Les voyages sur Clermont-Ferrand vont finir par devenir une habitude chez moi. En effet, les affiches de qualité ne cessent de se multiplier dans le Puy de dôme. Après MACHINE HEAD (2 fois de suite tout de même), GHOST ou IN FLAMES, c’est au tour de POWERWOLF de se présenter dans la très belle salle de la Coopé de Mai.
Il y a peu, dans un compte-rendu précèdent, j’évoquais les potentielles futures têtes d’affiche de notre style de prédilection : j’avais cité pêle-mêle GHOST, SABATON, VOLBEAT ou ALESTORM. J’oubliais POWERWOLF qui possède tous les critères pour intégrer cette liste. En Allemagne, avec ses derniers albums, le groupe a même réussi l’exploit de se classer en tête des ventes de disques (tout style confondu). Pour un groupe de Power Heavy Metal, la partie était loin d’être gagnée.
A l’instar d’un GHOST, POWERWOLF a cette faculté de pouvoir s’appuyer sur un don inné de composition de morceaux accrocheurs. Les disques sont remplis jusqu’à la gueule de morceaux pêchus, aux refrains entêtants et mémorisables en 2 secondes le tout enrobé de paroles rigolotes. Le groupe a su créer son propre univers, mélange improbable de signes religieux de pacotille (comme GHOST tiens, tiens …) et de loups garous semi-horrifiques. Simpliste certes mais suffisamment marquant pour fonctionner ! Malgré tous ces ingrédients, il ne faut pas oublier le plus important : les musiciens de POWERWOLF sont de vrais professionnels passionnés et très affutés. Les Allemands ont notamment eu l’intelligence d’aller chercher Attila DORN : un chanteur roumain puissant doublé d’un vrai show-man.
Nous avions découvert POWERWOLF il y a 2 ans au cœur de l’après-midi du samedi du côté du HELLFEST. Dans une ambiance festive et décontractée, les Allemands avaient marqué les esprits dans leur style si particulier. Vu le succès de ce concert et leur popularité croissante, il est fort à parier que lors de leur prochain passage dans le festival clissonais, ils auront droit à une place bien plus haute sur l’affiche.
Accompagné de ma moitié et du Grand Timonier, nous arrivons tôt sur Clermont-Ferrand après presque 2 heures de route. Le temps d’avaler un hamburger, nous parvenons à nous glisser au milieu de la fosse un peu à gauche de la scène. On retrouve copain FULLY venu découvrir le phénomène POWERWOLF en live. La Coopé de Mai est dans sa configuration réduite : un rideau noir a été tendu au milieu des gradins. Cependant, le public se tasse dans l’espace restant : on ne doit pas être loin des mille spectateurs malgré tout. Le score reste tout à fait honorable pour un groupe dont la réputation reste à démontrer dans notre beau pays (tout le contraire de l’Allemagne où POWERWOLF est déjà une formation établie digne des têtes d’affiche des festivals teutons).
Avant d’assister à la messe de POWERWOLF, nous avons le droit à 2 « openers » (comme on dit dans le jargon) : les Autrichiens de SERENITY et les Finlandais de BATTLEBEAST.
SERENITY
A 20H00 tapantes, SERENITY débarque avec son Power Metal symphonique un brin désuet. Bon sang, ça fait combien de temps que je n’écoute plus ce genre de choses ? Les Autrichiens ont pour eux une bonne humeur communicative. Pendant 30 minutes, SERENITY va s’attacher à promouvoir son dernier opus « Codex Altanticus » en en jouant 3 extraits. Les compositions sont plutôt bien faites et s’inscrivent dans la droite ligne du style. Les samplers symphoniques sont omniprésents (Mon dieu ! que ça sonne kitch quand même, non ?) Le chanteur Georg NEUHAUSER fait de son mieux pour entrainer le public avec lui. Tout sourire, il semble ravi de faire le show sans oublier de démonter ses talents vocaux. Le gars a de toute évidence quelques capacités en la matière. La fosse s’agite un peu, et manifestement, il y a quelques fans qui se font connaître bruyamment.
