« Le cas sneider » : arditi et ascenseur aux Célestins
Posté le | mar 6 Juin 2017 | Commentaires fermés sur « Le cas sneider » : arditi et ascenseur aux Célestins
Le cas Sneijder (roman de Jean-Paul Dubois, 2011 ; adaptation et mise en scène par Didier Bezace), c’est d’abord le portrait d’un homme brisé par un terrible accident d’ascenseur dont il est le seul rescapé. Prisonnier de son univers intérieur, Paul Sneijder griffonne avec frénésie sur les murs de sa mémoire, des chiffres, des rouages, des poulies pour tenter de comprendre quel ressort de la vie lui a joué des tours.
La scénographie – qui place l’espace intérieur de Pierre Arditi au premier plan – rend compte de l’exil de cet homme qui n’est plus celui que sa femme a aimé, celui que la société conformiste voudrait qu’il soit, celui que sa fille, morte dans l’accident, rejoint chaque nuit : et plus il s’affranchit de leurs règles et de leurs attentes, plus le piège se referme sur lui, jusqu’à l’internement. L’univers personnel de Paul finit par prendre le pas sur la Vie.
La pièce s’ouvre sur des répliques en voix off empreintes d’un humour grinçant (mais cruellement lucides). Et plus le personnage se raconte et plus l’atmosphère se tend, à l’image des câbles de cet ascenseur qui a lâché sous le poids de ses victimes. C’est à la chute d’un homme que nous assistons.
Pierre Arditi, bien que vouté par le poids des années n’est pas sur le déclin : il incarne à merveille ce personnage déchiré, seul au milieu de tous. Face à lui, d’autres acteurs lui donnent la réplique avec brio même si de mon point de vue, Sylvie Debrun – qui joue le rôle d’Anna Keller (son épouse) – est un ton en-dessous. On regrette certaines longueurs ( une scénographie ingénieuse mais un peu répétitive…) et une voix off (qui n’est pas accessoire) un peu trop présente.
Enfin, j’ai une fois de plus déploré la léthargie du public des Célestins, assez consommateur, qui n’a pas su par la ferveur de ses applaudissements, récompenser le travail d’interprétation des acteurs.
M.G.
Présentation par le metteur en scène Didier Bezace :