Spectaculaire

émission à caractère culturel (un peu mais pas trop quand même) les mercredi de 14h à 15h

à la guerre (pas) comme à la guerre !

Posté le | sam 15 Mar 2014 | Aucun commentaire

« Tout le monde en a marre, alors la guerre va bientôt finir », dit l’une des musiciennes vers la fin des Chants des guerres que j’ai vues, un spectacle qui, lui, s’est bien terminé ce samedi 15 mars au Théâtre des Célestins à Lyon – mais il reste encore deux séances de rattrapage à Saint-Etienne (le mercredi 26 mars) puis à Genève (samedi 29 mars). Mais de quoi s’agit-il ? C’est un objet étrange et dérangeant : oh, nul mal à l’aise, non, mais la musique, les musiciens, la scénographie, les textes, tout surprend dans des oppositions – ou des voisinages, tout du moins. Heiner Goebbels, l’auteur de ce concert scénique (« staged concert »), s’est inspiré de textes de Gertrude Stein (1874-1946), une Américaine (non pas) à Paris (mais à Culoz pendant la Deuxième Guerre mondiale) qui a écrit des notes compilées dans Wars I have seen (traduit chez Christian Bourgois) sur ce qu’elle a v(éc)u pendant cette guerre ainsi que la première de 1914-1918 et l’Hispano-américaine aussi, pour créer un court spectacle musical qui mêle la voix des musiciennes (exclusivement : des collègues hommes sont également présents mais ne pipent mot !) à la musique qu’elles jouent, au devant de la scène, éclairées par des lampes d’intérieur, en compagnie de musiciens surélevés mais au fond (c’est néanmoins un trompettiste qui a le dernier mot lors d’un long solo très émouvant, délicatement mis en valeur par un agréable bourdonnement produit par tous ses partenaires munis d’un bout de bois qu’ils font tourner dans ou autour d’un pot). Les oppositions, les voisinages, se remarquent donc dans les textes eux-mêmes qui, sans verser totalement dans le comique ou le tragique, amusent ou désolent ; dans la musique qui alterne le baroque avec des extraits de the Tempest de Matthew Locke (1674) et du contemporain  ; dans les musiciens, des femmes et des hommes séparés sur scène et par leurs vêtements, les couleurs étant réservées aux femmes (le men, eux, sont in black). Ces extraits donneront-ils un meilleur aperçu de ce qui est difficile à décrire ? Le public des Célestins a beaucoup apprécié ce spectacle et l’a fait savoir par des chaleureux applaudissements qui ont fait revenir plusieurs fois sur scène Pierre-André Valade, le chef de l’Ensemble Orchestral Contemporain qu’il a dirigé avec beaucoup de maîtrise et de délicatesse, permettant aux solistes de parfaitement s’exprimer.

La Biennale Musiques en Scène, dans laquelle s’inscrivaient ces textes en musique, continue avec, notamment, du côté de la Renaissance (à Oullins), Steve Five (King different), un opéra de chambre de Roland Auzet qui mêle les genres (il est question de Steve Jobs et Henry V avec Oxmo Puccino et l’Orchestre de l’Opéra de Lyon !). D’autres spectacles sont à venir : ils sont à retrouver sur le site ET dans l’émission du mercredi 19 mars avec Damien Pousset, délégué artistique de Grame.

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