BEHEMOTH, mercredi 12 février 2014, CCO, Villeurbanne par Raph

Après un petit interlude DEPECHE MODE, me voici de retour pour un CR d’un vrai groupe de metal qui blaste à mort et qui envoie du copeau par paquet de 12 : j’ai nommé les affreux polonais de BEHEMOTH.

Mené de main de maître par Nergal, les maîtres du Death-Black metal avaient connu un énorme passage à vide quand le chanteur / guitariste / principal compositeur avait contracté une grave maladie, qui l’avait contraint à subir une greffe de moelle osseuse. Victime d’un châtiment divin hurlaient certains, tellement BEHEMOTH s’est spécialisé dans un discours hyper blasphématoire. Mais Nergal s’en est sorti, et depuis les Polonais ne cessent d’enchaîner les tournées à travers le monde ! Depuis 3 ans, BEHEMOTH est de retour et il faut que ça se sache.

Armé d’un nouvel album (« The Satanist » et oui, cela ne s’invente pas, et surtout a priori, c’est la première fois que ça se fait ! si ! si ! sérieux) BEHEMOTH est reparti à l’assaut des routes pour multiplier les concerts de promotion. Toujours aussi vindicatif dans ses diatribes anti-chrétiennes, NERGAL ne s’est pas calmé. A mon humble avis, ce côté satanique est avant tout mis en avant pr l’aspect esthétique du truc. BEHEMOTH a toujours pris soin d’habiller ses prestations en véritables messes noires : avec décorum maléfique, costumes de circonstances et masques grimaçants. L’aspect théâtral est primordial dans leurs prestations: cela se doit d’être grandiloquent.

Pour cette tournée, le package proposé comprend également CRADLE OF FILTH, INQUISITION et IN SOLITUDE. Les organisateurs de la date lyonnaise ont eu la bonne iée de nous épargner la prestation pénible des Anglais de CRADLE OF FILTH. (Ceci dit la déchéance de ce groupe, pourtant novateur dans les années 90 est incroyable ! Il est devenu la caricature de lui-même à force d’enchaîner les shows catastrophiques !) Merci d’ailleurs à l’association DREAM FACTORY d’avoir repris l’organisation de ce genre de dates en région lyonnaise, après le forfait de MY REFERENCE EVENTS. Ça fait plaisir de voir que de bonnes affiches sont encore possibles dans les parages.

D’autant plus, que le pari est réussi pour ce soir, le CCO est quasi sold-out, ne démentant pas le statut de superstar de l’extrême occupé par BEHEMOTH. Bon, mais en attendant les stars polonaises, il y a surtout INQUISTION. Caractérisé par un son crade, des riffs malsains, des ambiances ultra maladives… la musique du duo culte colombien symbolise parfaitement le « true fuckin’ black metal from underground » qui tâche la nappe de mamy.

Malheureusement (je ne vous referai pas le coup du mec qui a une vie un peu chargée) comme d’hab, j’arrive à l’arrache au CCO : INQUISITION a déjà joué. Enfer et damnation ! Je ne sais pas qui a décidé du running order, mais honnêtement le duo avait sa place plus haut dans l’affiche. Car, c’est bien IN SOLITUDE qui joue juste avant BEHEMOTH.

IN SOLITUDE

Même si le groupe pratique une musique de qualité et plutôt réussie, on est à des kilomètres des styles pratiqués par BEHEMOTH ou INQUISITION. On évolue plutôt dans un heavy metal occulte voir rock gothique. Je vous laisse imaginer la transition. Sur scène, IN SOLITUDE fait feu de tout bois, mais il faut bien reconnaître que le public ne suit pas. Clairement, l’assistance n’en a rien à cirer des circonvolutions des Suédois.

Personnellement, je reste un peu attentif à l’affaire. Il faut dire que mon acolyte de NOISE POLLUTION (vous savez ? la plus grande émission radio de lnivers ? RADIO CANUT 102.2.FM tous les vendredis de 20h à 22H) m’a pas mal rabâché les oreilles avec IN SOLITUDE. Avec ses lunettes fumées et son petit blouson en cuir, Pelle Ahman a des allures du chanteur de THE 69 EYES. Sa superbe voix s’accorde parfaitement au style, mais il en faut plus pour captiver une assistance venue plutôt prendre sa dose de blasts et de vocaux infernaux.

Bref, une formation sans doute intéressante mais qui n’était clairement pas à sa place ce soir. A revoir sans doute dans d’autres circonstances.