Bon, personnellement, une demi-heure me suffise amplement pour goûter les charmes de SERENITY. Même si cela est bien fait, ce n’est définitivement plus ma came au contraire de ma moitié qui découvre avec grand plaisir les Autrichiens. En plus au milieu de « Legacy of Tudors », SERENITY reprend le célébre « Pastime With Good Company” d’Henry VII ce qui le don de l’emerveiller.
J’imagine qu’elle n’est pas la seule à voir SERENITY pour la première fois ce soir. Preuve qu’ils ont su marquer des points. Tant mieux pour eux.
BATTLEBEAST
L’arrivée de BATTLEBEAST est l’occasion de changer littéralement de style : après le Power Heavy symphonique, voici venir le Heavy Metal d’inspiration teutonique. En effet, à l’écoute des premiers titres, il est indéniable que les Finlandais ont été bercés durant leurs jeunes années par les hits d’ACCEPT. Sur scène, le groupe saute dans tous les coins : les musiciens sont à fond les manettes. La palme de l’enthousiasme revient à la chanteuse, Noora LOUHINO qui déborde d’énergie. Mention spéciale à son étrange coiffure qui semble sortir tout droit des années 80 ! Les chansons de BATTLEBEAST sont un mélange réussi de kitch assumé (il suffit d’entendre ce son de clavier ultra daté), d’efficacité et de mélodies martiales. La recette porte ses fruits car le public réagit super bien, notamment en fosse où ça commence vraiment à tanguer fort.
Sur scène, le groupe enchaine les bêtises. Je retiens la séquence de la canette de bière engloutie cul sec par le clavier ! Il en met partout le mec ! Purée, SPINAL TAP n’est pas très loin ! Mais qu’importe, les Finlandais sont tout sourire et ça fonctionne ! Moi-même, je me laisse prendre au jeu, il faut dire que les titres sont efficaces et parfaitement adaptés au live.
BATTLEBEAST joue parfaitement son rôle de première partie. Certes, ce groupe n’a rien inventé et ressort tous les clichés des années 80. Mais, il le fait avec un enthousiasme entrainant. Cette recette ne leur permettra sans doute pas d’atteindre le firmament, mais s’avère impeccable pour passer du bon temps. C’est sans doute le but recherché par les musiciens : s’amuser sans se prendre la tête ! La mission est parfaitement remplie.
POWERWOLF
Bon, c’est pas tout ça, mais malgré la qualité des groupes de première partie, il ne faut pas oublier la raison de notre présence à Clermont-Ferrand : POWERWOLF. La pression monte doucement pendant que les roadies mettent en place les éléments de décor.
Un immense back-drop gothique est dressé représentant un loup-garou en tenue d’ecclésiastique. Les amplis sont aussi décorés dans la même veine. 2 claviers habillés à la moyenâgeuse avec un aigle triomphant sont disposés de part et d’autre de la vaste batterie de Roel VAN HELDEN. Enfin, 2 petites plateformes en simili-pierre vont sans doute permettre aux 2 guitaristes de jouer les poseurs.
Voilà : tout est prêt ! On peut attaquer ! Les musiciens déboulent sur scène et entonnent un tonitruant « Blessed and Possessed ».
POWERWOLF est en pleine tournée de promotion de son 6e et dernier opus, « Blessed and Possessed ». Du coup, nous aurons droit d’entrée au titre éponyme et au total, ce sont 5 extraits de ce dernier disque qui seront joués ce soir. « Preachers of the night », l’album précédent n’est pas oublié non plus avec 5 chansons interprétées également. Le reste de l’épaisse set-liste est complété par les tubes des disques précédents dont « Lupus Dei » et le fantastiquement drôle « Resurrection by Erection ».
