compressions … et en sort perplexe … En guise de fin, afin de boucler la boucle en quelque sorte, il va enregistrer sa voix sur un cylindre de cire, avec un procédé totalement mécanique (celui d’Edison)… et cet enregistrement acoustique sonne …. comme il pense que sa voie sonne …. alors la reproduction parfaite était-elle celle de l’époque révolue d’Edison ? Ou tout n’est-il que subjectivité ? L’auteur ne tranche pas mais après la lecture de ces 404 pages je peux me faire un avis …. qui ne sera que le mien tout ça étant tellement subjectif!

Le livre ne contient pas d’illustrations (sauf sur la compression) mais en voici quelques unes pour illustrer les évolutions technologiques :

Les cylindres et la machine Edison :

 

 

 

 

 

un magnéto Ampex :

 

 

 

 

 

son analogique peu compressé (années 70) :   son moderne ultra compressé:

 

 

 

pro tools:

 

 

 

 

Par Laurent « le grand timonier »

 

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