BEHEMOTH

Les 550 personnes présentes ce soir sont chaudes comme la braise. Car, malgré l’intérêt des premières parties, il est clair que l’immense majorité des gens n’est venue que pour BEHEMOTH. La pression monte au fur à mesure que les éléments de l’impressionnant décorum sont disposés par les roadies. Et la pause semble durer des heures. Un concert des Polonais se prépare dans les moindres détails et compte tenu de la somme de tous les éléments (pieds de micro ouvragés en forme de serpents, back-drop aux couleurs de la dernière pochette, batterie surélevée, candélabres …) cela n’est guère étonnant. L’impatience gagne les rangs. Mais que font-ils ? C’est long là, non ???

Enfin, les lumières s’éteignent et le rituel peut commencer. Sous une sombre introduction symphonique, Seth et Orion (respectivement guitariste et bassiste) viennent se placer sur de petites estrades disposées de part et d’autre de l’imposant kit de batterie d’Inferno, lui-même déjà en place. Derrière ses plates-formes, le logo stylisé de BEHEMOTH a été disposé : un aigle bicéphale aux ailes déployées et couplé à un crucifix inversé (ou comment mixer dans un même dessin les symboles de la Pologne et du satanisme) En se plaçant juste devant ses logos, un astucieux effet de perspective affuble les 2 musiciens d’une paire d’ailes démoniaques. Illusion tout à fait bluffante. Grimés comme tout bon adepte de Black Metal, les 3 Polonais gardent la tête baissée comme attendant le maître de cérémonie. Alors que tout le monde est en place, Nergal arrive enfin : une capuche visée sur la tête et munis de 2 torches allumées. L’impact visuel est incroyable.

Soudain, tous les membres de BEHEMOTH s’agitent et entament le monstrueux « Blow your Trumpets Gabriel ». Ce morceau est à l’image du nouvel album : beaucoup moins rentre-dedans que par le passé, mais distillant une atmosphère bien poisseuse. Ce soir, le groupe va d’ailleurs beaucoup s’appuyer sur ce « The Satanist » avec pas moins de 5 chansons jouées (soit un bon tiers des titres joués)

Heureusement, il reste de la place pour tous les brûlots titanesques qui parsèment la carrière de BEHEMOTH. Dès le 3e titre, voilà que retentit à travers un CCO aux anges (sic) un vindicatif « Conquer All ». Niveau public, inutile de vous préciser que c’est la guerre à tous les étages. Les gens sont venus voir BEHEMOTH et ils ne sont pas déçus. Les Polonais sont au taquet en termes d’énergie et de charisme. Quelle claque ! C’est monstrueux ! Avec sa capuche de moine hérétique et son collier en pattes de poulet (véridique), Nergal dégage une espèce d’aura malsaine. Il en joue pour solliciter sans arrêt l’assistance ! Il arpente de long en large la scène à sa disposition. Ces partenaires ne sont pas en reste, headbanguant à tout va.

Le concert va durer 1h15 pendant lequel BEHEMOTH va diffuser son ambiance impie. La set-liste se termine par l’abouti « Chant For Eschaton 2000 », véritable tube, où les musiciens font éclater dans leurs bouches des capsules de faux-sang. Du grand spectacle ! Nergal nous remercie chaleureusement pour notre enthousiasme (non feint je vous assure, vu le délire dans la fosse) et le groupe s’éclipse avec de grands sourires en nous saluant bien bas.

Alors, que la messe semble être dite (re-sic), les Polonais nous font le coup du rappel improbable. Les musiciens réapparaissent sur scène sans un mot, en portant des masques démoniaques (masques totalement noirs reprenant les traits de leurs visages mais munis de grandes cornes torsadées). Ils entament alors le calme (et presque progressif) « O Father O Satan O Sun ! » qui clôturait déjà « The Satanist ». Joué dans ses conditions (groupe complètement statique et masqué), la pièce de plus de 7 minutes est un parfait résumé du concert de ce soir : majestueuse et inquiétante !

Ce soir, BEHEMOTH a encore une fois marqué les esprits : un dernier album différent mais réussi, une présence scénique incomparable et un show tonitruant. C’est incroyable mais malgré le nombre important de fois où j’ai vu ce groupe, il a encore réussi à me surprendre et à me captiver. Signe d’un grand, voire d’un très grand !

Définitif !

Set-liste BEHEMOTH 12 février 2014

01. Blow Your Trumpets Gabriel
02. Ora Pro Nobis Lucifer
03. Conquer All
04. Decade Of Therion
05. As Above So Below
06. Slaves Shall Serve
07. Hidden In A Fog
08. Furor Divinus
09. Christians To The Lions
10. Ov Fire And The Void
11. The Satanist
12. Alas Lord Is Upon Me
13. At The Left Hand Ov God
14. Chant For Eschaton 2000
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15. O Father O Satan O Sun !

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