Dans le petit monde du Metal, beaucoup raillent l’apparente simplicité des morceaux de POWERWOLF. Un refrain marquant qui claque, 3 notes mémorisables et des paroles à deux balles : et voilà, c’est emballé, on a un morceau ! Les choses sont plus complexes car cette faculté incroyable à écrire des tubes Metal ne tombe pas du ciel. POWERWOLF semble avoir trouvé la formule magique qui fait mouche. Mais, cela repose sur un travail de long haleine et un vrai talent d’écriture. Si les choses étaient si simples, tous les groupes suivraient l’exemple. Mais, ce n’est pas le cas et les Allemands sont bien seuls sur leur créneau.
Clairement, on sent que tout est maitrisé et professionnel. On est très loin des approximations sympathiques des groupes de première partie et on peut mesurer la distance qu’il reste à parcourir à SERENITY et BATTLEBEAST pour jouer dans la cour des grands. Car, indubitablement, POWERWOLF fait déjà partie de la Champions League du Métal. Charisme, enthousiasme, passion et maîtrise sont les maitres mots de ce concert.
Le public ne s’y trompe guère et fait un véritable triomphe aux Allemands. Dans son accoutrement de prêtre démoniaque, Attila DORN se révèle comme étant un vrai maitre de cérémonie. Il fait l’effort de prononcer quelques mots en français, ce qui provoque une vive clameur de la part de l’assistance de la Coopé de Mai. Il demande plusieurs fois : « Etes-vous obsédés par le Metal ? » Ça fait bien rire le chanteur d’ailleurs ! Après s’être rendu compte de son erreur de traduction, il finit par corriger : « Etes-vous possédés par le Metal ? » Nouvelle hilarité !
De leur côté, comme prévu, les frères GREYWOLF multiplient les poses avec leurs guitares. Pas de doute : ça joue bien tout en faisant des grimaces improbables. Falk MARIA SCHLEGEL ne cesse de changer de clavier (il en a 2 : il en profite) et quand il n’a rien à jouer, il fonce devant le public pour le haranguer et l’encourager. La fête est totale. C’est à peine, si on remarque que le groupe se produit sans bassiste : toute la partie rythmique de cet instrument est remplacé par des samples. Mais ça le fait : l’espace est bien occupé par les musiciens. POWERWOLF lance quelques jeux classiques pour s’assurer l’implication du public : genre reprise en chœur des vocalises d’Attila, division de la salle en deux pour savoir quel côté crie le plus fort … C’est traditionnel mais ça continue de faire son petit effet. L’assistance joue le jeu avec gourmandise. Il s’agit de s’amuser et tous les moyens sont bons.
« We drink your blood » est l’occasion pour les fans d’hurler à plein poumon le refrain qui va bien. En live, ce morceau est juste une tuerie. Pour le rappel, POWERWOLF allumera plusieurs rangées de bougies pour transformer cette fin de concert en véritable rituel. « Sanctified with Dynamite » (j’adore ce morceau), « Kreuzfeuer » et l’hymne « All we need is Blood » clôturent avec majesté cette soirée.
Les 100 minutes du concert sont passées comme un souffle. Vivant et parfaitement exécuté, ce show a été l’occasion de démontrer toute l’étendue du talent de POWERWOLF. Les musiciens (Attila et Falk notamment) vont rester de longues minutes sur scène pour recueillir les acclamations de l’assistance. Ils semblent touchés par l’accueil triomphal que leur réserve le public clermontois.
Encore une belle soirée à la coopé de Mai. Mais devant une telle démonstration, le doute n’est plus permis : POWERWOLF fera rapidement partie des plus grands.
Set-liste POWERWOLF – 2 avril 2016
01. Blessed & Possessed
02. Coleus Sanctus
03. Amen & Attack
04. Sacred & Wild
05. Army of the Night
06. Resurrection by Erection
07. Armata Strigoi
08. Dead Until Dark
09. Let There Be Night
10. Werewolves of Armenia
11. Saturday Satan
12. In the Name of God
13. We Drink Your Blood
14. Lupus Dei
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15. Sanctified With Dynamite
16. Kreuzfeuer
17. All We Need Is Blood