Pour changer un peu, me voici en train de rédiger un compte-rendu ne relatant pas la performance d’un groupe de Metal mais plutôt d’une formation qualifiée disons de « grand public ». En effet, DEPECHE MODE fait partie du cercle restreint des groupes qui arrivent à mobiliser des foules incroyables en France.
En 2013, après plus de 30 ans d’existence, DEPECHE MODE avait gratifié son public d’un 12e album plutôt réussi : « Delta Machine ». Même si les refrains imparables ne sont plus vraiment au rendez-vous avec ce nouveau disque, il faut reconnaître que les Anglais ne se reposent pas sur leurs acquis et font toujours preuve de créativité. Ce point est à souligner. Car vu le nombre de tubes interplanétaires déjà à son actif, DEPECHE MODE pourrait se contenter (comme tant d’autres) de multiplier les concerts en cachetonnant.
Au cours de sa prolifique carrière, DEPECHE MODE a réussi à briser les clivages en devenant une formation « populaire » tout en trouvant grâce aux yeux de la communauté metal (les exemples de ce type de réussite sont rares : on peut citer DEAD CAN DANCE, PINK FLOYD ou GENESIS) Avec sa forte personnalité, son iconographie bien spécifique et son aspect martial, le groupe a réussi à impressionner une grande partie de la scène metal à tel point qu’aujourd’hui, on ne compte plus les reprises « hommages » réalisées par les groupes qui tapent (sans ordre de préférence : IN FLAMES, RAMMSTEIN, VADER, CYNIC, LACUNA COIL, MONSTER MAGNET, MOONSPELL …)
Compte tenu de cette aura auprès des hordes métalliques, je ne suis pas surpris de croiser quelques collègues sous les grandes arches de la Halle Tony Garnier (RIP Chewby) Comme à chaque nouveau concert des Anglais, la plus grande salle de Lyon est pleine comme un œuf (18.000 personnes tout de même), les billets se sont très rapidement arrachés lors de leur mise en vente.
Pourtant, lors de leur dernier passage au même endroit en 2009, DEPECHE MODE avait commis le crime de lèse-majesté de bidouiller ses tubes façon « reggae », « hip hop » ou « jazzy » les rendant complètement méconnaissables. Cette expérience avait quelque peu chauffé les oreilles des fans de la première heure (tels que ma moitié et moi). Même si on peut comprendre que jouer les mêmes morceaux des centaines de fois en live peut sembler bien frustrant pour ces musiciens aguerris, la pilule fut dure à avaler pour les fans.
Faire évoluer les chansons, oui pourquoi pas ? Mais sans les dénaturer et sans leur faire perdre toute leur puissance. Ce soir, nous sommes nombreux à espérer que DEPECHE MODE ne réitéra pas ces fautes de gout.
La Halle Tony Garnier n’est pas à proprement parler une salle de concert, mais plutôt un immense hangar grand comme un terrain de foot. Le son a toujours été compliqué dans cet endroit (mes oreilles se souviennent encore du passage douloureux de RAMMSTEIN) Malgré tout, nous essayons de nous approcher autant se faire que peut de la scène providentielle. Peine perdue car plus on se rapproche, plus la densité du public devient étouffante. Heureusement, des écrans ont été placés de part et d’autre de la scène ce qui nous permettra de voir quelque chose.
Il parait que ce soir, il y avait une première partie programmée : aucune idée. Car, comme d’habitude, nous arrivons beaucoup trop tard pour nous en rendre compte. Quoiqu’il en soit, personne ne nous en parlera. Ce fameux groupe inconnu n’a pas du marquer les esprits.
DEPECHE MODE
A 21h tapantes, les lumières s’éteignent provoquant aussitôt une clameur : l’assistance fébrile est prêt à accueillir ses héros. Ce public est avant tout composé d’adeptes et de fans dévoués : la plupart des gens affiche quelques années au compteur mais reste fidèle à DEPECHE MODE. Le groupe déboule au complet, Dave Gahan en tête, et entame son set par un très adapté « Welcome to my world » qui ouvre également son dernier album. Même si le morceau est agréable, il est loin d’être au niveau des tubes historiques du groupe.
La scène est extrêmement dépouillée (comme lors de la tournée précédente, du reste) seul un écran géant situé derrière la batterie diffuse quelques images illustrant les chansons joués. On peut s’interroger d’ailleurs sur la pertinence des images diffusées : formes géométriques (en écho sans doute avec la pochette du « Delta Machine »), extraits de concerts, contorsionnistes, chiens (!!), clips des morceaux. Si les images intriguent (parfois), elles sont la plupart du temps sans grand intérêt (il faut bien le reconnaître).
