SEPULTURA, lundi 24 février 2014, CCO, Villeurbanne par Raph

Quelques jours après la performance de BEHEMOTH en terre lyonnaise, l’association Dream factory remet le couvert en nous proposant une nouvelle affiche tout en finesse. Après avoir rendu hommage au Black / Death Metal, c’est au tour du Thrash Metal d’être à la fête ce soir au CCO. Et quel programme ! Jugez plutôt : les prometteurs MORTILLERY mené par une minette tout feu tout flamme, les vétérans de FLOTSAM AND JETSAM (groupe américain qui a tout simplement lancé Jason Newsteed, ex-Metallica, et qui a sorti 2 monuments du style dans les années 80 : « No place for Disgrace » et « Doomdays for Deceiver »), les confirmés hollandais de THE LEGION OF THE DAMNED qui rencontrent un succès énorme hors de nos frontières et finalement les stars brésiliennes de SEPULTURA.

Et bien, mon coco ! On ne va pas s’ennuyer en ce lundi pluvieux du mois de février. Après un début de carrière tonitruant dans les années 90s, SEPULTURA a su se maintenir en haut de l’affiche en terme de popularité. Pourtant, les mouvements de personnel n’ont pas épargné le combo brésilien. On retiendra, notamment le départ des 2 frères Cavalera : Igor, le batteur en 2006 et surtout Max, le chanteur dès 1996.

Max a été remplacé par un nouveau chanteur : Derrick Green, colosse noir tout à fait impressionnant. Malheureusement, quand on évoque ce chanteur, on parle encore de « nouveau » chanteur de SEPULTURA. Sachant qu’il est arrivé depuis plus de 15 ans. Et qu’aujourd’hui, sa période de présence est plus grande que celle de Max Cavalera, c’est dire l’ombre imposante que le musicien dreadlocké a laissé sur le groupe brésilien.

Il faut préciser tout de même que les plus gros tubes du groupe datent de la période Max : les succès planétaires des 3 disques emblématiques « Arise », « Chaos A.D. » et surtout « Roots » restent gravés dans les mémoires. Malgré des efforts notables, notamment d’Andréas Kisser, le guitariste fondateur du groupe, fidèle au poste, SEPULTURA n’a jamais réussi de reproduire des albums de la trempe de ces chefs d’œuvres du genre.

Pourtant, les disques de qualité sont bien là : « Kairos », « Dante XXI » ou le petit dernier au nom à rallonge « The Mediator between the Hands et the Head must be the Heart ». Personnellement, je dois reconnaître que j’avais un peu lâché l’affaire concernant SEPULTURA. Pourtant, je recevais quelques échos plus que positifs sur les prestations explosives du gang. A priori, sur scène, la formation serait encore au maximum de ses possibilités. Ces quelques rumeurs me laissaient quelque peu pantois : surtout, qu’en parallèle, je suivais de loin le parcours du groupe de Max Cavalera, SOULFLY fondé juste après son départ. A mes yeux, c’est peu glorieux : le groupe est devenu la caricature de lui-même, avec un Max dont le poids doit se rapprocher maintenant de celui d’un morse d’Alaska, et qui ne fait plus aucun effort sur scène, vivant sur son héritage issu de SEPULTURA.

Pathétique !

Mais voilà, qu’en 2012, lors de la journée Metal du festival de la foire aux Vins de Colmar (si ! si ! ça ne s’invente pas, ça existe vraiment) où JUDAS PRIEST nous proposait une de ses rares prestations françaises, les organisateurs nous avaient programmé SEPULTURA en première partie. Et là, le choc ! En effet, malgré une formation ramassée (plus qu’une seule guitare) le groupe est encore capable de proposer un set hargneux et bien « rentre-dedans », porté à bout de bras par un Derrick Green à la fois bestial et envoûtant : digne d’un sorcier Voodoo en pleine séance de sorcellerie. Ce fut un vrai plaisir de retrouver les Brésiliens en si bonne forme : comme de retrouver un vieil ami malade perdu de vue depuis longtemps, et qu’on découvre par hasard en pleine forme et pétillant d’envie !

Avec cette nouvelle prestation de SEPULTURA à Lyon, j’espérais bien revivre ce moment. Et voir FLOTSAM AND JESTAM en live (à la maison de surcroît) était un autre intérêt fort de cette soirée.

Vu le plateau proposé, je me doutais bien que l’heure inscrite sur les billets (19H00) risquait bien pour une fois d’être la vérité : il faut bien que tous les groupes puissent jouer un minimum de temps. Vu mes activités personnelles, je sais bien qu’il est utopique d’arriver dans ces eaux-là mais je fais de mon mieux sachant que l’objectif est de voir la prestation de FLOTSAM AND JETSAM. Quand j’arrive enfin non loin du CCO (où se tient la petite sauterie) accompagné de JD et que je croise sur le trottoir le père Eric A.K. (soit le chanteur de FLOTSAM AND JETSAM) je me dis qu’encore une fois j’ai tout loupé. Du coup, nous pénétrons dans le CCO alors que THE LEGION OF THE DAMNED entame son show. J’avoue que la pilule est dure à avaler : je file me consoler avec quelques amis et quelques bières.

