Spectaculaire

émission à caractère culturel (un peu mais pas trop quand même) les mercredi de 14h à 15h

Trempé sur la marchandise ? (« Lucrèce Borgia » au théâtre de la Croix-Rousse)

Posté le | ven 21 Nov 2014 | Aucun commentaire

La mise en scène de Lucrèce Borgia (pièce de Victor Hugo, 1833) par David Bobée au théâtre de la Croix-Rousse (jusqu’au samedi 22 novembre : attention, c’est à 19h30) est un beau spectacle, oui, vraiment, mais assurément pas une belle adaptation. Texte coupé, changé – ce qui n’est pas toujours raté : le sonnet que veut déclamer Oloferno est le fameux « demain, dès l’aube » de Hugo (seulement les deux premiers vers) et l’effet est à ce moment très amusant – mais la fin n’est pas du tout respectée : après le drame final, il y a une minute de trop – et on tient là l’idée qui, à défaut de résumer, caractérise bien ce spectacle : « trop » ! Trop de sonorisation, trop de chansons, trop fort – c’en est presque pénible pour les oreilles ; mais on en a vraiment plein les yeux, c’est peu de le dire : le plateau, baigné tant dans l’eau que dans la lumière (rouge sang parfois), est d’une grande beauté. Simplement, on n’en a pas assez pour la littérature, ce qui est terriblement regrettable car il s’agit quand même de théâtre. Une des raisons, pour le coup, crève à la fois les yeux et les oreilles : les acteurs sont plus acrobates que comédiens. De très bons et beaux acrobates, doués, pleins de fougue et de fantaisie, mais qui ne portent pas assez le texte – et cela en est parfois insupportable. Ces corps, comme le texte, sont noyés dans trop d’eau : beaucoup d’os, beaucoup de nerfs aussi et des muscles, certes, mais pas assez de chair ; pas assez de Hugo – et c’est terrible. Surnagent, tout de même, faut-il reconnaître sans mauvais jeu de mot, Jérôme Bidaux, impeccable et infâme Gubetta/Belverana, ainsi que Pierre Cartonnet, vigoureux Gennaro – quant à l’actrice principale, il faut hélas dire, avec un mauvais jeu de mot, là, oui, d’accord, que, pour avoir autant d’eau sur scène et éviter les fuites, il a nécessairement fallu couler une (Béatrice) Dalle…

 

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