Emission 27 Nov 2011 – Jazz Rap
Jazz Rap ou Jazz Hop… courant du hip hop mélant rap et mélodies, samples ou inspirations des musiques Soul & Jazz
Pour les puristes, on peut attribuer la naissance de cette mouvance à The Last Poets ou encore Gill Scott Heron dans les années 70. S i on voulait remonté encore plus loin, toutes les légendes de la Soul et même le génie Miles Davis étaient précurseurs de sessions rap sur des musiques jazz ou rythm & blues. Bref, en tout cas ce courant s’est développé à travers le monde et les artistes, et est de plus en plus assumé …
En effet que ce soit dans les années 90 avec feu GURU (Gangstarr) et ses mythiques Jazzmatazz (compilation de morceaux ou rap et soul/jazz se mélangent parfaitement, on retrouve des featurings avec moult artistes…)
1 Guru ft. Angie Stone – Keep Your Worries (Jazzmatazz Streetsoul Vol.3)
Ou dans les années 2000, avec le brillant trompettiste Roy Hargrove. Fondateur du groupe THE RH FACTOR combinant funk, jazz, soul & Hip Hop, avec notamment le premier opus en 2003, Hard Groove.
2 The RH Factor ft Common – Common Free Style (Hard Groove 2003)
Continuons ce beau mélange avec un titre extrait de l’album solo d’Erick Sermon (EPMD): Music sur l’album éponyme de 2001 composé en partie de morceaux rap sur des instrus et samples Soul… notamment ce titre groovy featuring Feu Marvin Gaye (sample de Turn on some music)
3 Erick Sermon ft. Marvin Gaye – Music (Music 2001)
Direction Chicago avec un acolyte de RH FACTOR et collaborateur de Roy Hargrove, Common (ex Common Sense) à la carrière bien fournie et qui signe ici un putain d’album en 2007: Finding Forever. On retrouve tout le gratin de la Nu/Soul et surtout des titres samplant des monstres de morceaux Ol’/Soul, notamment Don’t let me B misunderstood de Nina Simone ou The People (sample de Gill Scott Heron).
4 Common – Misunderstood (Finding Forever 2007)
5 Common ft. Dwele – The People (Finding Forever 2007)
Décollage de Boston pour Toronto avec les maitres d’un courant qui explose en pleine age d’or du hip hop Nord Americain (90’s) : Dream Warriorz et leur définition du Boombastic Jazz Style !!! Tout un programme…
6 Dream Warriorz – My Definition of a boombastic jazz style (And now the legacy begins 1991)
La même année, un groupe londonien naît de la rencontre de deux passionnés de Jazz qui se mêlent en 1993 à tris rappeurs british: Tukka Yoot, Kobie Powell et Rahsaan Kelly et sortent l’abum MYTHIQUE Hand on the Torch (subtile mélange de Hip Hop et de Jazz). US3 est né. Le premier titre Cantaloop (sample du titre de Herbie Handcock Cantaloupe Island) que tout le monde a déjà entendu au moins une fois !!! Si ce n’est pas le cas, courez le voler !!!
7 US3 – Cantaloop (Hand on the Torch 1993)
8 US3 – I Got it goin’ on (Hand on the Torch 1993)
9 US3 – Tukka Yoot’s Riddim (Hand on the Torch 1993)
C’est pas beau ça Bordel !!!
C’est ça aussi, le Hip Hop
Coté exagonal, plusieurs artistes rap se sont frotté à ce style, et pas des moindres… Mc Solaar en pionnier période 90-94, Hocus Pocus, Jazz Liberatorz * (détail dessous)… Certains se produisent même avec des formations Jazz comme Rocé ou encore Oxmo Puccino avec les JazzBastards *
* Oxmo Puccino and The JazzBastards – Lipopette Bar
- Blue Note Records/ Capitol Music
- Sortie : 25 septembre 2006
« Tu n’as aucune chance, alors saisis là ! » : c’est sans doute ce que s’est dit Oxmo Puccino lorsque ont germé en lui les prémices de ce qui deviendra le projet « Lipopette bar ». Marier jazz et rap en français ? Le pari est tentant et, somme toute, jusqu’ici relativement peu tenté. D’autant qu’Oxmo a à chaque fois le chic pour les intros qui choquent. « Même le ciel faillit pleurer puis il resta gris ; c’était en pleine semaine, y’avait quelques copains, deux ou trois oiseaux »écrivit-il ainsi naguère pour évoquer un enterrement… Point chez lui de clapotis de pacotille, chacun de ses albums s’ouvre sur un clap apte à claquer moult clapets. « Opera Puccino », « L’amour est mort »et « Le cactus de Sibérie » débutaient ainsi par trois versions toujours plus perchées du même prêche rêche, chiche sermon arraché aux flammes aqueuses de « Mississipi burning » – fameux fleuve calciné au-dessus duquel les siècles et les Noirs furent souvent suspendus.
« Il y a des jours que l’on attend plus que d’autres, comme ce jour où l’on marche vers le trône » : avec son titre en forme de juron amputé, tel qu’il s’en échappe parfois de la bouche d’un patient atteint d’Alzheimer, « Lipopette bar » ne déroge pas à ce tic tactique de l’entrée tentante autant qu’hantée. Accrochés à leurs instruments, les Jazzbastards – Vincent Taurelle aux pianos et claviers, Vincent Taeger à la batterie et aux percussions, Ludovic Bruni aux guitares et Marcello Giuliani à la basse, aux contrebasses et à la guitare – accompagnent le nouveau venu du label à la note bleue. A quarante ans d’intervalle, la musique de ce ‘Perdre et gagner’ initial exhume celle de l’Ennio Morricone du « Clan des Siciliens ». Mieux : elle la fume.