SEPULTURA

Du coup, cette très belle affiche digne des CLASH OF TITANS va se réduire pour moi à sa plus simple expression : SEPULTURA. Ceci dit vu la santé de la bête, je risque de prendre cher.

En terme d’affluence, à noter que 15 jours après le concert bien rempli de BEHEMOTH, le succès est encore une fois au rendez-vous : près de 500 personnes se pressent dans un CCO surchauffé. Bonne nouvelle pour la santé des concerts métalliques sur Lyon. Ce public est d’ailleurs assez hétéroclite : on retrouve les plutôt « anciens » on va dire, les habitués, mais aussi pas mal de jeunes loups manifestement attirés par l’aura intact du groupe. SEPULTURA a toujours bénéficié d’une excellente popularité en France et cela se démontre encore une fois ce soir.

Le show commence de façon très musclée, avec un thrash surpuissant et très peu mélodique : la nouvelle marque de fabrique du groupe. Au centre de la scène, Derrick Green attire forcement tous les regards avec sa stature de titan. Le bougre s’est rasé complètement la tête ce qui rajoute un caractère inquiétant au personnage. Le mec est une montagne de muscles qui impulse une grosse énergie au concert. A ses côtés, l’agile Andreas Kisser est lui aussi complètement déchaîné. Paolo Junior le bassiste invisible est présent aussi. Présent, depuis les tout débuts du groupe en 1984, le musicien a méchamment vieilli : mais il est toujours là, aussi discret qu’efficace dans son coin. Et pour finir, il faut bien dire un mot, sur le dernier batteur, un certain Eloy Casagrande âgé d’à peine 20 ans qui nous gratifie d’une prestation époustouflante à la batterie. Le gamin a une technique de frappe très visuelle tout en restant efficace : il n’a absolument rien à envier à son prédécesseur, le fameux Igor Cavalera.

Pendant 1 heure 30, SEPULTURA nous a concocté une set-liste qui va s’attacher à rentre hommage à « Chaos A.D. », premier gros carton du groupe, sorti il y a un peu plus de 20 ans aujourd’hui. Pas mal de morceaux sont issus de ce disque : « Territory », « Refuse / Resist » bien sûr mais aussi des choses plus inhabituelles (notamment la reprise de NEW MODEL ARMY, « The hunt » joué pour la première fois sur cette tournée et la très rare « Propaganda »)

Malgré la qualité des nouveaux morceaux (enfin, « nouveau », disons ceux de la période post « Max Cavalera ») il faut bien constater que le concert atteint son apogée lorsque les vieux tubes du groupe sont interprétés : « Arise », « InnerSelf », le terrible « Desperate Cry »… Sur ces chansons intemporelles, le public devient complètement fou et la salle du CCO se transforme en véritable champ de bataille. D’ailleurs, le groupe a judicieusement placé tous ses brûlots en fin de concert pour un final apocalyptique !

Un autre exercice où SEPULTURA excelle, c’est quand il s’agit de proposer des choses plutôt improbables et très colorées : par exemple, « Da Lama Ao Caos », un grand tube de musique typique brésilienne reprise à la sauce Metal, ou le terrifiant rappel composé de l’enchaînement « Ratamahatta » / « Roots Bloody Roots » (Excusez du peu !) Dans ces moments là, Derreck Green s’improvise percussionniste ! Ce qui donne une toute autre dimension au concert : festive et groovesque !

En conclusion, SEPULTURA nous aura offert le meilleur de ce qu’ils sont capables aujourd’hui : un thrash percutant, métissé et très entraînant. Je peux confirmer que le groupe est au sommet de sa forme et reste ultra efficace.

Il sera amusant de pouvoir comparer la prestation du groupe avec celle de SOULFLY, quand ils joueront tous les 2 au Hellfest au mois de Juin. Mais vu ce que j’ai aperçu ce soir, j’ai ma petite idée sur le groupe le plus en forme.

Set-liste SEPULTURA – 24 février 2014
01. Trauma of War
02. The Vatican
03. Kairos
04. Propaganda CHAOS AD
05. Impending Doom
06. Manipulation of Tragedy
07. Convicted in Life
08. Dusted
09. The Age of the Atheist
10. Desperate Cry
11. The Hunt
12. Spectrum
13. Da Lama ao Caos
14. Inner Self
15. Territory
16. Refuse/Resist
17. Arise
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18. Ratamahatta
19. Roots Bloody Roots

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