Spectaculaire

émission à caractère culturel (un peu mais pas trop quand même) les mercredi de 14h à 15h

« Bettencourt Boulevard » : L’Oréal, Liliane et Banier au TNP

Posté le | lun 23 Nov 2015 | Aucun commentaire

Vingt-six représentations en tout de la pièce de Michel Vinaver : quelle orgie ! On ne peut donc pas décemment ne pas (trouver le temps d’) aller voir Bettencourt Boulevard au TNP jusqu’au samedi 19 décembre ! Oui, vraiment : on n’est pas, sur ce coup, au contraire du dramaturge, excessif ! Il faut, ose-t-ton le répéter, voir cette pièce parce que le propos est fort : il ne s’agit pas d’avoir une version de l’affaire Bettencourt, avec la protagoniste et toute la galerie de personnages qui l’entoure (sa fille Françoise Meyers-Bettencourt, son favori François-Marie Banier, son gestionnaire de patrimoine Patrice de Maistre, sa comptable Claire, et les hommes politiques Nicolas Sarkozy ainsi qu’Éric Woerth, avec même un chroniqueur, tous présents sur scène !), mais plutôt « une histoire de France », comme le dit le sous-titre et l’indique bien une certaine remontée aux origines avec les illustres aïeux Eugène Schueller, le fondateur de L’Oréal et Robert Meyers, rabbin français déporté et tué à Auschwitz. Ces deux figures, qui se dressent comme deux axes parallèles (ne pouvant par définition se rencontrer…) au fond de la scène, au tout début ainsi qu’à la toute fin de la pièce, lui donnent une verticalité qui confèrent indéniablement une saisissante transcendance à l’oeuvre, élevant les trivialités, les mesquineries des petites affaires de nos héros de l’actualité contemporaine, baignant dans une médiocre horizontalité – le décor appuie cette platitude, une multitude de fauteuils étant disséminés sur toute l’étendue du plateau. Peut-être, d’ailleurs, et c’est là une réserve légitime (la seule ?) que l’on peut adresser à l’intelligente mise en scène de Christian Schiaretti, cela crée-t-il un statisme certain qui ne rend pas compte de la vivacité, du mouvement permanent dans le texte virevoltant de Michel Vinaver. L’investissement et la justesse des comédiens n’en sont pas moins remarquables : malgré le tragique évoqué par la réminiscence du passé et le pathétique qui se dégage du présent, le spectacle emporte le public qui manifeste bruyamment son adhésion aux artistes qui saluent – pense-t-il, en quittant la place Lazare-Goujon, comme Liliane Bettencourt aime à le répéter « haut les coeurs  » ?

« Bettencourt Boulevard ou une histoire de France » de Michel Vinaver, TNP ->sam19déc (© Michel Cavalca)

 

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