Spectaculaire

émission à caractère culturel (un peu mais pas trop quand même) les mercredi de 14h à 15h

« The Turn of the screw » : le vénéneux tour de vice de Britten

Posté le | sam 19 Avr 2014 | Aucun commentaire

ou (sous-titre) « Hymne à Heather Newhouse qui trouve une nouvelle maison à l’Opéra de Lyon » ! – car la jeune soprano qui incarne la gouvernante dans cet opéra de Benjamin Britten (1954 ; à Lyon jusqu’au mardi 29 avril ; à la radio, sur France Musique, le mercredi 23 avril) est connue des Lyonnais pour son rôle actif au sein du très bel ensemble du Concert de l’Hostel-Dieu. Celle-ci se montre prodigieuse d’un bout à l’autre de l’opéra, en jeune femme sensée progressivement gagnée par une anxiété qui lui fait traverser de terribles moments de doute et la montre même habitée par la folie ; et elle séduit jusque dans sa diction – on comprend son anglais sans avoir à lire les surtitres en français ! En fait, tout le plateau vocal est très bon : on accordera une mention spéciale au Quint d’Andrew Tortise, dont la voix entêtante de (contre ?) ténor, avec ses répétitions lancinantes, effraie surtout dans la scène finale de l’acte I. On pourrait s’en vouloir d’oublier les deux enfants qui chantent Flora et (surtout) Miles mais il faudrait alors également citer les deux sopranos dans les rôles de Mrs Grose et Miss Jessel – ah, tiens, là, on a nommé tout le monde ! Pour terminer, il ne reste plus qu’à dire deux mots de la mise en scène, de l’orchestre et de l’histoire – bref, de ce qui tient à Valentina Carrasco (liée à la troupe de spectacle catalane la Fura del Baus) & à Kazushi Ono (le chef permanent de l’orchestre de l’Opéra de Lyon) ainsi qu’à Benjamin Britten (le compositeur) et Myfanwy Piper (le librettiste). Eh bien, du moment que les (architectures de) toiles très présentes sur la scène, avec le système de double plateau – confinement de la (l’opéra de) chambre et angoisse de la forêt – et l’éclairage aux teintes veloutées qui ne sont pas sans évoquer Robert Wilson, n’empêchent pas le spectateur d’entendre la belle et riche musique, splendidement interprétée par les musiciens – quelle harpe ! – et leur chef, qui sert cette histoire de peur, de douleur et de haine entre des enfants pas si innocents que ça et des adultes morts (d’inquiétude), on ne peut raisonnablement se plaindre et estimer avoir vu un méchant spectacle. Non, les « dreadful ways » (les « méchantes manières ») sont celles de Quint, un personnage ; il n’y a rien à redire sur les interprètes.

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