M’enfin, tout cela n’est pas très grave : l’intérêt de DEPECHE MODE n’est pas dans l’habillage, mais bien dans la puissance de ces morceaux.
Visuellement, le boss, c’est bien Dave Gahan. Avec son petit gilet, sa dégaine de minet et son charisme de superstar (du niveau d’un Mike Jagger rien de moins) le chanteur magnétise tous les regards.
Après toutes ces années passées sur les routes, et au cœur d’une tournée mondiale de plus d’une centaine de dates à travers le monde, le mec assure méchamment. Comment peut-il garder cette forme étincelante ? Il n’y a pas à tortiller : nous ne sommes définitivement pas tous logés à la même enseigne devant les dégradations du temps. Car, quand j’aurais son âge, je ne suis pas sûr de pouvoir me vanter d’afficher la même forme physique !
Martin Gore, génial vocaliste et compositeur, responsable des plus grands tubes du groupe, s’offre quelques moments de gloire en reprenant a capela et en duo 3 chansons dans une version poignante. Toujours dans des tenues improbables le petit chanteur arrive à nous submerger d’émotion avec des interprétations sans failles. Le bonhomme a du talent, c’est incontestable.
Quant à Andrew Fletcher, il reste gentiment cantonné derrière son clavier. Avec ses lunettes noires et sa stature monolithique, il ressemble à Scharwzy dans Terminator. Bref, sa performance scénique est complètement anecdotique.
En dehors du trio original de DEPECHE MODE, le groupe s’appuie sur un clavier discret et surtout sur un batteur qui envoie du bois. Il martèle ses fûts, impulsant un groove très rock à l’ensemble : une vraie réussite.
Nos craintes initiales sur l’interprétation vont rapidement se dissiper. Car, après « Welcome to my world », le concert va méchamment s’emballer ! Ce coup-ci, DEPECHE MODE joue ses chansons telles qu’on les attend : tout en puissance et en groove.
Et voilà que débarque un « Walking in my shoes » percutant suivi par un inespéré « Black Celebration » !!! Whaouuaaaa !!! Alors là, je n’espérais plus ce morceau ! Quel pied ! Joué dans une version qui claque, le morceau nous fait décoller.
La suite du concert est suffisamment maligne pour à la fois insister sur le dernier album (5 morceaux joués en tout) et ne pas oublier les tubes imparables qui font danser et bouger l’arrière train. (Bon à part le « Just I cant enough », morceau qui a fait connaitre DEPECHE MODE à travers le monde au début desannées 80. Je n’ai jamais compris l’intérêt musical de ce morceau : rejoué inlassablement tournée après tournée.)
La set-liste va monter en puissance pour atteindre son paroxysme lors du long rappel. Le plaisir est alors à son comble. Le groupe distille sa puissance et le public s’extasie après un début de concert un peu plus calme. Dave Gahan applaudit, harangue la foule et se fait plaisir : c’est sur le final « Never Let Me Down Again » où tout le public agite les mains en l’air pour simuler une grande mer déchaînée que l’orgasme musical est atteint.
Il est 23h : le concert aura duré 2 heures tout rond (rappel compris). A défaut d’une spontanéité rock’n’roll, on pourra souligner l’extrême professionnalisme du groupe qui chronomètre parfaitement sa prestation.
En ce mois de janvier, DEPECHE MODE a su remettre les pendules à l’heure après sa prestation de 2009 en demi-teinte. DEPECHE MODE reste un groupe immense, quasi intemporel, porté par un exceptionnel Dave Gahan et par une série de tubes magistraux qui restent longtemps gravés en mémoire.
Longue vie à DEPECHE MODE, et rendez-vous dans 3 ans pour une nouvelle tartine de bonheur. Nous serons certes plus vieux de quelques années, mais Dave Gahan et ses sbires auront toujours l’air d’avoir 20 ans.
Set-liste DEPECHE MODE – 23 janvier 2014
01. Welcome to My World
02. Angel
03. Walking in My Shoes
04. Precious
05. Black Celebration
06. Should Be Higher
07. Policy of Truth
08. Slow
09. But Not Tonight
10. Heaven
11. Behind the Wheel
12. A Pain That Im Used To
13. A Question of Time
14. Enjoy the Silence
15. Personal Jesus
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16. Shake the Disease
17. Halo
18. Just Cant Get Enough
19. I Feel You
20. Never Let Me Down Again