Il y a quelque chose de Gérard Depardieu chez Ox’, bien qu’il ne karaoque pas encore sur du Michel Delpech. Même physique Douillet, même capacité à chanter ou à chuchoter sans jamais donner l’impression de forcer sa voix. Là où ses pairs s’assument essayistes, avec une humilité plus ou moins tonitruante, l’homme qui »même les yeux bandés » écrit pourtant « d’une main » s’affirme chaque album un peu plus comme un romancier, avec tout ce que cela comporte de part de vrai. « Lipopette bar » est un conte musical en douze actes pour adultes à l’haleine de vair, et la curiosité d’Oxmo fait plaisir à écouter. Rester dans son créneau d’avant, et refaire cent fois le même album ? « La vie ne vaut que ce que l’on en fait » susurre-t-il, sibyllin.
L’entend-on dire « je » ? Oui mais peu, et presque toujours dans la peau d’un autre. Depuis toujours ses « mots s’emboîtent, les gens s’y voient comme dans une flaque d’eau ; ça leur renvoie un triste reflet », mais est-ce sa faute ? Il y a chez Oxmo comme une volonté de se coltiner le tordu et de laisser le plus facile aux autres. Laisser accroire qu’il parle souvent d’autre chose alors que c’est pourtant « dès le début de ce texte qu’il fallait calculer ».
Alors OK, « Lipopette bar » souffre parfois de trop s’en remettre au col de cygne de l’alambic. Reste une démarche courageuse, à saluer. Et une prise de conscience tardive, par contraste : l’exceptionnelle densité du « Cactus de Sibérie ». Question : l’éventuel prochain opus livrera-t-il les clefs de celui-ci ? Avoir toujours un album d’avance : tel est peut-être la force d’Oxmo et, partant, sa plus touchante faiblesse.
— Anthokadi, 28/01/2007
Jazz Liberatorz, c’est l’histoire de trois beatmakers français qui se se sont regroupés autour de leur passion commune du hip-hop et du jazz : DJ Damage, Dusty & Madhi.
Après avoir côtoyé Crazy B et Cut Killer, composé des prods pour des rappeurs parisiens comme Mystik, et collaboré sur des projets de maxis avec des rappeurs américains tel Aloe Blacc, les Jazz Liberatorz ont fini par sortir en 2008 un album chez le label indépendant Kif Records (DJ Pone, Birdy Nam Nam, Soul Square, …).
Dans ce premier album, Clin d’oeil, se mêlent des sonorités jazzy et un hip-hop de qualité qui semble venir tout droit des 80s (le projet a rassemblé du beau monde, comme Asheru ou Raashan Ahmad), le tout ponctué par quelques notes de soul. Au final, très peu d’ingrédients, mais un résultat époustouflant !
CINEMA CINEMA !!!!
Au programme de cette semaine deux films traitant de la condition prolétaire.
La guerre est finie d’Alain Resnais sorti en 1966. Yves Montand interprète un républicain espagnol qui, depuis la France, organise la lutte des révolutionnaires contre la dictature franquiste. Pour cela il traverse régulièrement la frontière. « Patience et ironie sont les vertus du bolchevique » dit-il en se regardant devant la glace. Il est évident que pour l’époque le terme bolchevique n’a pas la connotation négative qu’il peut avoir aujourd’hui. Dans la bouche d’Yves Montand il résonne plein d’idéaux…Cependant, le personnage principal perd patience et semble désabusé devant le peu de résultats obtenus par une lutte pacifique. Cela débouche sur une magnifique scène d’opposition avec de jeunes étudiants, futurs rebelles de 68 qui invoque la lutte armée et l’usage de la violence. Jusqu’au bout le pacifiste restera fidèle à ses idéaux.
Les neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian (2011). Guédiguian retrouve toute son équipe (Jean Pierre Darroussin, Ariane Ascaride, Gerard Meylan) pour un film plein d’humanité inspiré d’un poème de Victor Hugo « les pauvres gens ».
Michel (Jean Pierre Darroussin), la cinquantaine, vit heureux avec sa femme Marie-Claire (Ariane Ascaride) depuis 30 ans. Alors qu’il est représentant syndical CGT, son entreprise est frappée par un plan de licenciement. Il décide alors d’effectuer un tirage au sort pour désigner les personnes licenciées. 20 noms sont tirés au sort, parmi lesquels figure le sien et perd donc son travail.
Il retrouve ses anciens collègues pour fêter ses 30 ans de mariage. A cette occasion, ses amis et sa famille offrent au couple un voyage, avec une cagnotte, pour la Tanzanie où se trouve le Kilimandjaro, en leur chantant le tube des années 1960 : Les neiges du Kilimandjaro.
Peu de temps après, le bonheur du couple va voler en éclat, lorsque deux jeunes hommes armés et masqués entrent chez eux, les frappent, les attachent et s’enfuient avec leur argent. Ils apprennent par la suite que cette brutale agression a été organisée par l’un des jeunes ouvriers licenciés avec Michel.
Dans ce film, Guédiguian retrouve ses thèmes favoris : les prolos et l’Estaque, le quartier de son enfance. A voir absolument !!!!