Spectaculaire

émission à caractère culturel (un peu mais pas trop quand même) les mercredi de 14h à 15h

« Margot » d’après Marlowe : spectacle total aux Célestins !

Posté le | ven 19 Jan 2018 | Aucun commentaire

On vous en a parlé à l’antenne ce mercredi : un autre spectacle est donné au théâtre des Célestins, Margot, d’après Massacre at Paris de Christopher Marlowe (1593), mis en scène par Laurent Brethome. C’est donné jusqu’au mercredi 24 janvier (20h en semaine, 16h dimanche). Eh bien, comme le montre l’illustration des Célestins (ci-dessous : voyez, elle mange l’écran !), c’est effectivement un spectacle qui en met plein les yeux ! Cela peut faire un peu penser à ce que dit Macbeth lui-même, dans la fameuse pièce (V, 5),

Life’s but a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage
And then is heard no more: it is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.

c’est-à-dire « la vie n’est qu’une ombre qui marche ; elle ressemble à un comédien qui se pavane et s’agite sur le théâtre une heure ; après quoi il n’en est plus question ; c’est un conte raconté par un idiot avec beaucoup de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien ». Les deux hommes étant contemporain (nés la même année !), les mots du dramaturge de Stratford-upon-Avon (1564-1616) qualifient très bien la pièce de Marlowe (1564-1593 ; page Facebook ici !) et la mise en scène de Laurent Brethome, toute en lumières aveuglantes, vrombissement étouffant, nudité fugace, mots criés, gestes lancés. Si de nombreux tics (les barbes bien taillées ? les pantalons serrés avec les démarches de dandy ?) « font » un peu trop hipsters cool et branchés, l’esthétique, l’énergie et la sincérité, sans clinquant, nonchalance ni arrogance, sont incontestables et, saisissant le spectateur, le happant littéralement, ne le relâchent qu’au bout de deux heures (plus, en fait !), peut-être pas tout à fait réjoui mais au moins en proie à des émotions éventuellement contradictoires mais bien stimulantes !

Il serait inconvenant de terminer sans parler du texte : si la pièce de l’auteur anglais est vraiment stupéfiante (comme celles de Shakespeare : pleines de vie – de vit ! -, de vivant, d’envie, de violence et de visions), la traduction de Dorothée Zumstein respecte le souffle et permet pleinement à l’enthousiasme des comédiens de s’exprimer ; ses ajouts (à retrouver dans l’édition en vente au théâtre), un peu trop pédagogiques parfois, assurent toutefois un beau morceau à Margot, qui – elle le dit elle-même ! -, sans cela, n’aurait que dix vers à dire au milieu du flot de répliques de tous les autres personnages !…

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DR

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